Algérie

Benabbes Gheziel passe l'arme à gauche




Figure militaire de premier plan au début des années de troubles (1990), Gheziel faisait partie du groupe d'officiers supérieurs qui ont conduit la lutte antiterroriste et ont pesé lourdement dans la conduite des affaires politiques du pays depuis. Proche du général Khaled Nezzar, ils ont mené ensemble les opérations de démantèlement de l'occupation des places publiques à  Alger par les militants islamistes.
Gheziel est un nom dont l'évocation siffle comme une balle. Un faucon. Il incarnait la doctrine du tout-sécuritaire qui a prévalu durant la décennie quatre-vingt-dix. Le personnage au style abrupt et au ton menaçant était prêt à  «dégainer» à  la moindre secousse. En décembre 1993, lorsque le quotidien El Watan donnait l'information sur l'assassinat des gendarmes à  Laghouat, il avait en personne appelé la rédaction du journal pour menacer le collectif de journalistes des pires représailles. Il avait mis sa menace à  exécution : cinq journalistes, dont le directeur du journal, ont été convoqués à  l'état-major de la gendarmerie avant d'être mis au cachot et le journal suspendu. Ancien officier subalterne de l'armée coloniale, Benabbes Gheziel faisait partie des «déserteurs de l'armée française» qui deviendront, deux décennies après l'indépendance, les véritables chefs militaires dont le pouvoir débordait largement les murs des casernes. Contrairement à  ses camarades officiers, l'ancien patron de la Gendarmerie nationale n'a pas quitté la tenue militaire à  laquelle il s'était accroché mordicus.
Malgré son âge avancé et son état de santé très affaibli depuis quelques années déjà, il est resté en fonction, du moins officiellement, en qualité de conseiller auprès du ministère de la Défense nationale. Il était, jusqu'à avant-hier, à  l'âge de 83 ans, avec l'actuel vice-ministre de la Défense et par ailleurs chef d'état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, le plus vieux officier encore en fonction. Benabbes Gheziel est resté fidèle au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, depuis son retour au pouvoir en 1999. Moins bavard, contrairement à  d'autres généraux qui, à  un moment ou un autre, ont pris leurs distances vis-à-vis de Bouteflika, Gheziel est connu pour sa discrétion et sa «capacité» à  s'adapter aux évolutions dans le sérail pour assurer sa permanence dans l'appareil militaire, qui a connu des convulsions à  intervalles réguliers. Ses anciens compagnons ont tous fini par quitter le navire pour des raisons de désaccords politiques ; d'autres se sont fait éjecter, parfois de manière humiliante. Ironie de l'histoire, Benabbes Gheziel sera enterré aujourd'hui, le même jour que Mohamed Mechati, un des chefs historiques de la Révolution et membre du groupe des Vingt-deux qui ont déclanché la guerre de Libération nationale. Mechati est mort en révolté. Alger vivra aujourd'hui deux enterrements : celui de Gheziel à  El Alia et delui de Mechati au mausolée de Sidi Abderrahmane.
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