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Béjaïa : La grève du Cnapeste inquiète les parents d'élèves


Le Cnapeste a repris, avant-hier, sa grève illimitée à Béjaïa, un mois après avoir gelé celle de deux semaines et cinq jours après que le syndicat ait mis fin à un débrayage de plus d'un mois à Tizi Ouzou.Cette fois-ci, c'est une ponction de 9 jours opérée d'un seul coup par l'administration sur le salaire des grévistes qui a irrité le syndicat qui, promptement, a repris la protesta. La cause en est que la ponction est faite au mépris de la loi qui interdit de défalquer plus de trois jours de salaire par mois. Et il n'en a pas fallu plus pour reconvoquer les hostilités. Mais cette grève a cette fois-ci surpris autant qu'elle a inquiété les parents d'élèves.
La Fédération des associations des parents d'élèves (FAPE) de la wilaya, tout en ne discutant pas le caractère «légitime» des revendications du Cnapeste, ne se montre pas moins «consternée suite aux grèves répétées et prolongées mettant sérieusement en péril la scolarité de nos enfants». Elle relève, dans une déclaration publique, que la grève de novembre dernier, dont elle salue le gel, «a déjà complètement anéanti le rythme scolaire de nos enfants». La FAPE dit avoir vu en le gel de celle-ci un regain de confiance des élèves en se remettant «au travail avec leurs enseignants pour rattraper le retard», avant que la reprise de la grève ne vienne briser leurs espoirs.
«Et voilà que le spectre d'une autre perturbation vient assombrir le climat de sérénité retrouvé», écrit-elle. La fédération appelle les deux parties en conflit, administration et syndicat, «à revenir immédiatement à la table de négociations en privilégiant la scolarité de nos enfants sur toute autre considération».
Son inquiétude l'amène à qualifier la situation actuelle de «catastrophe psychopédagogique» et met en garde ses «responsables». La FAPE interpelle «l'institution de l'éducation et les représentants des enseignants» à ?uvrer pour l'apaisement et en appelle à «la conscience des enseignants en tant qu'éducateurs de geler leur grève illimitée insensée et irresponsable». Entre autres gestes d'apaisement, l'administration est exhortée «à annuler la ponction sur salaire des enseignants en contrepartie d'un programme de rattrapage des cours négocié avec consensus entre toutes les parties (administration, enseignants et représentants des élèves)».
La déclaration de la FAPE est mue par le souci de défendre les intérêts des élèves qui «ne sont pas la source des problèmes sur le terrain» mais qui «payent les conséquences d'une gabegie et d'une irresponsabilité». «Les élèves ont un sentiment de frustration, d'abandon et de mépris.
Tous leurs droits ont été bafoués», termine la FAPE qui juge qu'en cela «la situation est grave» et qu'il y a un «dérapage dans l'institution de l'éducation». «Nous sommes à une semaine de l'année blanche», avertit Djoudi Touazi, le président de la FAPE, qui considère que les élèves sont pris en otages et par l'institution de l'éducation et par le syndicat. Les représentants de la fédération ont exprimé leur désarroi au président de l'APW qui les a reçus hier en compagnie de ceux d'une autre organisation de parents d'élèves, à savoir l'Union de wilaya.
Le secrétaire général de celle-ci, Karim Boudjaoui, tient pour seule responsable de ce retour à la grève l'administration, considérant que, par la ponction sur salaire, elle a fait dans «la provocation».
Un acte «délibéré», selon lui, parce que «l'administration n'ignore pas la loi». Il appelle les deux parties à prendre en compte, non pas l'élève, mais «l'école» comme institution dans son ensemble. En appelant l'Etat à protéger l'enseignant, avec son droit à la grève, il déclare que ce même Etat est «seul habilité à juger de la compétence de ses fonctionnaires».
«Le syndicat pose les problèmes et c'est à l'Etat de les régler», explique-t-il, allusion à l'exigence satisfaite du Cnapeste de relever de leurs fonctions quatre responsables à la direction de l'éducation de Béjaïa. Comme la FAPE, l'Union de wilaya des parents d'élèves attend de chacun des acteurs de la scène de peser de son poids pour l'apaisement et une proposition a été faite pour instaurer la tradition d'une rencontre d'évaluation de tous les acteurs du secteur de l'éducation dans la wilaya une fois par trimestre. C'est là une proposition de solution pour combler le déficit de dialogue et apporter le meilleur cadre à l'enseignant mais aussi à l'élève, éternelle victime expiatoire des convulsions du secteur.


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