Algérie - A la une

Beauté « made in Dz » et critères importés




Beauté « made in Dz » et critères importés
Au fil des années, les normes de la beauté dans le monde ont connu beaucoup de changements. Si cette évolution profite bien aux producteurs de produits parapharmaceutiques et surtout cosmétiques, elle est souvent source de complexes et de crainte de déplaire.En Algérie, ce mouvement rapide dans le monde de la beauté n'est pas passé inaperçu. La notion de la beauté a complètement changé, laissant place à des clichés importés. Ces derniers, qui s'imposent avec force, influent sur les marchés de l'amour et du travail, et même sur les différentes relations sociales.Peut-on être différent en Algérie ' A en croire les propos des Algériens, la réponse à cette question est souvent affirmative. Dans la vie réelle, plusieurs autres considérations entrent en jeu et faussent complètement cette donne. Une personne, qu'elle soit homme ou femme, est souvent mal vue si elle est petite ou grande de taille, grosse ou maigre, chauve ou a un teint trop brun. Pis encore, les différences physiques très mal acceptées dans notre société vont jusqu'à taxer de laideur les personnes avec un nez tordu ou crochu, un dos courbé ou avec une bosse, atteinte d'une calvitie ou borgne. À la recherche de la bonne recettePour éviter de devenir la risée de toute la société, la nouvelle génération d'Algériens cherche la perfection et le zéro faute. Même ceux qui sont considérés comme gâtés par la nature veulent rester au «top» et surtout à la mode. «Je sais que mon physique n'est pas un atout qui gagne à tous les coups, mais au moins il me facilite les premiers contacts avec les clients.Le premier était mon recruteur qui m'a embauchée en tant que responsable commerciale et marketing. D'après ses dires, je reflète la bonne image de l'entreprise», déclare fièrement Sofia en relevant sa soyeuse chevelure chatain. La situation est presque similaire pour Riad, 28 ans, steward à Air Algérie.Pour lui, sa carrure élancée aux muscles généreux lui a ouvert toutes les portes pour un emploi stable et de choix. Il a même réussi à augmenter ses revenus mensuels en accordant lors de ses journées de repos des shooting à des magazines. Il sert aussi de modèle dans des spots publicitaires.Les moins choyés par la nature n'ont pas les mêmes chances que Sofia, Riad et leurs semblables. Leur lutte anti-injustice de la beauté est si rude qu'ils ont recours à toutes les solutions aussi miraculeuses que mensongères qui s'offrent à eux.Dans cette quête interminable de la bonne recette de beauté, toutes les pistes sont engagées. Réseaux sociaux, herboristes ou nutritionnistes, chacun fait son choix selon son mal. Sur facebook, des pages et groupes sont créés pour aider ces moins beaux à devenir plus séduisants et en finir avec leur «laideur». Les problèmes qui y sont les plus exposés restent l'acné, la chute de cheveux et bien sûr les problèmes liés au poids.Proposant des recettes magiques et rapides, les herboristes sont loin de chômer. Ils éblouissent leurs centaines de clients par leur vitrine bien arrangée où sont affichés des slogans, souvent mensongers, de remèdes à tous les maux, même ceux pour lesquels la science s'est reconnue incapable.Ce fut le cas de Hanane, 35 ans, victime de son surpoids et de sa gourmandise. «Je n'ai pas pu résister à la tentation de suivre les instructions de cet herboriste à Alger-centre. Le remède qu'il m'offrait, à raison de 6000 DA, me promettait la perte de 15 kilos en 10 jours sans efforts ni régime restrictif. Une promesse mensongère vite démasquée par une stabilisation de mon poids et un déséquilibre hormonal qui menaçait mes organes vitaux. J'ai tout de suite arrêté», raconte-t-elle. De leur côté, les nutritionnistes et les centres d'esthétique sont aussi très sollicités. Le prix d'une consultation chez un nutritionniste est de 1200 DA, et un simple soin anti-rides peut atteindre les 2500 DA minimum. Des clichés importésPourtant, dans un passé récent, les normes de la beauté dans notre pays étaient tout autres. Les Algériens ont toujours été réputés par leur amour pour les formes généreuses. Les mamans choisissaient pour leur fils une jeune fille bien portante capable d'assumer les charges de la vie. Une fille mince ou maigre serait trop fragile.Une norme complètement dépassée, voire même oubliée au profit de clichés importés de l'occident. Propagés par les médias occidentaux, ils ne reflètent pas seulement des produits, mais surtout des modèles de femmes et d'hommes loin de la réalité. Des photos et des vidéos de mannequins souvent retravaillés et photoshopés. En quelques années, ils ont été présentés comme les modèles exemplaires de la beauté féminine et masculine. Ils s'imposent avec force, au point de vouloir éliminer le charme de la beauté locale de chaque pays.Ces préjugés source de complexesInfectés par ces clichés de beauté importés, les Algériens tentent à s'entendre sur le même rêve : ressembler à un top model. Le simple fait de ne pas répondre aux nouveaux clichés imposés par les occidentaux et d'être différent serait une acceptation d'être le sujet de discussions satiriques dans son entourage ou dans la rue. Fatiha, une jeune employée de banque, raconte avec amertume sa dernière expérience dans un magasin de chaussures.«En essayant une paire de baskets, le jeune employé du magasin s'est rabaissé pour m'aider à faire les lacets. Il m'a dit l'avoir fait non pas par élégance, mais plutôt pour m'aider parce qu'il me trouvait trop grosse et incapable de le faire toute seule. Chose totalement fausse. Dans une insolence absolue, il a osé me demander si je m'étais regardée dans une glace et vu mes bourrelets", se confie-t-elle amèrement.Ce problème ne se pose pas seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes. Un homme obèse se retrouve difficilement dans le marché du travail et encore plus celui de l'amour. Si cette différence physique n'a pas empêché cette personne de réussir dans sa société, les préjugés persistent ; même si la majorité des Algériens refusent de l'admettre, la vision de l'autre et ses jugements sont d'une extrême importance.Le «qu'en dira-t-on» a toujours influé sur la vie des algériens, leur vie privée, leurs choix et leurs comportements au quotidien. Influant aujourd'hui avec la même intensité sur l'apparence physique, il est source de complexes et génère une grande insatisfaction de soi.







Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)