Algérie - A la une

Beaucoup d'attente et peu d'espoir



Beaucoup d'attente et peu d'espoir
Devant le nombre important de non- inscrits qui affluaient vers les bureaux de vote, les encadreurs étaient désemparés.Certains se sont abstenus et d'autres ont voté. Les Algériens étaient partagés dans leur appréciation. Malgré le beau temps et les douces températures, les Algérois n'ont pas répondu en force à l'appel de l'urne. Ces derniers se sont consacrés à leur propre préoccupation. Il fallait se rapprocher des centres de vote et des permanences pour s'imprégner de l'ambiance électorale. Interpellé sur le centre de vote le plus proche, un sexagénaire nous répond:«Je n'en ai aucune idée». «Vous croyez au vote vous'» nous demande-t-il. Croisé à la gare ferroviaire d'El-Harrach, ce vieux à la retraite dit qu'il n'a rien à attendre. «C'est la faute aux partis, l'Etat a consacré des gros moyens», s'invite à la discussion, une vieille femme. Pour elle, les élus n'ont pas su gérer pour servir l'intérêt général. «Il faut voter sur les gens intègres», persiste-t-elle. A quelques mètres de la gare, un groupe de jeunes discutait du programme de la journée. «On fait une balade au centre commercial d'Ardis», dit l'un d'entre eux. Approchés, ces jeunes à la fleur d'âge, sont peu intéressés par la politique. Le vote est leur dernier souci. «Pourquoi je vote, je n'ai même pas de carte», rétorque Nourredine, un jeune âgé de 19 ans habitant Baraki. En compagnie de ses amis, Noureddine nous apprend que même l'imam du quartier les a dissuadés. «L'imam de la mosquée Ennour nous a déconseillé de voter», nous confie-t-il, une manière de justifier sa position. Son copain Yanis, affirme, quant à lui, qu'il a voté. «Le candidat est un type de bonne famille, il est de mon quartier», dit-il en portant de gros espoirs. Certes, il a une mauvaise image sur les élus, mais ce jeune de 20 ans aspire au changement. Un commerçant de fruits au niveau de la placette d'El-Harrach pense de même. «Je vote pour qu'on n'utilise pas ma voix», dit ce jeune presque la quarantaine qui témoigne que tous les maires qui se sont succédé n'ont pas servi la population. «Ils ont tous bloqué les projets de logement», atteste Hadja Fatima, la soixantaine dépassée, qui vit dans un F2 avec ses enfants, qui assure qu'elle a toujours voté. Au marché du centre- ville, c'est le silence plat. Les clients sont juste des passagers. Les prix des fruits et légumes donnent sérieusement le tournis. «Avec 100 DA le kilo de pomme de terre et le sachet de lait qui est introuvable à quoi me servira ce vote», lance un smicard, père de quatre enfants dont le visage exprime parfaitement le désarroi.
Beaucoup d'inscrits égarés
A l'école primaire Aissa Iddir d'El-Harrach, le mouvement était timide. Il était à peine 12h, le chef du centre de vote nous avance le chiffre de 226 votants sur 5526 inscrits. Un taux faible dans un quartier populaire. Les encadreurs étaient plus nombreux que les électeurs. Sur place, la bousculade était plutôt autour des repas, pas des urnes. Des centaines de boîtes contenant un repas étaient entassées à l'entrée du bureau de renseignement. Devant le nombre important de non- inscrits qui affluaient sur les bureaux, les encadreurs étaient désemparés. Certains électeurs dont le nom n'existait pas sur le fichier étaient priés de se déplacer à la mairie. «Cela fait des années que je vote ici et aujourd'hui je ne retrouve pas mon nom», se révolte un retraité.
L'agent tente de lui expliquer qu'il n'était pas le seul. «On a eu beaucoup de cas de non- inscrits, d'autres mal- inscrits», avance le chef du centre. Même problème signalé au niveau de plusieurs centres de vote.
A Alger- centre, l'ambiance n'était pas différente. A l'école Omouma du quartier Réda Houhou, beaucoup de citoyens ont passé leur temps à parcourir les bureaux de vote pour trouver leur nom. Le chef du centre était sollicité de partout. «J'ai fait la tournée des bureaux, mais je n'ai pas trouvé mon non», se plaint une dame essoufflée par les escaliers. Sur place la participation était presque insignifiante. Sur 1317 inscrits, la responsable du centre de vote avance 56 votants enregistrés entre 8h du matin et 13h tapantes. «C'est grave, les Algériens ne veulent plus voter», constate une dame chargée de superviser l'urne.
Une déclaration qui donne du fil à retordre pour certains électeurs. «Il y a de quoi, car nos routes sont dans un état catastrophique et nos cités sont des poubelles à ciel ouvert», résume une dame à l'allure occidentale.
«Je vote car j'attends mon logement»
Contrairement à ceux qui ont opté pour l'abstention, d'autres se montrent plus disciplinés. «Je vote dans l'espoir de voir du changement», affirme un cadre qui estime qu'il s'agit d'un devoir civique. Pour lui, la politique de la chaise vide ne mène nul part. «rebbi yahdihoum», que Dieu les mène dans le droit chemin pour servir l'intérêt général), prie une vieille femme vêtue d'un haïk, croisée à l'entrée de l'école Halima Saâdia, à quelques mètres du marché Réda Houhou. Une dame dont le nom était introuvable sur le fichier a tenu à se justifier. «J'ai toujours voté sauf lors des dernières législatives car on avait un décès dans la famille», a-t-elle tenu à préciser à l'agent. Pour elle, il n'est pas question de bouder l'urne. «Je vote car j'attends mon logement social», avoue -t-elle en certifiant que la carte de vote est utile dans ce genre de situations. «Même si je ne suis pas convaincue par leur discours, je dois remplir mon devoir en espérant qu'il y aura des responsables à la hauteur de la mission», affirme une dame qui reconnaît que l'Etat a fait beaucoup de progrès pour améliorer les conditions de vie des citoyens. Pour elle, s'abstenir n'est pas une solution.


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