Algérie - Revue de Presse


Une moudjahida expulsée de son logement Cruel destin que celui de la moudjahida Hadj Mahfoud Ouardia-Fella, plus connue sous le nom de Fella qui vient d?être expulsée manu militari de son modeste logement des Trois Horloges à Bab El Oued à la veille de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Revolution du 1er Novembre 1954 ! Alors que des faux moudjahidine se sont sucrés à n?en plus pouvoir, accaparant biens immobiliers et autres privilèges servis par l?Etat, les vrais moudjahidine comme elle qui a connu la gégène des troupes de Bigeard ont été oubliés par l?histoire et par les hommes qui se sont succédé à la tête des institutions du pays. Fella habitait avec sa famille un modeste appartement en location dans un immeuble à Bab El Oued depuis 1962 jusqu?à cette maudite journée du mois de juin dernier où sa vie a basculé en voyant débarquer chez elle un huissier de justice accompagné d?une escouade de policiers avec en main un arrêté de justice d?expulsion de son logement. N?ayant pas où aller, elle a confié une partie de ses affaires à des amis et à des proches et laissé le reste livré aux intempéries au niveau de la terrasse de l?immeuble. Depuis qu?elle occupe ce logement elle s?est toujours acquittée de son loyer d?un montant modeste comme tous les loyers des anciens immeubles coloniaux. Il y a quelques mois, le propriétaire de l?immeuble lui a demandé de lui verser 120 000 DA, ce qu?elle a refusé de faire considérant cela comme une « tchipa » qui ne dit pas son nom dans la mesure où aucune augmentation du loyer n?avait été signifiée aux locataires. Le propriétaire de l?immeuble lui a intenté alors un procès et a réussi à obtenir son expulsion. Ce qu?elle ne comprend pas, c?est qu?aucune enquête n?avait été ouverte par les services compétents avant son expulsion. Aujourd?hui sans toit, elle est réduite à l?errance ne sachant pas où passer ses nuits. Elle a frappé à toutes les portes des institutions de l?Etat pour trouver une issue à son problème, en vain. Le ministère des Moudjahidine lui a promis de la reloger, elle attend toujours. « Je défie quiconque de m?apporter la moindre preuve que j?ai bénéficié d?un logement depuis l?indépendance », tempête-t-elle. Difficile à imaginer et pourtant, c?est la triste réalité. Détentrice d?une carte de cadre de la nation, ancienne poseuse de bombe, elle est l?auteur notamment de la bombe du mess des officiers à Alger, ayant ses entrées dans le sérail pour avoir été collaboratrice du président Boumediène à la présidence de la République, elle avait pourtant toute la latitude pour « grenouiller » comme d?autres l?ont fait, pour se servir royalement. Elle ne l?a pas fait. Elle a préféré rester elle-même et fidèle au serment de Novembre en laissant à d?autres la course aux affaires et à l?enrichissement sur le dos de la Révolution. A 67 ans, éprouvée par les sévices subis durant la Révolution et la maladie, elle garde quand même l?espoir que les autorités daignent bien se pencher sur sa situation pour lui redonner le sourire. C?est le plus beau cadeau que la nation reconnaissante puisse lui faire alors que le pays célèbre le 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution.


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