Algérie - Revue de Presse



Quand arriveront les milliards... Poursuivant son périple à travers les daïras, le wali de Tizi Ouzou s?est rendu mardi et mercredi derniers à Azazga pour une autre visite de « travail et d?inspection ». Dans chacune des localités visitées, l?exécutif de wilaya se soumet à une séance de travail marathon avec les comités de village en présence des assemblées communales là où elles existent, sinon des administrateurs. Qu?apportent aux populations ces visites qui mobilisent une grande logistique, des courses à travers champ qui finissent dans des salles de réunion aux allures de congrès de l?ex-parti unique, avec panneaux en bois annonçant en langue officielle les différentes délégations ? Fait saillant lors de la rencontre tenue avec les comités de village à Azazga, on apprend que l?administration ne lit pas la presse. Le wali a déclaré que ces visites lui permettent de prendre connaissance de la situation sur le terrain, en plus des échos qui lui parviennent par « le truchement d?autres canaux, le courrier envoyé à la wilaya, les audiences accordées et les interventions des présidents d?APC ». Exit la presse. Ce n?est pas l?avis des simples citoyens qui sollicitent les journaux, jugeant que c?est autrement plus efficace pour faire bouger les choses qu?une correspondance que renvoie en général le cabinet du wali au chef de daïra. Celui-ci a, lors de son intervention mercredi, déploré le manque d? « acceptabilité » des citoyens dans les efforts de développement entrepris par les autorités. De quoi s?agit-il ? Le chef de daïra a en fait évoqué le problème aigu des oppositions que mettent des citoyens dans certains projets comme la pose de canalisations, l?implantation de décharges ou d?autres infrastructures. Cela a, en effet, bloqué nombre de chantiers souvent importants, comme des centres d?enfouissement pouvant recevoir et traiter des déchets à l?échelle intercommunale. Mais parfois l?Etat abuse de « l?acceptabilité » du citoyen, en mettant à sa charge des projets de réalisation d?infrastructures de base. Le village Moknéa, dans la commune d?Ifigha, a payé 6 millions de dinars sur les 8,5 millions qu?a coûté l?adduction d?eau potable à partir d?une source de montagne. En plus de ce gros budget, le village a aussi pris en charge la main d??uvre. Les bras des jeunes et l?argent de l?émigration. « Si le village n?avait pas participé, l?Etat aurait mis trois ans pour finaliser ce projet », a fait remarquer le wali. Parce que l?Etat ne pouvait pas « faire plus », l?émigré de Moknéa a mis la main à sa poche. Pourvu que l?on ne le sollicite pas encore pour refaire la route. Pourtant, l?Etat est très riche et ne manque aucune occasion pour le proclamer. La wilaya de Tizi Ouzou est au bas de l?échelle en matière de raccordement au gaz naturel. Cependant, un programme en « deux tranches » a été dégagé, apprend-on, 800 millions de dinars et 1,3 milliard. La crise de logement n?a pas été résolue depuis trente ans ? 5000 milliards attendent d?être dépensés, l?équivalent, dira le wali, du budget annuel pour le logement d?un Etat voisin. La valse des milliards a groggy les représentants des villageois, dont certains se sont suffi de souhaiter la bienvenue aux représentants de l?administration. Riches en projets, pauvres dans la vie. Une subtile équivoque est entretenue sur la nature des financements. Argent public ou argent d?un président-providence ? En évoquant les plans de charge et les budgets faramineux, un responsable sur deux évoque le programme présidentiel, parfois « spécial », parfois d? « urgence ». La cagnotte est infinie et les élus locaux sont invités à avoir la présence d?esprit de consommer les tranches budgétaires allouées. Le directeur du logement (DLEP) a interpellé les présidents d?APC à propos de l?habitat rural.« Celui qui arrive à placer le programme d?aide 2005 aura cette année le programme 2006. » 22 000 aides individuelles sont réservées à la wilaya de Tizi Ouzou sur cinq ans. Autant de chaumières à soustraire du décor des montagnes kabyles, pour peu que la machine de distribution (APC, comités de village) soit opérationnelle. Le directeur de la planification (DPAT) n?arrive pas non plus à honorer l?offre gouvernementale en matière de réalisation de décharges contrôlées. « J?essaie de minimiser l?inscription de nouveaux projets, car je ne sais pas où les implanter », a-t-il regretté. La raison est bien entendu la fronde des riverains. En plus de la grave détérioration de l?environnement apparue ces derniers temps dans la région, le problème de la délinquance et de l?insécurité a été longuement soulevé. La poste de Fréha, cambriolée l?année dernière, a fermé ses portes et ouvert un guichet par la fenêtre. Une humiliation, disent les citoyens, à raison. Le wali promet une sûreté urbaine au chef-lieu de cette commune, laissée sans service de sécurité depuis les derniers événements. En outre, les débits de boissons font florès et rendent la vie difficile, toujours aux riverains, dénoncent les comités de village. Le wali a rétorqué avoir consulté les dossiers de ces établissements et n?avoir trouvé que des avis favorables dans les enquêtes commodo et incommodo. Cela étant, le chef d?exécutif de wilaya convient qu?il y a « trop de bars agressant les gens dans tous les sens du terme », et déclare avoir suspendu la délivrance des autorisations pour les débits de boissons. Trop de bars tue les bars, en définitive. Dernière de la classe en matière de raccordement au réseau de gaz, première cliente des brasseries, la région est face au défi d?inverser ses statistiques pour mettre un frein à sa descente aux enfers.
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