Autres temps, autres m'urs

Les règles sacrées du bon voisinage d'autrefois sont, de nos jours, bafouées pour ne pas dire foulées aux pieds. Autrefois, l'atteinte à ce principe qui fonde les relations excellentes de toute société, était perçue comme un sacrilège.De nos jours, des voisins s'entretuent pour des rixes d'enfants ou des querelles entre familles. Pire encore, les habitants de la même houma, voire de la même ruelle, s'échangent, pour un oui ou un non, des coups parfois mortels dans des bagarres rangées. Par les temps qui courent, se disputer, se chamailler puis en venir aux mains et aux armes et donner libre cour à une colère débordante pour une banale dispute de gamins, est devenu presqu'un reflexe pavlovien de tous les jours. Toute honte bue, des parents en sont venus à comparaitre, dans certains cas, devant les tribunaux pour de simples querelles et coquetteries de bambins, qui se transforment en agressions sanglantes lorsque les adultes s'en mêlent.Dans bien des cas aussi, ce sont les mères au foyer qui mettent le feu aux poudres. Et pour cause, dès que le chef de famille pointe le bout du nez, après une journée de travail harassante, son alter égo lui fait la narration de la dispute de son enfant avec celui du voisin, mais en prenant soin de gonfler insidieusement les faits. «Ton fils a été encore une fois violemment tabassé par le garçon de la voisine.» Ou encore, «les rejetons de X se sont mis à trois pour battre sauvagement ton fils».À l'évidence, cette sollicitation hypocrite n'a d'autre finalité que de souffler sur le feu. Rares sont les pères de famille qui traitent ce genre de problème avec sagesse et discernement. Certainement pour une question de «nif» ou de «rodjla» déplacés, la plupart des chefs de famille se trouvent impliquer dans des règlements de comptes honteux qui n'ont d'autres effets que d'envenimer les rapports entre les voisins belligérants.Moralité : à l'ère de la belle époque, dans pareille situation, le premier des voisins arrivé sur la scène de la dispute donne une fessée magistrale à tous les trublions. Et aucun parent des mômes corrigés ne trouve à redire !