Autres temps, autres m'urs

Les temps ont bien changé pour certains métiers ou activités qui ont disparu du paysage pour laisser place à de nouvelles besognes. Qu'on en juge ! Il n'existe plus de rétameurs comme autrefois, ni encore des savetiers (artisan spécialisé dans la fabrication de sabots en bois pour le bain), des artisans tissant des tapis en alfa (la sparterie). Il en est de même de ces petits métiers qui consistent à distribuer aux ménages du pain et du lait.Cette pratique avant bien cours dans les petites, moyennes et grandes villes. A Aïn Beida, par exemple, deux personnages, sinon plus, ont marqué la vie sociale de par leur activité. Ils ne sont plus de ce monde, mais les septuagénaires et les sexagénaires s'en souviennent d'eux comme s'ils étaient toujours vivants.Salah et Tahar sillonnaient chaque matin les rues de la ville avec leur triporteur, empli de pains chauds et croustillants, et qu'ils allaient livrer à des ménages bien connus. Les jeunes d'aujourd'hui n'auront pas l'occasion de voir passer ces triporteurs, une sorte de vélo à trois roues, muni à l'avant d'une grande boîte en bois sur laquelle sont écrits en gros caractères «pain et croissant». Parfois, le triporteur était décoré de dessins de pains, de brioches et de croissants, donnant l'eau à la bouche. En ces temps pas très lointains, passait aussi chaque matin le laitier ambulant, chargé d'une outre pleine de lait frais et de plusieurs mesures.En ces temps que voici, le client ira tout seul chercher son pain et sa bouteille de lait. Il n'entendra pas les cris du vendeur de beignets, ni celui du laitier. Ces derniers sont partis à jamais, ne léguant à la génération qui est la leur qu'un vague souvenir sentant l'odeur du froment et de la farine.