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Au-delà des monuments classés, des lieux-mémoires à préserver


Au-delà des monuments classés, des lieux-mémoires à préserver
En Algérie, quand on parle de sauvegarde et de restauration du patrimoine, on pense immédiatement aux monuments classés. Tous les acteurs concernés tombent généralement dans le même panneau. Les pouvoirs publics, la société civile et les populations ignorent souvent l'autre dimension de la problématique qui embrasse un vaste champ de biens culturels caractéristiques, souvent non protégés par la loi, qu'il convient de valoriser également. Dans chaque ville et chaque village, il y a forcément des lieux de mémoire et un vieux bâti, typiques et distinctifs, qui méritent d'être légués à la postérité. Illustration : en Kabylie, les villages anciens, charmantes chaumières ou jolis hameaux en tuiles rouges, ont quasiment disparus, cédant leur place à des «bunkers» de béton et de fer.Faute de terrain à bâtir, le villageois recourt systématiquement à la démolition de l'ancienne maisonnette familiale pour ériger un bâtiment sans relief, de quatre ou cinq étages, à même de répondre aux besoins d'une nombreuse descendance. Un «ancien», qui aurait quitté son patelin il y a trente ans, ne le reconnaîtrait plus aujourd'hui. Les jeunes de moins de quarante ans ne savent pas, non plus, ce qu'a été la vie de leurs parents et grands-parents. C'est un drame, un «déracinement» brusque. En ville, des quartiers entiers ont été rasés pour libérer l'espace à des tours de verres, des infrastructures routières ou des centres commerciaux. Beaucoup de citadins ont personnellement vécu cette transformation comme une grande tragédie. Même si chaque ancien résident vit ce rude changement comme une meurtrissure intime, la douleur reste, toutefois, imperceptible sur le plan collectif. La communauté, en milieu urbain ou rural, supporte ce sort comme une fatalité, un tribut indispensable au développement et à la croissance démographique. Toute la problématique relative à la protection et à la préservation du patrimoine se situe justement à ce niveau-là. Pris individuellement, chaque Algérien est jaloux de son passé et de son patrimoine. Cette fierté partagée peine, cependant, à se transformer en élan, commun et conscient, en quête de solutions qui concilieraient identité et modernité. Beaucoup de spécialistes estiment que l'enrichissement permanent de la législation relative à la protection du patrimoine culturel constitue une avancée significative dans ce domaine et apporte des dispositions intéressantes, telles l'intégration des ensembles urbains et la mise en place de secteurs sauvegardés. Dans l'exercice quotidien, on regrette l'absence ou l'insuffisance de moyens et d'instruments indispensables à la stricte application de ces lois. C'est-là que devraient intervenir, en appoint, la société civile et les représentants des populations pour imposer des compromis intéressants pour tous. Car, les promoteurs immobiliers, souvent de connivence avec les autorités locales, ne cachent pas leur mépris pour les «vieilles pierres». En somme, il s'agit d'encourager une prise la conscience collective à travers les associations activant dans le domaine pour concrétiser ce précieux élan civique. K. A.


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