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Au coin de la cheminée


Au coin de la cheminée
Résumé de la 3e partie n A dater de cette entrevue, elle ne manqua plus un seul jour à paraître au château ; mais quel changement !Cela dura ainsi bien des mois et des années, car la fée ne se décourageait point, et je ne suis pas bien sûr qu'elle ne prît pas plaisir à essayer de sa beauté sous toutes les formes, et même il ne m'est pas prouvé qu'elle ne s'en fît pas accroire sur ses cheveux et sur ses épaules couvertes de farine, et sur ses verrues épilées, qu'elle prenait, j'imagine, pour des grains de beauté. Chacune se croit belle en ce monde, chacune a sa petite vanité, et les fées, étant plus puissantes, se croient aussi plus belles que les autres, ce qui n'est pas toujours vrai, témoin la fée Carabosse.Mais le pauvre Pomme-d'Api, lui qui était si beau, il n'en était pas plus heureux avec toute sa beauté, et c'est de lui qu'on aurait pu dire : la gaieté ne fait pas le bonheur ! Plus il voyait les coquetteries de la fée Perruque, moins il se sentait de penchant pour elle ; en revanche, la fée Perruque lui faisait cruellement payer ses mépris : il avait toujours ses dix-sept ans, le pauvre garçon, la prime-fleur de la jeunesse, le malheureux ! Et il avait dix-sept ans depuis déjà cinquante ans ! Et il n'aurait pas demandé mieux que d'épouser toutes les jeunes filles de son âge qu'il voyait dans le pays. Mais son père, le vieux seigneur, à mesure qu'il vieillissait et se décrépissait, appréciait davantage le bonheur qu'avait son fils d'avoir toujours dix-sept ans, et il lui avait dit en mourant :? Je ne veux pas, mon cher garçon, te forcer à épouser la fée Perruque si le c?ur ne t'en dit rien, quoique ce soit un bon parti, et tu t'apercevras plus tard, quand tu auras de l'expérience, qu'il ne faut pas s'arrêter à si peu, et qu'il y a des femmes bien agréables qui n'en ont pas moins des faux cheveux ; mais ce que j'exige, c'est que tu ne te maries jamais sans son consentement. En sorte que le pauvre Pomme-d'Api courait le risque de rester mille ans garçon, car la fée, vous le pensez bien, se serait plutôt pendue que de donner jamais ce consentement-là, pour qu'il en épousât une autre qu'elle et qui n'aurait pas eu de perruque. D'ailleurs, celles que Pomme-d'Api trouvait le plus à son goût et qui le charmaient, soit par leur belle taille, soit par leur teint frais, soit par la grâce et la finesse de leurs traits, il avait la douleur de les voir, ? et presque à vue d'?il, ? par l'effet seul du temps qui marchait, se flétrir et se faner, et se rider, et grisonner ; et tout d'un coup elles n'étaient plus du même âge que lui, elles ne se souciaient plus ni de courir, ni de monter à cheval, ni de jouer aux petits jeux, ni de rire, ni de danser, et leurs idées n'étaient plus les mêmes ; ils ne s'entendaient plus.A suivreCharles-Philippede Chennevières-Pointel


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