Algérie - A la une

ATTITUDES
naiyach@yahoo.frCondamnés par une maladie qui les ronge chaque jour un peu plus, des malades, souvent à un âge avancé, s'accrochent quand même à la vie, vouant une confiance aveugle à leur médecin traitant.Ils ne jurent que par lui, et trouvent en lui réconfort, quiétude et espoir de vivre un peu plus. Ils ne ratent aucun rendez-vous qu'ils préparent comme un cérémonial.A 75 ans, Rabéa se battait contre un cancer du foie. Elle aimait tellement la vie ! Elle préparait sa visite au cabinet de son toubib au moins trois jours avant le jour J.Il fallait qu'elle s'assure que l'un de ses enfants serait disponible, elle préférait sa fille aînée à qui incombait cette mission, qu'elle lui consacrerait toute la journée et qu'elle la raccompagnerait après la consultation.La visite est imminente. La veille, après un bon bain, elle s'assoit sur son lit, trie ses documents médicaux : bilans sanguins, radios et scanners. Méticuleuse et très ordonnée, elle range tout dans des enveloppes et chemises qu'elle dispose dans un grand sac qu'elle a acheté spécialement pour.- Tu es sûre que c'est lui qui sera au cabinet, pas son épouse ' Je suis rassurée quand c'est lui, même si elle aussi est un bon médecin. Tu annules le rendez-vous si c'est elle.- Ne t'inquiète pas maman, c'est lui, répond sa fille.Ce soir-là elle manifeste un peu de nervosité, de l'anxiété, mais en même temps de la joie car elle allait voir celui qui allait lui expliquer pourquoi elle souffrait d'une douleur lancinante du côté gauche de son abdomen. Elle allait chercher du réconfort auprès de celui qu'elle considérait comme un membre de la famille. Elle avait besoin d'entendre de sa bouche «que ce n'était pas méchant» et qu'après un examen échographique, il lui annonce que son mal n'évolue pas, et qu'elle n'a pas d'ascite, qu'elle n'a pas à s'inquiéter, qu'elle continue à suivre son régime.Elle sort du cabinet avec le sourire, son visage est resplendissant, sa démarche presque altière, et comme par magie, sa douleur avait disparu.Elle accepte volontiers l'invitation dans un restaurant chic de la capitale que lui propose sa fille après chaque rendez-vous. Mais Rabéa, après un combat qui aura duré cinq ans, dépérit à une allure inquiétante. Elle abandonne les visites chez son médecin, marche difficilement, et finit par être clouée au lit, mais elle a besoin de lui, son médecin, pour lui «prescrire des remontants», dit-elle à ses enfants.- Il ne peut pas m'abandonner comme ça, il faut qu'il vienne me voir, moi sa fidèle patiente. Il ne peut pas refuser.- Mais maman, il ne répond même plus au téléphone.Il finira par venir la voir après que les deux filles de Rabéa firent le déplacement à son cabinet.- C'est un acte humanitaire, il est vrai que vous ne pouvez plus rien pour elle, mais elle a besoin de vous. Vous êtes sa bouffée d'oxygène, un remède pour son moral qui est bien atteint.Rabéa sera une fois de plus rassurée, elle remontera la pente après qu'il l'ait auscultée. Mais ça n'a pas duré longtemps. Elle décédera quelques jours plus tard.Son médecin en sera informé par la fille un mois après.Quatre mois plus tard, la fille de Rabéa se rendra à son cabinet pour une consultation. Elle restera sans voix quand la secrétaire lui demandera des nouvelles de sa maman.- Elle est décédée, le docteur ne vous l'a pas dit '- Non.Elle sera doublement atterrée quand elle découvrira que sa femme, qui partage son cabinet ne savait pas elle aussi qu'elle était partie.Rabéa n'était en fait qu'une anonyme pour son médecin.





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