Algérie

Attaque du camp sahraoui: L'Espagne demande des «éclaircissements» au Maroc




Le bilan après l'attaque par les forces marocaines du «camp de la liberté» près de la ville d'El-Ayoun dans le Sahara Occidental s'est alourdi, après le décès, hier, d'une nouvelle victime, qui a succombé à ses blessures. Selon le Front Polisario, ces violences ont gagné l'autre ville importante du Sahara, en l'occurrence Smara à 240 km d'El-Ayoun. Hier, le Front Polisario a accusé les autorités marocaines d'avoir fait des «dizaines» de tués cette semaine au Sahara Occidental dans ces violences. Dans un communiqué, le Front Polisario a assuré qu'outre des «dizaines de morts», les violences dans le secteur d'El-Ayoun ont fait 4.500 blessés. Plus de 2.000 personnes ont en outre été arrêtées, a assuré le Polisario.

 Dans une déclaration à l'AFP, M. Ibrahim Ghali, l'ambassadeur à Alger de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), a indiqué que la contestation s'était étendue jeudi à Smara. «La situation est confuse à Smara où il y a eu de nombreuses arrestations», a-t-il indiqué sans pouvoir les chiffrer. Selon le Polisario, la ville a été jeudi «le théâtre de violentes manifestations organisées par des jeunes étudiants en solidarité avec les citoyens sahraouis d'El-Ayoun». La police marocaine y a fermé les écoles «jusqu'à nouvel ordre».

 D'autre part et selon le ministre des Territoires occupés et de la communauté sahraouie établie à l'étranger, M. Khalil Sidi Mhamed, la ville d'El-Ayoun occupée s'est transformée en une «ville fantôme» alors que le camp de Gdim Izik est devenu «une fosse commune» suite à l'assaut des forces marocaines contre ce camp lundi dernier. «L'armée marocaine procède au nettoiement de la ville dans un climat de terreur alors que les bulldozers commencent à enterrer les morts dans des fosses communes pour gommer les traces des crimes», a indiqué le ministre sahraoui dans une déclaration à l'agence de presse sahraouie (SPS).

 Mercredi, un citoyen sahraoui est décédé à Agadir, succombant à des blessures contractées lors de l'attaque menée par les forces marocaines. Gravement blessé, le citoyen sahraoui, Ali Salem Ansari, qui était dans un état comateux, est décédé avant qu'il ne soit admis à l'hôpital d'Agadir où il a été transféré à partir de la ville sahraouie occupée d'El-Ayoun. Selon un bilan provisoire du gouvernement sahraoui, la répression marocaine a fait au moins 19 morts, 723 blessés et 159 disparus. D'autre part, deux ressortissants espagnols sont actuellement recherchés par les forces de police marocaines dans la ville d'El-Ayoun, selon l'ONG espagnole Thawra, citée par SPS.

 Quatre jours après l'attaque marocaine, la communauté internationale continue à exprimer sa condamnation et sa réprobation. Des quatre coins du monde des voix s'élèvent pour dénoncer cette agression. La ministre espagnole des Affaires étrangères Trinidad Jimenez a indiqué hier que l'Espagne avait demandé au Maroc des «éclaircissements» de manière urgente sur les violences qui ont suivi le démantèlement d'un campement de contestataires sahraouis au Sahara Occidental. «L'Espagne considère que doivent être éclaircies de manière urgente les circonstances (des violences, ndlr) et nous l'avons fait savoir au gouvernement du Maroc», a déclaré la ministre espagnole. Mme Jimenez qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'issue du conseil des ministres, a réitéré sa profonde «préoccupation» pour les «faits très graves» qui se sont produits ces derniers jours au Sahara Occidental.

 La responsable a également indiqué avoir demandé aux autorités marocaines qu'elles «éclaircissent les circonstances de la mort du citoyen espagnol Baby Hamadi Buyema» durant les violences qui ont suivi le démantèlement du camp sahraoui. La ministre avait indiqué dans la matinée que parmi les victimes de ces violences, figurait un homme, Baby Hamadi Buyema, disposant d'un «document d'identité espagnol». Dans une conférence de presse organisée hier à Alicante, son frère, Lehmad Hamday Buyema, a accusé la police marocaine d'avoir «brutalement assassiné» son frère en l'écrasant avec une voiture.        

 Amnesty International a pour sa part dénoncé la «brutalité» des forces marocaines d'occupation à El-Ayoun et demandé, jeudi, au Maroc d'ouvrir une «enquête indépendante» suite à l'attaque. Plusieurs personnalités politiques et représentantes de la société civile chiliennes ont, par ailleurs, demandé au gouvernement de leur pays à rappeler «immédiatement» l'ambassadeur du Chili à Rabat et à geler toutes les relations bilatérales avec le Maroc. Par ailleurs, un rassemblement de solidarité avec le peuple sahraoui a été organisé jeudi à Alger pour dénoncer cette agression. Des représentants de plusieurs organisations et associations et des citoyens venus exprimer leur soutien au peuple sahraoui, y ont participé.


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