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Ath Yanni aux couleurs de l'argent


Ath Yanni aux couleurs de l'argent
De l'argent qui vaut de l'orLe nombre d'artisans bijoutiers qui y prennent part est descendu jusqu'à 93.Cent-dix artisans, venus des wilayas de Tamanrasset, Sidi Bel Abbès, Alger, Oran, Constantine, Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou, exposent à la fête du bijou d'Ath Yanni qui a démarré jeudi et se poursuivra jusqu'au 5 août.Comme chaque année en pareille période, la fête du bijou est de retour dans la localité d'Ath Yanni, une occasion pour des milliers d'Algériens de visiter ou de revisiter une région au panorama paradisiaque, l'une des plus belles du pays. A chaque fois qu'on met les pieds dans la région d'Ath Yanni après avoir arpenté les chemins qui montent en longeant le barrage de Takhoukht, on est ébloui par tant de verdure et par ce majestueux Djurdjura, qui a l'air de scruter minutieusement chacun des visiteurs, pour lui souhaiter ensuite la bienvenue avec la fameuse main du Juif, dont on ne sait presque rien sur l'origine de la dénomination. Au-delà de ce rendez-vous avec un art en pleine perte de vitesse depuis une vingtaine d'années, c'est l'occasion de renouer avec une région belle et une population des plus généreuses et des plus accueillantes.Pour cette nouvelle édition, qui ne se tient que grâce à l'abnégation des organisateurs dont l'Assemblée populaire communale, le nombre d'artisans bijoutiers qui y prennent part est descendu jusqu'à 93. Dans un ultime geste de résistance contre l'extinction de cet art et métier, les 93 participants ont exposé leurs produits au niveau du collège Larbi-Meziani. La fête du bijou d'Ath Yanni est aussi une occasion pour les artisans d'autres genres de promouvoir leurs activités. Cette année, les visiteurs de la fête d'Ath Yanni pourront aussi découvrir des produits comme le tapis, la vannerie, la sculpture, l'habit traditionnel et la poterie traditionnelle...Ces produits peuvent être achetés au niveau de la maison des jeunes d'Ath Yanni, autre espace dédié à cette fête annuelle. Cette dernière est toujours saisie par tous les responsables concernés par l'artisanat qui tirent la sonnette d'alarme quant à la menace qui pèse sérieusement sur la fabrication du bijou traditionnel.La raison, comme ont tenu à le rappeler les participants depuis jeudi, est la pénurie qui frappe de plein fouet la matière première sur le marché national.Le président de l'association des artisans bijoutiers d'Ath Yanni et le maire de la localité ont tous deux alerté les responsables nationaux concernés jeudi dernier afin que des mesures soient prises dans la perspective de sauver cet artisanat et, du coup, cette fête annuelle qui permet de faire sortir Ath Yanni de sa léthargie. «Au rythme où vont les choses, beaucoup d'artisans vont mettre fin à leur activité et la fête du bijou risque d'être compromise dans les années à venir», a déploré le représentant des artisans.La crise a commencé à affecter cette activité au début des années 1990 avant de s'exacerber ces 15 dernières années.Le nombre d'artisans est ainsi passé de 560 pendant les années quatre-vingt-dix à 150 actuellement. Pour se maintenir, les artisans qui résistent sont obligés d'avoir recours au marché de l'informel, en payant pas moins de 130.000 DA le kilogramme. C'est d'ailleurs la cherté de la matière première et son indisponibilité qui expliquent la cherté des produits finis, tels ceux exposés depuis jeudi à la fête. Au train où vont les choses, même la fête du bijou risque de disparaître de la scène culturelle, a averti le maire de la localité. Si elle se tient toujours, a expliqué le même responsable, c'est juste par la force que donne la volonté de ne pas laisser tomber cet art légué par les anciens. Il s'agit d'un patrimoine et le préserver est plus qu'un devoir, a plaidé le maire.Les problèmes des artisans persistent depuis des décennies. En guise de réponse, les responsables concernés ont droit chaque année à des promesses, que des promesses. C'est le cas d'ailleurs de la promesse faite par l'ancien ministre concernant la réalisation imminente d'un musée et d'une maison de l'artisanat à Ath Yanni. Une promesse et puis rien... Et avec l'austérité et la crise financière, les deux projets en question sont compromis. La fête du bijou demeure malgré tout la seule bouffée d'oxygène qui reste aux artisans. Ces derniers profitent de cet événement qui dure à peine une semaine, pour tenter de vendre leurs marchandises fabriquées tout au long de l'année.


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