Arts plastiques / Exposition de Mounia Lazali : «Kuma» ou la parole magique en partage

Sensibilité - Mya ou Mounia Lazali a posé un regard attentif et loyal non sans être généreux en y unissant sa propre ligne créatrice.Du continent asiatique au continent africain il n'y a que le geste de l'artiste qui peut témoigner que l'art pictural en particulier et l'art en général sont une passerelle entre les peuples.Mya Lazali, plasticienne algérienne, avec sa précédente exposition «huo hua» (fleur de feu) inspirée par son long séjour en Chine dirige cette fois son regard sur le plus vieux continent, la terre brune des peuples à la peau ébène. Zone continentale dont elle tire ses racines.C'est dans le hall de l'hôtel Sofitel que l'on peut voir «Kuma» (l'intitulé de ?exposition qui est un hymne à Mama Africa) ou «la parole» en langue Bambara.La parole dans les sociétés orales africaines tient lieu d'attaches entre les membres d'une même communauté, de transmission et d'union. C'est en ces temps où la rumeur fait part d'un rejet des réfugiés subsahariens en Algérie, que Mya Lazali a choisi, ou est-ce un hasard qui fait bien les choses, de dédier son travail artistique à la parole muette ou volubile, celle qui rapproche par le cri silencieux du c?ur ou intervient par les mots pour dire l'histoire profonde Mama Africa. L'artiste a choisi «de donner la parole» au langage des yeux comme support de communication entre les êtres. Tout cela par le choix de teintes épanouies, de couleurs chamarrées et gaies.«Mali Mousso», «Mali Boy», «Berbérisme I et II» ou bien encore «Horoyra» tous les tableaux révèlent des confidences que seule la plasticienne a pu capter, comprendre par ce qu'elle porte d'émotion et d'humain en elle.«Horoyra», la mère admirable par son courage, noble jusque dans ses épreuves. « El Horra» la remarquable est le portrait d'une réfugiée malienne avec ses deux enfants, maltraitée par le destin et par ses frères humains.Mya ou Mounia Lazali a posé un regard attentif et loyal non sans être généreux en y unissant sa propre ligne créatrice. Tout cela avec une approche de la reconnaissance de «l'autre» comme un autre soi-même en bannissant la couleur de la peau et les différences. Avec pour seul lien la terre d'Afrique et ses racines que nous partageons en commun. Avec également comme partage la parole et son pouvoir magique comme sociétés orales.Diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, graphiste-plasticienne et designer, Mounia Lazali est née en 1976 à Alger. C'est dans le cadre des ses études en Chine qu'elle a été inspirée pour réaliser une exposition dans la capitale chinoise intitulée «Au feu du lampion» ou «Fleur de feu». Elle a également participé à des expositions collectives en 2003 au Palais des Raïs et au cours de la même année à Paris.