Algérie - A la une


Le rappel à l'ordre adressé en fin de semaine dernière par la Banque centrale aux banques primaires rend compte, si besoin est, de toute l'ampleur de l'archaïsme qui continue à caractériser le système financier et bancaire national. Biberonnées des années durant aux dépôts, autrefois abondants, du secteur des hydrocarbures, les banques de la place, soit surtout les six mastodontes publics qui accaparent l'essentiel de l'activité, n'arrivent en effet même plus à adapter leur fonctionnement ne serait-ce qu'à leurs propres besoins de quêter de nouvelles ressources.Au bout de deux années à peine, après le début de la chute des prix mondiaux du pétrole, le secteur bancaire domestique, faut-il le rappeler, a vite fait de voir disparaître son aisance, s'amoindrir dangereusement son niveau de liquidité et devenir ainsi brutalement vulnérable, voire en proie à de véritables crises de solvabilité.
N'était l'intervention, du reste nécessaire, de la Banque centrale qui a réactivé aussitôt ses instruments de refinancement que sont le réescompte et l'Open market, mais aussi plus indirectement le financement non conventionnel, permettant ainsi à certaines banques d'éviter l'asphyxie.
Pour orthodoxe et conventionnelle qu'elle soit, l'intervention de l'Etat via sa Banque centrale pour préserver la solvabilité de son système financier ne devait pourtant en aucun cas dispenser les banques de l'effort qui leur est désormais imposé par la crise d'aller à la conquête de nouvelles ressources, en ?uvrant d'abord à captiver les épargnants.
Or, à bien considérer la teneur des nouvelles directives que vient de leur adresser la Banque d'Algérie, ces établissements bancaires semblent végéter dans un tel état d'archaïsme qu'ils en viennent à négliger jusqu'aux rudiments mêmes des «métiers de l'argent».
Au-delà en effet des considérations liées au principe de justification ou non de l'origine des fonds, qui peuvent être parfois sujet à polémique, les instructions émises par l'Autorité bancaire à l'adresse des banques primaires ressemblent à s'y méprendre à autant d'incriminations et de mises en garde quant à la non-observation de règles élémentaires censées accompagner les services et prestations bancaires.
Interprétation abusive et discrétionnaire de la loi relative à la lutte contre le blanchiment d'argent, attitude dissuasive envers de potentiels épargnants, délais exagérés de mise à disposition de fonds au profit des déposants, non-respect parfois du droit au compte bancaire pour tout citoyen, sont ainsi autant de défaillances pointées du doigt par la Banque d'Algérie et, du reste, connues de tous et depuis presque toujours.
Clé de voûte de toute réforme structurelle pouvant à terme ouvrir la voie à l'impérative diversification de l'économie, la mise au diapason du système bancaire national, faut-il s'inquiéter en définitive, est à ce point en défaut. Comment s'étonner alors de voir bon nombre de détenteurs de fonds opter davantage pour la thésaurisation et même l'informel que pour toute autre forme d'épargne ou de placements en banque... '
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