Algérie

Arbitraire et cynisme




L'arbitraire et le cynis-me sontréunis dans la position des pouvoirs publics consistant à décréter illégal lemouvement de contestation entamé hier par une vingtaine de syndicats autonomes.Les tutelles administratives n'ont en effet rien trouvé de mieux pour justifierleur interdit que de considérer que le préavis de grève déposé par lesorganisations syndicales samedi dernier à la chefferie du gouvernementtransgresserait la loi 90/02 du 02 février 1990, notamment en son article 24qui met l'accent sur les mesures de médiation, de conciliation et d'arbitrageavant le recours au droit de grève. Il est en somme reproché aux syndicatsautonomes d'être allés à la confrontation en faisant fi de possibilités autresprévues par la règlementation. Ce qui revient à les accuser du refus dedialoguer. Ce sont pourtant les pouvoirs publics qui opposent une finde non-recevoir récurrente aux demandes d'ouverture du dialogue réitérées avecconstance par ces organisations avant chaque protesta sociale organisée parelle. Ces mêmes pouvoirs publics campent sur leur position consistant à ne pasreconnaître les syndicats autonomes en tant que partenaires sociaux de l'Etat. Commentdans ces conditions leur faire grief de ne pas passer par les procédures demédiation, de conciliation et d'arbitrage ? Pour qu'ils aillent dans ce sens, faut-ilencore leur reconnaître un statut plein d'acteurs sociaux et syndicaux, et doncd'interlocuteurs reconnus.Toutes les grèves initiées par les syndicats autonomes ontété déclarées «illégales», à croire que les responsables de ces organisationssont soit d'ineptes méconnaisseurs de la législation,soit des transgresseurs patentés de celle-ci.Puisque les pouvoirs publics soutiennent que les syndicatsautonomes sont réfractaires au dialogue, pourquoi ils ne prennent pasl'initiative de les mettre au pied du mur en le leur proposant publiquement etofficiellement ? N'est-ce pas que le porte-parole du Gouvernement, et puisaprès lui le ministre du Travail, ont affirmé récemment que les autorités sontfavorables à un dialogue social dans le pays ouvert à d'autres interlocuteursque ceux que l'Etat a pris coutume d'associer ? Jusqu'à preuve du contraire queles pouvoirs publics doivent administrer, les syndicats autonomes ont raisond'infirmer les transgressions qui leur sont reprochées et de voir dans lesarguments officiels «une manoeuvre visant à briser la dynamique syndicale et undéni déguisé du droit de grève garanti par la Constitution». Cen'est pas par l'interdit et l'autoritarisme que la paix sociale sera obtenue. Larécurrence des débrayages, malgré la manière forte employée pour les empêcher, enest la démonstration. Que leurs raisons ne soient pas prises en compte, celagénère et conforte des ressentiments qui, à un moment ou à un autre, chercherontà s'exprimer autrement que par la grève pacifique respectueuse des limites quela loi lui assigne.

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