Algérie - Revue de Presse

Après les intempéries Le cri de détresse des habitants de Ras El-Aïn



Difficile de faire une description des conditions de vie des habitants de Ras El-Aïn, au niveau du terrain dit «Jarbon» et terrain «Pasteur» qui représentent «un amas» de bidonvilles construits d'une façon qui dépasse l'imagination. Hier, les jeunes de ce quartier ont manifesté près de l'ITE, avenue d'Oujda, et bloqué la route pour lancer un cri de détresse aux autorités locales après les ravages causés à leurs maisons par les intempéries. «Nous nous sommes rassemblés, disent-ils, dans le calme pour que les responsables de la wilaya viennent à notre secours. Ces derniers jours de pluies ont mis nos vies en danger». Durant plusieurs jours, la majorité des familles habitant ces lieux et dont les maisons ont été inondées, sont restées cloîtrées à l'intérieur de leurs piaules, en attendant que le niveau d'eau baisse. Hier, l'eau coulait encore de ces habitations précaires. A l'entrée du terrain «Jarbon», entouré de montagnes, les ordures sont entassées sur la chaussée. Des sachets de couleur bleue éventrés sont, depuis plusieurs jours, jetés sur le sol en attendant le passage des éboueurs. Plus loin, des maisons collées les unes aux autres n'ont pas de murs de séparation, et sont dans un état très dégradé. Elles sont implantées tout le long de la chaussée. A l'intérieur, les traces d'eau sur les murs sont encore fraîches. Les pièces, encore humides, sentaient le renfermé. Une femme, la soixantaine, nous fera visiter sa demeure. Dans une pièce sans fenêtres qu'elle a désignée comme cuisine, un affaissement d'un mètre de long a été provoqué par les eaux. Deux autres chambres, très étroites pour contenir une famille de 11 personnes, sans fenêtres aussi, avaient été inondées. Chez sa voisine, la situation est encore plus catastrophique. L'eau coule de partout, au point, nous dit-elle, «où nous n'avons pas trouvé quoi mettre à nos enfants après que tous nos meubles et affaires aient été emportés par les eaux». De peur d'être emportés à leur tour par les eaux de pluie ces habitants ont dû passer la nuit sur les terrasses malgré le froid. «Durant trois jours, nous somme restés sur les terrasses avec nos bébés et enfants, livrés à notre sort». D'autres jeunes ont tenu à nous montrer les conditions de vie dans le terrain «Pasteur», dans un endroit appelé communément «kahf» (grotte). Pour y accéder, il faut escalader une montagne. Une fois arrivés sur les lieux, nous avons compris pourquoi une telle appellation. Effectivement, les maisons ressemblent à des grottes avec des portes, se trouvant au milieu d'une montagne recouverte de figuiers de barbarie. «C'est injuste», dira ce jeune du quartier en colère, «nous habitons ici depuis plus de 40 ans. Nous y sommes nés, ainsi que nos parents et nous n'avons pas bénéficié de logements jusqu'à maintenant bien que nous soyons inscrits dans le programme de relogement des habitants des Planteurs». Sur un ton d'ironie, un autre lance, «vous avez ramené des logements dans vos poches? Nous, nous avons besoin de maisons qui nous abritent avant de mourir ensevelis sous les décombres. Ici, tous croient que vous êtes venus pour leur distribuer des logements». De retour près de l'ITE, vers 15h, les jeunes étaient encore regroupés au milieu d'un dispositif sécuritaire renforcé. Leur seul espoir est de pouvoir être pris en charge à temps car, disent-ils, «nos maisons ne supporteront pas une autre pluie aussi importante». Ils vivent, depuis, avec le spectre de la mort, ensevelis sous une montagne.
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