Algérie - A la une

Après les coups d'Etat militaires, les putschs déguisés


Après les coups d'Etat militaires, les putschs déguisés
Beaucoup de chefs d'Etat africains pensent qu'ils sont investis d'une mission presque divine en voulant garder le pouvoir trop longtemps, parfois jusqu'à leur mort. Sport continental, le phénomène n'épargne quasiment aucun pays, à commencer par l'Algérie où le président Abdelaziz Bouteflika s'est taillé en 2008 une Constitution sur mesure pour enchaîner un troisième mandat en 2009, puis un quatrième en 2014, alors que l'ancienne première loi du pays, promulguée en 1996, n'autorisait qu'une seule réélection pour un second mandat de cinq ans.Aujourd'hui, le même Président propose une nouvelle Constitution qui verrouille le jeu politique et le nombre de mandats, avec l'introduction d'un article limitant les mandats présidentiels à deux quinquennats, sans aucune possibilité que ledit article soit révisé. Ce procédé avait été utilisé par le Niger dans la Constitution adoptée en 1999, et dans laquelle il était mentionné que l'amendement limitant le nombre de mandats à deux ne pouvait "faire l'objet d'aucune révision". Mais l'ancien président Mamadou Tandja avait contourné cette interdiction en organisant un référendum dans lequel le "oui" l'a largement emporté en août 2009.Avant son renversement à la suite d'un coup d'Etat, Mamadou Tandja a gouverné le pays par décrets, après avoir dissous le Parlement et la Cour constitutionnelle qui s'étaient fermement opposés à sa volonté de gérer le Niger en violant les lois régissant les institutions. Fermant donc la parenthèse de l'ouverture démocratique des années 1990, l'Afrique emprunte la voie des mandats à vie et des changements des Constitutions. Ce scénario s'est reproduit récemment au Burundi. Son homologue rwandais a fait voter un projet de révision de Constitution par le Parlement, en dépit des appels de la communauté internationale au respect de l'alternance au pouvoir.Depuis plusieurs mois, la République démocratique du Congo de Joseph Kabila a pris place dans le même wagon que sa s'ur jumelle, la République du Congo de Denis Sassou Nguessou, qui s'est dotée d'une nouvelle Constitution par voie référendaire. À Kinshasa, Joseph Kabila s'apprête à faire de même à onze mois de la fin de son mandat présidentiel. Washington a déjà signifié son opposition à tout projet de modification de la Constitution dans ces pays.Mais ni ses appels à la sagesse ni ses mises en garde n'ont réussi à trouver un écho favorable chez ces dirigeants qui prennent le risque d'engager leur pays sur la voie du chaos, comme au Burkina Faso, en Centrafrique ou au Burundi. Dans un passé récent, en 2005, le président du Tchad, Idriss Deby Itno, a usé du même procédé pour se maintenir au pouvoir depuis son putsch en 1990. En Mauritanie, avant son éviction par Mohamed Ould Abdelaziz en 2005, l'ancien président Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya avait modifié la Constitution en 1991, après avoir dirigé le pays sept ans en tant que président du "Comité militaire de salut national" qui a renversé l'ancien chef d'Etat Mohamed Khouna Ould Haidalla. La liste, déjà bien longue, est loin d'être exhaustive.L. M.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)