Algérie

Anouar Benmalek. A bâtons rompus : Les probabilités poétiques


Vivre pour écrire, paru aux éditions Sedia, est un entretien d’Anouar Benmalek, par le chroniqueur, critique littéraire et poète, Youcef Merahi.

L’auteur d’Ô Maria ouvre ainsi la marche d’une série d’entretiens avec des écrivains de toute la Méditerranée dans le cadre de la nouvelle collection A bâtons rompus, initiée par Sedia. Le prochain à passer aux aveux est l’auteur de l’Attentat, toujours face aux questions de Merahi. Qui êtes-vous Monsieur Khadra ? paraîtra en mars prochain. Le jeu des questions-réponses permet, au-delà de l’actualité d’un auteur, de faire une petite « perquisition » dans ses pensées. Non pas les plus personnelles, mais plutôt les plus profondes. Sans voyeurisme aucun, ni insolence mal placée, Youcef Merahi dirige la conversation et pousse son interlocuteur à sortir de sa cachette. Un écrivain se cache toujours derrière ses écrits, tout ce qu’on sait de lui réside dans ses œuvres et quelques interviews parues çà et là dans la presse. Mais dans cette collection, il s’agit d’aller encore plus loin, peut-être au plus profond de l’être… Vivre pour écrire est né presque par hasard, une sorte de dégât « collatéral » de sa venue en Algérie pour la sortie du Poumon étoilé, nous explique l’interviewé. « Je ne pensais pas du tout, quand je répondais aux questions de mon interviewer, que mes réponses finiraient par se transformer en livre », affirme-t-il. « J’ai essayé d’être sincère, mais s’expliquer sur sa propre vie, sur ce qui vous pousse à écrire ou à agir de telle et telle manière est un exercice périlleux : l’ego n’est jamais très loin, qui peut vous pousser vers l’insincérité, comme, par exemple, à recomposer, en plus "beau", certains épisodes de votre vie... », nous avoue Anouar Benmalek lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de cette idée de livre-interview. Cependant, à sa lecture, il transparaît clairement que l’auteur des Amants désunis prend un certain plaisir à évoquer ses souvenirs, si particuliers et si singuliers ; à raconter ses grands moments en tête-à-tête avec ses écrits… Pour lui, la littérature, plus qu’un plaisir, est une manière d’être et un besoin. Un besoin pour dire les vérités dérangeantes. « Si vous réussissez à mettre en colère celui qui vous lit, vous avez gagné une partie de votre pari. Mettre en colère ou émouvoir, c’est selon ! », dit-il à Merahi pour définir la littérature. Quant à la poésie, pour celui qu’on a surnommé le Faulkner méditerranéen, elle est la chose la plus compliquée qui soit. « Je crois que si l’écriture littéraire était de l’athlétisme, la poésie serait son épreuve reine : le cent mètres. Dans ce cas-là, je serais plutôt marathonien. » Enchaîner plusieurs cent mètres est extrêmement difficile, jusque-là, il en est à deux recueils et le troisième n’est pas encore au programme. Le titre du livre-entretien, Vivre pour écrire, en référence à Vivre pour la raconter, le dernier livre biographique de Gabriel Garcia Marquez, résume à lui seul tout ce que l’écriture représente pour Anouar Benmalek. Mais ce dernier nous avoue qu’il aurait aimé être interrogé sur beaucoup d’autres questions, « mais en avais-je les réponses ? Pour cela, il me faudra vraisemblablement écrire d’autres livres. Et encore... ». Pour cet auteur capable de s’extasier face à un beau texte autant que face à une équation mathématique, le paradoxe serait de ne faire que de la littérature ou que des mathématiques… Entre les deux, son cœur ne balance pas. Et probablement que « l’équation » est plus flagrante qu’on ne le croit : il court après le livre qu’il n’a pas encore écrit, et les « probabilités » pour qu’il le fasse sont nombreuses !



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