Algérie

Analyse



Prix : attention, alerte rouge ! Il n?y a pas encore le feu. Mais une braise est en train de se rallumer sur le front boisé des prix... Et c?est bientôt la saison sèche. Les hausses de prix du premier trimestre 2005 n?ont pas encore accouché de leur « glissement annuel » sur le dernier bulletin mensuel de l?Office national des statistiques (ONS) consacré à l?évolution des prix. Leur simple énumération augure pourtant une vraie secousse : les carburants deux fois depuis janvier, le gaz butane, les tarifs d?avion, le mètre cube de l?eau, le kilowatt/heure d?électricité et le gaz de ville, bientôt, mais aussi, dans la foulée, les tarifs des transporteurs routiers, le tarif du train n?est pas demeuré à quai. Bref, les « ajustements » du prix des services assujettis le plus souvent à des monopoles publics sont en train de donner une tournure inattendue à la conjoncture de cette année 2005. Les « petites touches » du gouvernement, qui combinent, ingénument, hausse des taxes et libération de la marge bénéficiaire, menacent, mises bout à bout, de précipiter, sans crier gare, un mouvement inflationniste que la croissance de l?activité, par son seul effet de pression sur l?offre, n?était pas en mesure de déclencher. En tout cas, pas cette année. Car il ne faut pas s?y méprendre : si 2004 a été une bonne année pour la croissance économique en Algérie, elle est aussi, avec 4,6%, l?année de la plus forte avancée des prix depuis 1998. L?année paradoxale de la déflation en 2000 (-2%) s?éloigne résolument et l?inflation prend en moyenne un point de plus chaque année. L?herbe sèche est donc déjà là. Les guetteurs au feu aussi, dans un scénario prévisible de décalage entre une demande relancée par l?investissement - surtout budgétaire - et une offre de biens et de services à l?élasticité problématique. Un décalage qui retentit sur les prix. Comme le montre par exemple la brutale accélération de la hausse des prix de nombreux matériaux de construction de base, comme le fer et le sable depuis six mois. Jusque-là, rien d?anormal. Un petit surcroît d?inflation est le prix à payer collectivement à un grand surcroît d?activité. Sauf que le gouvernement souffle chaud sur la braise avec cette cohorte de hausses « dans l?amont » qu?il a assénée à l?économie depuis le début de l?année. Et qui s?ajoute à une inflation importée qui, elle aussi, menace de se révéler de rampante à galopante. Le dinar a perdu plus de 12% face à l?euro sur les six derniers mois. Les prix des produits importés de la zone euro récemment se sont ajustés à la nouvelle parité, comme l?ont remarqué, entre autres, les visiteurs du 8e Salon de l?automobile d?Alger. Personne ne se serait sans doute vraiment inquiété d?une telle évolution si l?Algérie affichait des taux de croissance chinois. Les revenus des ménages combleraient toujours les poussées de l?inflation quitte à les alimenter à leur tour dans une spirale un peu vicieuse. Ce n?est pas le cas. En 2005, la croissance hors hydrocarbures ne sera pas supérieure à 6%. L?inflation, elle, risque de s?en approcher. Il n?en faudra pas plus pour songer remonter les taux d?intérêt avec un système bancaire toujours figé. Des crédits plus chers dès 2006 ? Le miracle de la croissance forte aura alors eu le souffle court. Tant pis, on aura rêvé.



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