Algérie - A la une

Amrani, le poids de la passion



Il suffisait de le voir éreinté, amaigri mais tellement soulagé à Aïn Témouchent à l'issue du nul flatteur décroché face à son plus sérieux concurrent du moment pour mesurer réellement la passion qui l'anime. Face à un MCO qui a fortement secoué les certitudes de son team sans pour autant parvenir à le mettre à terre, ?'Moncef'', le driver du Chabab de Constantine avait, d'ailleurs, fini par obtenir ce dont il s'était déplacé jusqu'au lointain stade d'Omar-Ouciaf en cette après-midi pluvieuse de la 27e journée d'une ligue qui venait de le consacrer "presque" champion. A notre phrase un tantinet taquine mais ô combien amicale sur son "poids de forme'', une expression qu'il affectionne particulièrement pour inciter les "autres'' à maigrir, Abdelkader Amrani n'a pas eu besoin de quelque rhétorique que ce soit pour nous expliquer les raisons de son "affinement''. Un amincissement qui saute aux yeux de ceux qui le connaissent bien. "La pression khouya ! Rien d'autre ! La pression ! Bezzaaaf", nous a-t-il ainsi lancé avec une redondance qui en dit long sur le torrent émotif qui longe son quotidien d'entraîneur du CSC à Constantine. Une pression tellement prenante, tellement "amaigrissante" que "le Mister'' a déjà choisi son lieu de vacances sitôt le titre de champion assuré : La Mecque ! Une "fuite'' pour décompresser, se ressourcer et couler des jours heureux aux côtés de son épouse, loin des tracas du football et de l'imposante tension qu'exerce Cirta, la ville sur son équipe-fanion et son patron technique.Infatigable bosseur, fin psychologue, proche de ses joueurs, habile communicant, passionné de football, sérieux à paraître parfois rigide et engagé à donner continuellement le meilleur de lui-même, Abdelkader Amrani vient, en fait, de décrocher son tout premier titre de champion d'Algérie. "Je suis un homme comblé ! Je suis extrêmement content de ce titre de champion d'Algérie remporté pour la première fois dans ma carrière d'entraîneur. Ce titre a un charme particulier. Il est tellement spécial pour moi et pour les Sanafir, d'autant plus qu'il intervient après 21 ans d'attente !", jubilait le patron technique des Vert et Noir à l'issue d'un succès à Blida qui transforme, d'ores et déjà, la dernière sortie à domicile face au PAC, en une immense kermesse à ciel ouvert. Sur les raisons de sa réussite, il est clair que l'expérimenté Amrani a su tirer le meilleur du groupe dont il a eu la charge. Leader du championnat depuis les premières journées avec une régularité qui en dit long sur l'énorme travail effectué au quotidien, il n'hésitait d'ailleurs jamais à secouer son vestiaire en tirant les oreilles à certains éléments adeptes du star-system au moment où leur driver adoube plutôt le mode collectif. Imposant, sans trop de bruit, son style et sa manière d'être à une direction qui, semble-t-il, n'exerce aucune pression sur lui, Amrani a, ainsi, réussi la sacrée performance de transformer un candidat habituel au maintien et aux problèmes de fin de saison en un redoutable ogre de régularité et d'ambition.

"J'ai maigri ' La pression khouya, la pression..."
Sans éclat mais avec une insolente efficacité, son CSC est devenu, l'espace de quelque mois seulement d'abnégation et de travail de fond, une "forte tête'' qui ressemble à s'y méprendre à son entraîneur, tout aussi (très) forte tête lorsqu'il s'agit de défendre ses idées et ses principes. Au final, le Chabab de Constantine a fini par décrocher son deuxième titre de champion, autrement plus mérité et plus ??clean'' que le premier de 1997 et donc plus applaudi par l'ensemble des acteurs de l'élite professionnelle, unanimes à saluer le mérite des coéquipiers de Benchérifa. ??Moncef'' Amrani embellit, de son côté, son palmarès personnel d'un quatrième titre majeur, (un cinquième si l'on y ajoute la coupe d'Algérie avec les juniors du WAT) certainement le plus difficile à conquérir, après les trois coupes d'Algérie qu'il avait offertes à des néophytes à ce niveau. Après avoir, ainsi, conduit le Widad de Tlemcen à son premier titre, la Coupe d'Algérie, en 1998 aux dépens du Mouloudia d'Oran, puis mené l'ASO Chlef vers son premier sacre, toujours en coupe, en 2005, face à l'USM Sétif, Abdelkader Amrani avait, pour rappel, réussi une autre première historique : conduire le Mouloudia de Béjaïa sur le toit du football algérien via un succès en finale de l'épreuve KO aux dépens du RCA en 2015. Sacré champion avec le CSC, il peut désormais reprendre son souffle et son... poids habituel !
R. B.
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