Algérie - A la une


Amérique latine
Après des mois de très vives tensions qui ont abouti au déploiement de milliers de militaires de chaque côté de la frontière la semaine dernière, le Venezuela et le Guyana voisin ont annoncé dimanche à New York la reprise de leurs relations diplomatiques.Le litige concerne un territoire toujours en réclamation, l'"Esequibo". Cette zone-tampon de 160 000 km² entre le Guyana (800 000 habitants) et le Venezuela (31 millions d'habitants) a appartenu à l'ancienne colonie britannique jusqu'au traité de Genève de 1966. Depuis cette date, l'ONU estime que l'Esequibo est officiellement "contrôlé" par le Guyana mais que "sa souveraineté est réclamée" par le Venezuela. Les deux pays ont depuis laissé la question en jachère, peu intéressés par cette immense parcelle de jungle inhospitalière qui recèle pourtant des trésors de minéraux, du pétrole à l'or en passant par les diamants, l'aluminium ou encore le coltan. Mais l'ambition d'ExxonMobil a changé la donne. En mai, la firme pétrolière américaine a annoncé avoir commencé à exploiter un gisement d'or noir au c?ur de l'Esequibo, réveillant un conflit vieux d'un demi-siècle.La compagnie a obtenu le feu vert du nouveau président guyanais, David Granger, un conservateur qui a fait une partie de ses études militaires aux Etats-Unis. Traité de "laquais de l'empire" par son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, il est très offensif sur la question depuis son élection en mai. David Granger a rapidement obtenu le soutien du président américain Barack Obama et des ex-colonies anglaises de la Caricom (Communauté des Caraïbes) et poursuit son offensive. Le 15 septembre, en pleine crise diplomatique, il a autorisé la canadienne Guyana Goldfields à démarrer l'exploitation d'une immense mine d'or dans l'Esequibo. La même semaine, le Guyana demandait à Google de "retirer de son système certaines zones de l'Esequibo qui apparaissent comme territoire vénézuélien". Une épine dans le pied de MaduroIsolé sur la scène internationale depuis le rapprochement de Cuba avec les Etats-Unis, affaibli par la crise inflationniste et la grave pénurie qui touche son pays, englué dans son discours anti-impérialiste, le socialiste Nicolas Maduro dit vouloir répondre aux "provocations" du Guyana par des "solutions diplomatiques exclusivement". David Granger a annoncé de son côté vouloir résoudre le conflit juridiquement, devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) qui siège à La Haye (Pays-Bas). La réunion bilatérale de ce dimanche à New York, en présence du secrétaire général de l'ONU Ban-Ki-Moon, n'a rien changé au discours du président guyanais."Dans le contexte actuel, la question de l'Esequibo est une épine dans le pied de Nicolas Maduro, qui a davantage à faire avec ses problèmes internes", assure l'analyste Rafael Macquae, tandis que certains médias internationaux comme CNN ou France Inter préfèrent laisser à penser que le "Goliath" vénézuélien chercherait "une bonne petite guerre pour sauver le régime". D'après William Farinas, président de la Commission de défense de l'Assemblée nationale vénézuélienne, "des gens semblent souhaiter que nous attaquions la plateforme d'Exxon" pour ensuite justifier une intervention des Etats-Unis, du Royaume- Uni ou des Casques bleus de l'ONU.Nicolas Maduro a essayé d'invoquer depuis plusieurs mois "l'unité nationale" face aux prétentions du Guyana, mais les principaux leaders d'opposition ont délaissé la main tendue en assurant que le dauphin du défunt leader Hugo Chavez cherchait à utiliser politiquement la dispute territoriale en vue des législatives du 6 décembre, les plus importantes de l'histoire de la révolution vénézuélienne.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)