Algérie

Ambiance mi-figue, mi-raisin




Il ne nous aime pas, il n?a pas fait d?excuses. » Voilà ce que, sollicités, disent certains de ceux qui, massés contre la cloison de sécurité, sont curieux de voir passer l?hôte de Constantine, mots d?ailleurs rapportés par des journalistes étrangers. « Ce n?est pas aussi enthousiaste qu?au Maroc et ce n?est pas aussi tiède qu?à Alger. » C?est grosso modo ce que nous a affirmé un reporter d?une chaîne de télé hexagonale, au moment où les présidents Bouteflika et Sarkozy dévalaient la rue Abane Ramdane, au milieu d?un bain de foule, où les Constantinois n?ont pas scandé une seule fois son nom. Des applaudissements nourris, soutenus par quelques you-you fusant des balcons ajoutés à l?ambiance de kermesse assurée par des troupes de fantasia, ont toutefois réussi à détendre la délégation française, dont les membres, visages plus radieux, distribuaient des sourires tous azimuts. Deux heures plus tôt, l?atmosphère était autrement plus crispée, et les quelques Français présents sur le parvis de l?université Mentouri ne savaient pas quelle tournure allaient prendre les choses. Ils seront bientôt édifiés quand, à 11h, les deux chefs d?Etat descendent de la voiture présidentielle et commencent presque instantanément à serrer les mains d?une forte présence estudiantine, ayant progressivement investi les lieux deux heures auparavant. Les cris joyeux, les appels enflammés à l?endroit du président algérien et les souhaits de bienvenue à Sarkozy ont fini par avoir raison des appréhensions des officiels et des gardes rapprochées des deux présidents, qui, à un moment, ont eu du mal à quadriller les deux hommes, qui passent d?un côté à l?autre des deux allées protégées pour remercier les étudiants, même si quelques-uns parmi eux ont légèrement conspué le président Sarkozy. Conforté par cet accueil cordial, pour ne pas dire bienveillant, le chef de l?Etat français pénètre en compagnie du président Bouteflika dans une apparente bonne disposition d?esprit pour décliner le discours tant attendu. Lequel discours s?est articulé autour de deux axes, dont le premier, à forte connotation historico-religieuse, a vite fait d?évoquer le passé médiéval, voire antique de Constantine, qui ne lui semble pas indifférente. Il dira : « Si j?ai souhaité venir dans cette ville qui porte encore le nom du premier empereur romain converti au christianisme, ce n?est pas seulement parce qu?elle est depuis si longtemps le symbole de l?identité arabo-musulmane de l?Algérie. » Le long panégyrique fait à la ville ne peut être exhaustif, selon lui, sans bifurquer sur sa lutte anticoloniale : « Dans cette ville, les pierres se souviennent encore de ce jour de 1837, où un peuple libre et fier, exténué après avoir résisté jusqu?à l?extrême limite de ses forces fut contraint de renoncer à sa liberté. » Le volet perspectives du discours a quant à lui trouvé plus d?adhésion du parterre qui n?a pas lésiné sur les applaudissements sans toutefois perdre le sens de la mesure.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)