Algérie - Revue de Presse

Amar Belkhodja, historien, à L’Expression «Israël veut en finir avec la Palestine!»



Amar Belkhodja, historien, à L’Expression «Israël veut en finir avec la Palestine!»
Publié le 29.10.2023 dans le Quotidien l’Expression

Présent à la 26 eme édition du Salon international du livre d’Alger, l’auteur historien et journaliste algérien, vient de publier aux Éditions Hibr un nouveau livre intitulé «Palestine Israël. Le crime et l’impunité». Un titre qui fait largement écho à la catastrophe que subit aujourd’hui, dans le silence et le noir terrifiant le peuple de Ghaza plongé dans un enfer sans précédent depuis une vingtaine de jours devant l’impuissance de la planète entière qui assiste aux massacres des milliers de Palestiniens, avec la complicité des grands dirigeants et puissances mondiales. L’auteur, décortique, avec nous, cette situation macabre tout en revenant sur l’historique de ce passé sanglant des Palestiniens. Il nous fait part enfin de son sentiment aussi quant à l’avenir sombre de cette région du monde si un véritable sursaut politique ne venait pas y mettre un terme…

L'Expression: Vous êtes présent actuellement au Sila avec un nouvel ouvrage intitulé «Palestine Israël. Le crime et l'impunité». Vous avez publié juste avant un autre dans le même thème. Pouvez-vous nous en parler?

Amar Belkhodja: Effectivement, avant cet ouvrage j'en ai sorti un autre qui traite des crimes génocidaires d'Israël. Tout de suite, après le partage de la Palestine en novembre 1947, les formations militaires et juives c'est-à-dire de milice ont décidé de bombarder la Palestine- (avant la création de l'État d'Israël au mois de mai 1948).-Déjà en 1947, ces formations juives miliciennes n'ont pas attendu la limitation du terroir et ont décidé de déclencher une offensive générale contre les Palestiniens, contre leurs villages. Et de 1947 à 1949, le résultat fut une véritable catastrophe où on retrouvera 700.000 Palestiniens chassés de leurs villages. Je parle de cela dans mon premier livre. Les massacres vont continuer et ce, jusqu'à 2014, avec Ghaza et ça continue toujours.... Il y a donc une série, une succession de massacres. Cela suppose que ce déclenchement de ces massacres visait en deux mots: L'extermination du peuple palestinien. C'est un projet qui ne date pas d'aujourd’hui. Il date de la fin du XIXe siècle. L'objectif est de vider la Palestine de ses habitants originels qui sont les Palestiniens. Mon souci à moi en tant que chercheur et ancien journaliste est de contribuer à l'entretien de la mémoire, des Arabes, des Palestiniens, des Algériens..la mémoire universelle pour prendre à témoin l'histoire, à savoir qu'un peuple a été chassé de sa patrie pour être remplacé par un autre peuple...

Qu'en est-il alors de ce nouvel ouvrage?
Le deuxième travail est donc celui-là, intitulé «La Palestine, Israël dans le crime et l'impunité.» Quand je dis «crime et impunité», cela veut dire qu'avec tous ces massacres- une quinzaine ou une vingtaine- depuis 1949, l'État d'Israel se permet de mener des opérations criminelles contre des populations désarmées, dans des camps de réfugiés, des villages...je vous donne une information dramatique: sur 500 villages habités par les Palestiniens, 400 ont été dynamités et complètement rasés systématiquement de la carte géographique de la Palestine. Mahmoud Darwich, quant il était enfant, quand les juifs ont envahi son village, il s'est déplacé avec ses parents au Liban, il est revenu plus tard et il n'a plus retrouvé son village...de ce génocide il y avait un double objectif: raser de la géographie les villages et exterminer le peuple palestinien. Aujourd’hui, il y a la Cisjordanie qui ressemble à une peau de chagrin. C'est-à-dire qu'on a continué à coloniser, on a continué à implanter des colonies. Je traite ce phénomène et de ce malheur de l'implantation des colonies dans mon livre. Aujourd’hui, 400.000 colons juifs sont résidents en Cisjordanie

Comment avez-vous fait pour récolter toutes ces informations, de quels documents vous vous êtes muni?
C'est une très bonne question. J'ai dû lire que ce soit pour la rédaction du premier livre que le deuxième, une bonne trentaine d'ouvrages. Chaque ouvrage me donnait une information pour reconstituer les événements. Au niveau de la bibliographie, je donne la liste des ouvrages consultés. Il y a une bonne quinzaine d'ouvrages mais aussi les journaux algériens, comme El watan, Le soir d'Algérie, Le quotidien d'Oran etc qui traitent de l'intifadha et de l'invasion de 1967. La presse m'a été d'un grand apport. C'était important d'exploiter toutes les sources aussi bien les ouvrages que la presse. Nos journalistes ont suivi pas à pas le drame des Palestiniens.

Quel regard portez-vous aujourd’hui, sur ce qui se passe actuellement en Palestine et ce terrible drame qui s'abat sur Ghaza? C'est un précédent qui n'a pas son égal dans l'histoire de la Palestine...

Absolument! Vous avez raison. Le degré de violence est innoui ! Vous avez bien raison de souligner ce point. Il est important, car vu la violence et l'ampleur des massacres, on a l'impression, une impression bien nette, qu'Israel veut en finir avec les Palestiniens et surtout avec Ghaza. Aujourdhui, à Ghaza, il subsiste encore des poches de résistance. Le Hamas est encore là. On a beau dire que le Hamas c'est la mouvance intégriste, islamiste, elle reste tout de même attachée à sa patrie, à Ghaza. Le Hamas défend son peuple contre les exactions d'Israël. Mais vu l'ampleur du massacre qui persiste à nos jours, j'ai l'impression que l'État d'Israël veut carrément en finir, pas uniquement avec les Palestiniens, puisqu'on est à 6000 morts, pendant 20 jours d'agression et de bombardements, mais finir avec les poches et les formations de la résistance. On veut couper le peuple ghazaoui de ses leaders, toujours selon le plan diabolique d'Israël. Le peuple sera soumis donc à toutes les humiliations. Il reste une chose. J'avais espéré qu'il y ait le déclic chez les Arabes, la Jordanie, l'Égypte, mais Israël agit librement parce que beaucoup de pays arabes et de monarchies ont capitulé, c'est-à-dire qu'ils ont normalisé leurs relations avec Israël, ce qui fait qu'Israël peut agir en toute quiétude et tranquillité pour massacrer des populations civiles.

En tant qu'historien, comment voyez vous l'avenir de la Palestine justement au regard de ce chaos et triste désolation du présent?

Si il n y a pas un véritable sursaut politique et diplomatique, l'avenir de la Palestine restera le même, parce qu'on n'a pas les compétences et les moyens de déclencher une guerre contre Israël, il reste la dignité des hommes et des chefs d'État, la dignité du peuple évidemment, mais il reste à faire une action diplomatique d'envergure et politique auprès des gouvernants qui ont la mainmise sur le monde. Je parle des USA qui sont les alliés principaux d' Israël, de l'Europe, et de la France. Tous se sont tus devant ce massacre, qui est comme vous l'avez dit, d'une ampleur qu'on a jamais vu de par le passé. S'il n y a pas une résurgence, un sursaut déterminant et courageux de la part de ces gens-là, je pense que la Palestine continuera à être sous la domination d' Israël pendant assez longtemps. Je ne le souhaite pas, mais je suis découragé par la passivité des pays arabes.

O. HIND

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