Algérie - Revue de Presse

Alphabétisation en milieu carcéral



Un succès qui se confirme Lancée en février 2001, après la signature d?une convention-cadre entre l?association algérienne d?alphabétisation Iqra et la direction générale de gestion des établissements pénitentiaires et de rééducation dépendant du ministère de la Justice, l?expérience de l?alphabétisation en milieu carcéral semble avoir gagné en maturité après des mois de balbutiements. L?abnégation et le dévouement des cadres et des enseignants de l?association ont fini par payer face à certaines mentalités moyenâgeuses. A Constantine, l?ouverture de classes pour l?enseignement d?une partie de la population carcérale s?est généralisée aux établissements pénitentiaires du Coudiat et de Boussouf. Ils sont au total 160 détenus dont douze femmes, à bénéficier, pour l?année en cours, d?un enseignement régulier selon leur niveau d?instruction et suivant un programme national préétabli et suivi par l?inspection de la direction de l?éducation. « Tous les détenus ouvrent droit, selon leurs capacités, aux mêmes cours que les élèves inscrits dans nos différents centres d?alphabétisation », nous rappellera Djamel Bouhdjar, responsable du bureau de la wilaya de Constantine de l?association Iqra. Selon notre interlocuteur, toutes les conditions nécessaires ont été réunies au sein des deux établissements pénitentiaires de Constantine pour assurer un enseignement digne aux détenus. Quoique les éléments choisis pour suivre ce genre d?enseignement sont triés sur le volet, l?engouement des personnes incarcérées demeure toujours très remarquable, selon les témoignages des instituteurs. Ces derniers, faut-il le relever, sont les véritables piliers de l?opération puisqu?ils en assurent la réussite et la continuité. Ils sont quatre, dont deux jeunes femmes, âgés entre 26 et 32 ans, ayant le niveau de terminale pour le plus jeune alors que les autres sont diplômés en biologie, en droit et en sciences économiques. Ils avaient tous à dispenser les cours dans un milieu auquel ils ont su s?adapter avec le temps et qui ne leur fut guère hostile, selon leurs propos, malgré les premières réticences exprimées au début. Recrutés dans le cadre du filet social et de l?emploi de jeunes, ils touchent entre 2300 et 3000 DA par mois. Un salaire bien dérisoire pour certains qui le dépensent uniquement pour leurs déplacements entre leurs domicile et l?établissement pénitentiaire, comme c?est le cas de ce jeune qui fait la navette entre la nouvelle ville Ali Mendjeli et le centre de rééducation de Boussouf. « Cela demeure toujours le point noir de toute l?opération, car avec une mensualité pareille, on ne peut encourager ces jeunes à y rester, surtout pour ceux ayant acquis une expérience appréciable », nous confiera Djamel Bouhdjar qui ne manquera pas de noter la nécessité d?assurer pour le ministère de la Justice d?assurer à ces enseignants des postes budgétaires, qui resteront toujours sous la direction administrative de l?association Iqra. « Cela nous évitera une déperdition continue », poursuit-il. Relatant leur expérience, les jeunes enseignants avouent ne jamais avoir regretté leur choix. « On a eu toujours de bonnes relations avec les personnes incarcérées. On a toujours été respectés et estimés. On sentait une réelle volonté chez nos élèves d?apprendre, progresser et même changer le cours de leur vie, comme ce fut le cas pour ceux qui ont réussi aux examens du BEF et du bac », nous révélera Nour Sadate Benlahrèche, universitaire diplômée en biologie et enseignant dans un établissement carcéral depuis deux ans. En dépit de son caractère hautement éducatif où elle prépare à une véritable insertion du détenu dans la société, l?alphabétisation en milieu carcéral a prouvé, grâce à tous les succès glanés jusque-là, qu?elle mérite bien tous les égards.



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