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Alors que les plantations se multiplient à Jijel : Les importations illégales inquiètent les producteurs de verveine




Depuis fort longtemps, la verveine, cette plante médicinale par excellence de l'hiver, est intimement liée à la région de Chekfa dans la wilaya de Jijel et même au-delà.Les plantations sont disséminées à travers plusieurs localités (Boutaleb, Sbet, Zouitna, Briri), à flanc de montagne ou en plaine. Une culture qui assure un surplus de revenus aux familles qui ne disposent pas d'une grande superficie de terre.
Tout, nous en dira Brahim Bourbia, un septuagénaire qui cultive sur 3 hectares cet arbuste pluriannuel, la superficie globale dans la commune avoisine une cinquantaine d'hectares.
Si des cultivateurs assurent cette activité depuis très longtemps, notre interlocuteur nous dira qu'il ne l'a intégrée qu'il y a trente-trois ans après avoir produit de la tomate industrielle et d'autres produits maraîchers. «Avec les pertes occasionnées dans la tomate qu'on devait transporter à l'unité de l'ex-Sogedia d'El Achouat dans la ville de Taher, où après plusieurs jours d'attente sous un soleil de plomb, la cargaison se transformait en purée invendable ou dans le meilleur des cas, à vil prix, l'idée de changer de culture s'est imposée d'elle-même, et le choix s'est fixé sur la verveine qui ne demande pas des dépenses aussi importantes que pour le maraîchage», nous expliquera Brahim. «Pour les maladies et contrairement à la tomate, la verveine, qui peut être touchée dès la fin de l'été, s'en remet à merveille avec les premiers orages qui éliminent toute trace des atteintes», relèvera-t-il fièrement. «Dans cette culture, nous n'avons besoin ni d'aide ni de rien du tout», lâchera-t-il.
Avec un prix de 1600 DA le kilogramme de feuilles de verveine du 1er choix, les revenus couvrent aisément les dépenses. «Néanmoins, on aspire à acquérir un tracteur grâce à un crédit pour surseoir à la location.
En dépit du fait que cette culture ne présente pas les mêmes inconvénients que le maraîchage, les feuilles séchées n'étant pas périssables, le problème de main d'?uvre demeure quant à lui posé avec acuité», ajoutera-t-il. Da Brahim nous dira qu'il débourse 1000 DA pour 4 heures de cueillette, et malgré cela, il est difficile de trouver des personnes qui acceptent de faire ce travail.
La cueillette de cette plante se fait sur trois périodes. La première concerne les feuilles de la partie basse suivie une quinzaine de jours après par celles de la mi-hauteur et enfin après encore 15 jours la partie haute qui comprend les feuilles et la tige destinées à être moulues. Dans une partie attenante de cette exploitation, de jeunes pousses de verveine commencent déjà à donner de petites feuilles. C'est la production du mois de décembre qui commence à se former.
UN PROBLÈME D'EAU
Les agriculteurs de cette région de Sbet attendent toujours l'arrivée de l'amenée d'eau du réseau d'irrigation d'autant que le niveau de l'eau dans le puits s'est extrêmement abaissé après la mise en service d'un forage destiné à l'alimentation en eau potable, installé sur une berge de l'oued Sbet tout proche.
La pose des conduites qui doivent traverser certaines exploitations pose toujours problème et ce n'est qu'une fois ce dernier résolu que les eaux du barrage d'El Agrem, dans la commune de Kaous, pourront irriguer cette plante médicinale et aromatique. «L'écoulement de la production se fait essentiellement vers Aïn Oulmene dans la wilaya de Sétif ou encore Oued Smar (Alger) où des opérateurs se chargent des autres tâches avant la commercialisation», nous expliquera Youcef, un jeune producteur qui aspire à se lancer dans le conditionnement de la verveine.
Notre interlocuteur nous dira avoir acquis dans la région de Tléta (Taher) où il stocke son produit, des équipements pour moudre la partie haute de la plante (3e choix) et la conditionner. Seulement, il n'arrive pas à se raccorder en énergie électrique triphasée, le réseau n'étant pas assez proche. Mais ce qui inquiète le plus ces cultivateurs a trait à un phénomène qui commence à se développer, nous diront-ils.
Depuis quelques années, des importations jugées illégales de verveine marocaine et même tunisienne sont signalées par des cultivateurs qui craignent une concurrence d'un produit de moindre qualité écoulé à un prix bien inférieur à celui de la plante locale. «Parfois, ces feuilles importées sont mélangées avec nos produits pour être revendues à prix fort», assurent nos interlocuteurs.
Les premières arrivées de cette verveine étrangère ont été relevées dès 2011, selon Brahim. Les exploitants espèrent que les pouvoirs publics veilleront à protéger les producteurs nationaux dans cette filière qui fait vivre des dizaines de familles, rien que dans cette commune.
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