Algérie

Algérie - Yala Mohand Tahar. Fondateur du Mouvement de citoyenneté «Aucune alternative crédible au système actuel»



Algérie - Yala Mohand Tahar. Fondateur du Mouvement de citoyenneté «Aucune alternative crédible au système actuel»




Général à la retraite, anciennement à la tête de la Marine nationale, Yala Mohand Tahar (photo), âgé aujourd’hui de 65 ans, pense que «la scène nationale fait l’objet, en surface, d’une agitation animée par des relais du système actuel pour créer un débat artificiel».

- Vous avez lancé le Mouvement de citoyenneté. Peut-on connaître les suites de cette initiative?

Ce mouvement a été initié par des citoyens, il visait à créer une nouvelle dynamique de nature à rassembler et à fédérer le peuple, à redonner la confiance et à réconcilier les Algériens, tous les Algériens, avec eux-mêmes et entre eux, une dynamique pour répondre immédiatement aux besoins du présent et une stratégie de puissance avec des objectifs guidés par une vision à long terme. Nous ne sommes pas de ceux qui pensent que la politique est l’art du possible, mais parce que l’Algérie est en danger, nous pensons et affirmons que la politique est l’art de rendre possible ce qui est impératif, vital et nécessaire pour le pays, pour la nation et les citoyens dans leur ensemble.

C’est à ce titre que le Mouvement de citoyenneté est un mouvement patriotique d’essence populaire et c’est pour cela qu’aujourd’hui, il s’est déployé sur tout le territoire national et bénéficie d’un ancrage dans toutes les couches de la société. Notre mouvement suscite beaucoup d’espoirs, tous les jours des citoyens nous interpellent et nous pressent de mettre en œuvre le changement que tout le monde attend, car son objectif est de bâtir un Etat de citoyenneté algérien, un véritable Etat de droit, précurseur de toutes les espérances de développement et de puissance pour une Algérie forte, prospère et juste. Ce Mouvement de citoyenneté entend aller jusqu’au bout de sa démarche pour répondre à cet espoir. Et cela passe par la fin du système actuel et la mise en place d’une IIe République où le citoyen sera au centre des préoccupations de la politique de l’Etat, dont l’objectif principal doit être la réalisation du bien-être légitime auquel aspirent les Algériennes et les Algériens depuis notre indépendance. L’Etat de citoyenneté doit assurer à chaque Algérienne et chaque Algérien «le respect de toutes les libertés fondamentales», conformément aux principes énoncés par la Proclamation du 1er Novembre 1954, et en premier lieu leur garantir la sécurité, la dignité et l’intégrité de la personne sous toutes ses formes, sans lesquelles aucune liberté ne saurait exister, en les préservant de tout abus ou excès de pouvoir d’où qu’il vienne.

Nos objectifs ne sont pas des rêves chimériques ; beaucoup de pays moins nantis que l’Algérie et avec moins de vitalité les ont atteints.

- Quelles sont vos observations et appréciations de la scène politique, à quelques mois de la présidentielle?

La scène nationale fait l’objet, en surface, d’une agitation animée par des relais du système actuel pour créer un débat artificiel, déconnecté des véritables enjeux de l’heure et d’où n’émergent que les opportunismes de toute nature. Les Algériens ne sont pas dupes, ils savent que cela ne mènera nulle part. Pendant ce temps, les médias lourds occultent, d’une part, les vrais problèmes des citoyens et du pays et, d’autre part, les initiatives politiques et citoyennes qui veulent sortir l’Algérie de l’impasse. Ce que vous appelez «scène politique» n’est qu’un théâtre d’ombres chargé de nous rejouer de façon cyclique les mascarades du passé pour la perpétuation du système en place.

En réalité, c’est le vide politique artificiellement entretenu. De cette agitation, il est attendu qu’il ne devrait ressortir aucune alternative crédible au système actuel. C’est le but du système et tout cela n’est en fait que la preuve de son échec, y compris dans sa volonté d’imposer une démocratie de façade à la société. Cela révèle également le degré d’irresponsabilité de nos gouvernants face aux menaces de déstabilisation qui guettent la nation et leur incapacité à mettre le pays sur les rails d’un véritable développement. Ils sont totalement disqualifiés pour continuer à diriger le pays.

- Que pensez-vous des alliances pro et anti-Bouteflika qui naissent ces dernières semaines?

J’aurais souhaité que ces alliances ne se fassent pas pour ou contre une personne, mais plutôt pour construire une Algérie nouvelle. Je crains également qu’il y ait des manipulations et des manœuvres pour disqualifier tout élément positif nouveau, de nature à renforcer le parti du vrai changement. En tout cas, les positions du Mouvement de citoyenneté sont connues et rejoignent celles de ceux qui veulent sincèrement le départ du pouvoir en place dont les efforts de tous les jours sont consacrés à manœuvrer, intriguer et comploter dans un seul objectif, quel que soit le prix à payer pour l’Algérie : leur maintien au pouvoir et le maintien de leurs intérêts ; ceci, évidemment, quitte à hypothéquer l’avenir des générations futures.

- Serez-vous candidat à la présidentielle?

Compte tenu des contradictions du dispositif constitutionnel, du vide politique, des insuffisances et surtout de l’absence de transparence du système électoral, de la nécessité d’agir en urgence pour sauver l’Algérie, le Mouvement de citoyenneté avait proposé une période de transition politique visant la mise en place des fondements de la IIe République : un pacte de citoyenneté et une nouvelle Constitution consacrant un véritable Etat de droit.

Cette transition aurait été dirigée par des personnalités connues pour leur patriotisme et leur moralité, avec des objectifs clairs et transparents, fixés dans un véritable cahier des charges et une feuille de route pour sortir le pays du cercle vicieux de la médiocrité, de la corruption, de l’esbroufe. Cette transition, qui voudrait emprunter la voie de la sagesse et de la raison, aurait permis d’éviter le folklore électoral habituel et les scrutins préfabriqués auxquels personne ne croit.

Toutefois, aujourd’hui, les choses étant ce qu’elles sont, le Mouvement de citoyenneté entend forcément participer à l’élection présidentielle car, compte tenu de la nature de notre système, c’est une opportunité qui nous permettrait d’accélérer le processus de transition vers l’Etat de citoyenneté et la IIe République, malgré les vicissitudes du dispositif électoral et son manque de crédibilité.

Ce que nos compatriotes doivent savoir, c’est que le Mouvement de citoyenneté est résolu à changer pacifiquement, mais radicalement, le système de gouvernance en place. Notre Mouvement est déjà en ordre de marche et rien ne viendra à bout de notre détermination parce que nous savons que le peuple aspire à vivre dans un Etat de droit, fort et juste, qui aura anéanti tous les vestiges de la corruption sous toutes ses formes.

Mehdi Bsikri

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