- Les autorités locales affirment que cette opération touchera toutes les communes de la wilaya et promettent une application stricte de la loi, sans passe-droit.
Accusées depuis longtemps d’être laxistes et permissives face aux commerçants «squatteurs» de trottoirs, les autorités de la wilaya de Boumerdès sont finalement passées à l’action.
Lancée la semaine dernière à Bordj Menaïel, l’opération de démolition des extensions commerciales anarchiques est passée à la vitesse supérieure avant-hier en ciblant les extensions anarchiques érigées sur certaines artères de la cité 11 Décembre, au chef-lieu de wilaya.
L’action des services de la commune, appuyés par un important dispositif de sécurité, a visé les commerçants ayant érigé des locaux et devantures illégales et anarchiques sur les trottoirs.
Les engins de l’APC sont entrés en action sans préavis apparent, commençant par un local de vente de fruits et légumes jouxtant la boulangerie Bardioui, avant de s’attaquer à d’autres extensions dont celle du célèbre restaurant Oum Dourmane.
Ces premières démolitions ont donné le ton, aucun commerçant ne sera épargné, quel que soit son statut ou son influence.
«Fini l’impunité! La loi sera appliquée avec toute sa rigueur à tout le monde, sans complaisance aucune», a assuré un responsable du service de l’urbanisme, soulignant que les devantures ne doivent pas dépasser 1,2 m.
- Une opération à généraliser
Pour éviter les risques d’électrocution lors des travaux de démolition, les services de Sonelgaz ont coupé le courant pendant toute la journée au niveau des quartiers ciblés, ce qui a suscité le courroux de beaucoup d’habitants.
Sitôt informés, les récupérateurs de métal et d’aluminium se sont empressés sur les lieux, donnant certaines ruelles des airs de chantier improvisé.
Pour beaucoup d’habitants, cette opération de démolition était devenue nécessaire.
«L’Etat aurait pu sévir contre ces commerçants indélicats depuis longtemps, mais il vaut mieux tard que jamais», glisse un vieux, le journal entre les mains.
Les extensions anarchiques qu’on retrouve sous forme de marquises, de vitrines avancées, de terrasses et de plateformes diverses non seulement gênent la circulation des piétons, mais ont fini par défigurer plusieurs boulevards.
«Certains ont bâti leurs boutiques sur la voie publique!», s’indigne un citoyen qui souhaite la généralisation de cette opération à travers les grandes villes de la wilaya, à l’instar de Bordj Menaïel, Boudouaou, Issers, Khemis El Khechna, Dellys, etc.
Comme attendu, les travaux de démolition ont provoqué la colère de plusieurs commerçants. Certains affirment n’avoir pas été prévenus à temps.
«Non seulement on n’a pas été informés, mais on ne nous a pas laissé le temps de démonter les structures pour limiter les pertes», déplore Merzak, gérant du café jouxtant l’école primaire Mohamed-Kerchou.
«Nous ne sommes que des locataires, ce n’est pas nous qui avons réalisé ces extensions», fulmine un vendeur de vêtements.
Intraitable, la police de l’urbanisme a mené sa mission avec professionnalisme malgré les récriminations des uns et des autres.
«L’occupation illégale des trottoirs sans autorisation constitue une infraction passible de prison. La loi n°23-18 du 4 décembre 2023 prévoit jusqu’à 12 ans de prison et 1,2 million de dinars d’amende pour les constructions illégales sur le domaine public», explique Abderrahmane (67 ans), ancien inspecteur de l’urbanisme.
- Appliquer le droit de place
Pour lui, cette campagne de démolition des commerces anarchiques doit s’inscrire dans une large stratégie visant la préservation des espaces publics et garantir leur meilleure gestion, afin de renflouer les caisses de la collectivité.
Une étude menée en 2027 à Boumerdès démontre que l’application du droit de place pourrait générer 54 milliards de centimes par an à la collectivité.
«On a plus de 40 cafés qui exploitent actuellement des terrasses sans autorisation ni contrepartie financière», explique un ancien élu qui plaide pour une régularisation de certaines activités par le biais de redevances plutôt que par la répression systématique.
«La démolition doit être réservée aux cas flagrants de squat et d’atteinte à la voie publique», ajoute-t-il.
Au-delà de son impact sur la mobilité et la salubrité urbaine, l’opération d’avant-hier sonne comme un avertissement aux commerçants avides d’espaces et autres adeptes de gain facile.
Beaucoup de citoyens espèrent que cette reconquête des espaces publics, déjà engagée dans d’autres wilayas, soit accompagnée par d’autres actions visant une meilleure organisation des activités commerciales dans nos villes.
Photo: Extension anarchique des commerces. El Watan
Ramdane Koubabi
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Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ramdane Koubabi
Source : elwatan.dz du mercredi 12 Novembre 2025