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Algérie - Vingt-deux ans après la catastrophe naturelle: Boumerdès tourne la page du séisme… mais n’oublie pas


Algérie - Vingt-deux ans après la catastrophe naturelle: Boumerdès tourne la page du séisme… mais n’oublie pas
Vingt-deux ans se sont déjà écoulés depuis le séisme du 21 mai 2003. Le bilan de cette catastrophe naturelle qui a frappé la wilaya de Boumerdès et ses environs est très lourd. On parle de 2.278 morts, 7.000 blessés, 15.000 sans-abris, des centaines de disparus et d’importants dégâts matériels.

Au lendemain de cette catastrophe, l’Etat a mobilisé tous les moyens pour reloger les sinistrés et reconstruire ce qui a été démoli. Plus de 14.000 chalets ont alors été réalisés à travers 93 sites, permettant aux sinistrés de ne pas passer l’hiver dans les tentes. En parallèle, un vaste programme de relogement des familles sinistrées a été engagé.

Aujourd’hui, peu de traces subsistent de cette catastrophe. Plus de 95% des chalets ont été éradiqués et les terrains (300 ha) ont été récupérés pour la construction des équipements publics. Les dernières opérations de relogement sont prévues d’ici la fin de l’année dans les localités de Tidjellabine et Zemmouri.

«Il reste 735 chalets à Benyounès, Zemmouri El Bahri et Zaâtra. Leur éradication a été retardée à cause des retards enregistrés dans la réalisation du programme de 1.170 logements à la sortie du chef-lieu», a précisé un élu à l’APC de Zemmouri.

Dans les autres communes, le défi est presque relevé, mais les douloureux souvenirs du séisme sont toujours dans les esprits.

Dans une déclaration à l’APS, le directeur du logement affirme qu’en sus du relogement «de plus de 11.000 familles sinistrées, dont les habitations ont été totalement détruites, 3.300 autres ont été destinataires d’aides financières individuelles pour reconstruire leur maison ou acquérir des logements neufs. L’Etat a restauré, par ailleurs, plus de 95.000 logements endommagés à des degrés divers, tout en accordant des subventions et aides directes à des sinistrés afin de procéder eux-mêmes à la reconstruction de leur logement».

S’agissant des infrastructures, l’Etat s’est concentré d’abord sur la reconstruction des écoles avec la réfection de 332 établissements et la reconstruction de 31 autres, ainsi que la réhabilitation de 67 infrastructures universitaires, entre résidences et salles de cours, auxquelles s’ajoutent la reconstruction de la bibliothèque universitaire et des facultés des sciences et de droit, a indiqué à l’APS, Redouane Zerara, chargé des projets et du suivi du dossier du séisme à la direction du logement de la wilaya.

Dans le secteur de la santé, la wilaya a dû reconstruire l’hôpital de Thénia et deux centres hospitaliers, outre la réfection de trois hôpitaux.

Le secteur des travaux publics a été concerné, pour sa part, par la réfection de 10 ouvrages d’art et des ports de Zemmouri et Dellys, outre la restauration de 85 mosquées et la reconstruction de cinq autres, de la maison de la culture de Boumerdes et de 10 centres culturels, a-t-il ajouté.

- Tirer la leçon

Pour faire face à d’éventuelles catastrophes, l’Etat a renforcé le dispositif régissant les normes de construction et augmenté le niveau de risque sismique dans les régions du nord du pays. La wilaya de Boumerdès est classée dans la zone à risque sismique de niveau 3 avant de passer au niveau 6 en 2024.

Ce reclassement a entraîné la modification des normes et règles de construction, parallèlement à l’actualisation des règles parasismiques algériennes, dans leur dernière version RPA 2024, a souligné le même responsable, précisant que d’autres mesures ont été introduites en matière de construction et d’urbanisme.

Il a cité l’obligation de recourir à des bureaux d’études spécialisés pour le suivi de la réalisation des constructions et la délimitation du tracé de la faille sismique et de son épicentre qui doivent désormais être impérativement pris en compte dans tous les plans de projets de construction, d’aménagement et d’urbanisme.

Cependant, beaucoup reste à faire dans ce domaine.

Malgré l’existence d’un cadre juridique draconien, beaucoup de particuliers et promoteurs immobiliers continuent à piétiner les règles les plus élémentaires de l’urbanisme en réalisant des logements sur les lits des oueds ou dans les zones inondables.

Cette anarchie urbanistique est constatée même au chef-lieu de wilaya où des promotions immobilières ont poussé sur les rives de l’oued Tatareg ou près du tracé de la faille sismique.

A Foes et Aliliguia, des dizaines de constructions individuelles ont été transformées en immeubles collectifs par de faux promoteurs immobiliers.

Ailleurs, sur le littoral, des dizaines de constructions anarchiques continuent de pousser comme des champignons dans les zones devant recevoir des projets d’hôtels et de complexes touristiques.

Visiblement, la leçon du séisme de 2003 est loin d’être retenue.

Photo: Boumerdès a achevé sa reconstruction, mais les violations des règles d’urbanisme montrent que les leçons n’ont pas été pleinement retenues

Ramdane Kebbabi
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