Algérie - Pollution

Algérie - Résidus pétroliers à Hassi Messaoud: Des dizaines de dromadaires victimes




Algérie - Résidus pétroliers à Hassi Messaoud: Des dizaines de dromadaires victimes


L’association Al Qafila pour la protection de l’environnement de Hassi Messaoud a tiré la sonnette d’alarme sur le danger planant sur les cheptels de dromadaires après avoir découvert, la semaine dernière, lors d’une patrouille de routine, deux cadavres de dromadaires affalés près des bassins d’eau destinés à l’abreuvement des dromadaires dans la zone de Khouildet près de Hassi Messaoud. Les dromadaires sont en danger. Les déchets industriels non traités, les décharges sauvages et les chiens errants sont entre autres les causes de cette situation. Détails.

L’association a affirmé par la suite que la cause du décès était due à la consommation d’une pâte contenant de la levure chimique provenant de la décharge publique du quartier Kelwa de la même commune.

Dans le même contexte, l’association a appelé les propriétaires de dromadaires à retirer leur bétail en pacage dans cette zone et appelé les autorités locales à prêter attention au danger que constitue les décharges utilisées par les bases vie appartenant au secteur pétrolier qui constitue une source disponible et à portée des troupeaux à la recherche de pacage dans les zones désertiques périurbaines des champs pétroliers.

L’immense zone vit depuis 2018 une succession d’années chaudes et sèches, ce qui a entraîné de dramatiques pertes d’individus camelins vu la pénurie chronique d’eau et l’absence de végétation quand les bêtes ne s’enlisent pas dans un bourbier ou sont écorchées vives en tentant d’escalader les clôtures. Même topo à Tin Torah et Tenimri, dans la wilaya d’Illizi, où plusieurs dromadaires ont péri dernièrement en raison de la détérioration du couvert végétal et du manque des pâturages dû à la sécheresse enregistrée durant plusieurs années confrontant ainsi le camelin à des conditions de vie difficiles dans sa zone de prédilection avec une montée en croissance des dangers d’intoxication, d’enlisement et d’accidents routiers.

- Alerte

Les déchets industriels non traités, les décharges sauvages et les chiens errants, ainsi que les accidents de la circulation, les bourbiers d’eau polluée, le manque de zones de pâturage dû à la désertification, et la propagation de maladies mortelles sont les principales causes de la dégradation de la situation qui alarme au plus haut point les éleveurs autant que les adhérents de l’association que la recrudescence des décès inquiète.

C’est à cet égard que le président du Conseil interprofessionnel national de la filière cameline, Abdelkader Touissa, a souligné – lors d’un atelier national organisé à l’Institut national de recherche agronomique d’Alger – que les éleveurs sont confrontés à des problèmes, notamment le manque de complément alimentaire, d’approvisionnement en eau et d’énergie solaire, en plus de l’exposition des cheptels à de nombreuses maladies. Ainsi, plus de 70 chameaux sont morts durant la seule année 2019 du fait du manque de pacage et du recours aux déchets pétroliers pour se nourrir.

Le directeur de la Chambre d’agriculture de la wilaya de Ouargla, Okba Choukri Bouziani, souligne, de son côté, la nécessité de sensibiliser les éleveurs à éviter la méthode traditionnelle d’élevage en raison des nombreux dangers qu’elle comporte, notamment l’exposition de ce bétail aux accidents de la circulation, aux chiens errants, au vol et autres pertes auxquelles sont exposés les dromadaires du fait des empoisonnements résultant des déchets des zones d’exploitation pétrolières dans le Sahara. La situation induite par le retard cumulé à traiter les bourbiers pétroliers, malgré une prise en charge plus active ces dernières années en respect des normes de sécurité environnementale et sanitaire, cause énormément de dégâts chez le camelin, ajoute-t-il.

- Promesse

Le directeur de la Chambre d’agriculture n’a eu de cesse d’appeler à protéger le patrimoine camelin exhortant les éleveurs à protéger cette espèce menacée désormais et qui constitue une source de subsistance pour bon nombre d’entre eux, et interpellant les plus hautes autorités du pays à ce propos afin de mettre fin aux souffrances des éleveurs de dromadaires en réglant définitivement le problème des résidus pétroliers laissés par les compagnies pétrolières après les opérations d’exploration, où les chameaux pâturaient à proximité sont la proie de substances industrielles et chimiques toxiques.

La profession exige de généraliser les clôtures autour des champs pétrolifères de la région après l’achèvement des travaux de forage avant de quitter les sites exploités, un engagement pris par la ministre de l’Environnement, Dalila Boudjemaâ, lors d’une visite d’inspection à Hassi Messaoud, trois ans plus tôt. La ministre avait alors promis de prendre des mesures dissuasives et de punir quiconque enfreignant la loi relative à la préservation de l’environnement, en plus d’imposer un contrôle sur les entreprises de forage pour freiner ce phénomène de souffrance animale et dépérissement du cheptel camelin.

L’Algérie enregistrerait le taux le plus élevé de décès de chameaux, selon le Dr Hamed Aqeb Mohammed, expert vétérinaire dans le domaine des races de cameline auprès de l’Organisation arabe pour le développement agricole, qui a révélé que le taux de mortalité du dromadaire en Algérie est relativement élevé par rapport à d’autres pays arabes, également concernés, la Tunisie, le Yémen et le Soudan. Cet expert explique que 27% des dromadaires décèdent annuellement à la naissance, soit une moyenne de 6,9% du cheptel.

Estimant la moyenne des décès des camelins adultes à 7,7 % par rapport aux mêmes pays. Il explique également que des études de terrain sur la réalité de l’élevage camelin dans les zones désertiques d’Algérie ont montré que la filière fait face à plusieurs difficultés, dont la plus importante est le manque des pâturages, suivi des problèmes d’eau, et des maladies, telles que la gale et les pathologies de l’appareil digestif et respiratoire qui représentent une menace pour le bétail en Algérie.

Le scénario le moins pessimiste pour le caméléologue, le Pr Abdelkader Adamou, de l’université de Ouargla, reste de conforter la tendance actuelle au semi-nomadisme dans ce type d’élevage et de trouver des formes d’intégration qui permettront la perpétuation de l’interdépendance entre l’homme, l’animal et la plante à même de garantir l’équilibre écologique et sa préservation des dangers actuels, tout en favorisant le bénéfice des bienfaits du monde moderne, soulignant que le dromadaire suscite un nouvel intérêt auprès de nombreux pays où il connaît une véritable réhabilitation.

A remarquer que la plupart du cheptel est réparti sur des zones pastorales reculées, notamment El Merk située entre Ouargla et Illizi, les régions de Hassi Messaoud, Taibet, Oued N’ssa et El Hedeb.



Photo: D. R.

Houria Alioua
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