Algérie - GEOGRAPHIE

Algérie - Pour éviter le scénario de 2021: L'Algérie affrète six avions de lutte contre les incendies



Algérie - Pour éviter le scénario de 2021: L'Algérie affrète six avions de lutte contre les incendies


Le ministère de l'Intérieur a affrété 6 avions pour les besoins de la lutte aérienne contre les incendies de forêts et la direction générale des forêts a bénéficié d'une rallonge de budget de 3,9 milliards DA pour mettre en œuvre son programme de prévention et de lutte contre ce fléau.

Selon la directrice de la protection de la flore et de la faune au niveau de la direction générale des forêts, Ilhem Kabouia, l'affrètement des 6 appareils d'intervention par voie aérienne s'est fait en prévision de la saison estivale particulièrement juillet et août, deux mois où se déclarent en général les feux de forêts. «Pour cette année, nous nous sommes pris à temps, l'urgence est en effet pour nous d'affréter des moyens de lutte par voie aérienne», a-t-elle déclaré. Elle l'a fait lors d'une conférence de presse tenue au CIC en marge du 1er séminaire algéro-canadien sur la lutte contre les feux de forêts par les moyens aériens. Organisé par le Conseil de développement Canada-Algérie (CDCA) que préside Ghani Kolli, un Canadien d'origine algérienne, et parrainé par le ministère de l'Agriculture, le séminaire a réuni des spécialistes et des experts en aéronautique, algériens et canadiens pour déterminer ensemble «les technologies, les produits et les solutions envisageables pour la lutte contre les feux de forêts par les moyens aériens et surtout d'identifier les axes de coopération dans le domaine ». L'idée de réfléchir ensemble sur une telle thématique est venue de la diaspora algérienne résidente au Canada qui, selon Kolli, est «récente et naissante (et) peut intervenir dans toutes les sphères économiques en Algérie, mais elle fait face à la bureaucratie et attend de voir les nouveaux mécanismes d'investissement».

Pour sa part, l'ambassadeur du Canada à Alger a dit de cette diaspora qu'elle est «forte et prospère et sur laquelle on compte». A l'ouverture de la rencontre, Callam Michael en poste à Alger, il y a à peine quelques mois, a évoqué «le dynamisme et le potentiel des relations bilatérales entre les deux pays». Il a fait savoir qu'entre autres échanges entre eux «le Canada a exporté cette année en Algérie des produits aérospatiaux pour un montant de 12 millions de dollars».

- «Un scénario qui ne devrait plus se produire»

Le président du CDCA, Ghani Kolli, a noté que «beaucoup de pays dans le bassin méditerranéen font face au défi des feux de forêts, l'Algérie tout particulièrement». Il en veut comme exemple «les feux de forêts de l'été dernier où le pays a enregistré des victimes civiles et militaires».

Un drame sur lequel est revenu en plénière Ilhem Kabouia qui, en préambule du séminaire, a présenté un bilan des feux de forêts de 2021 et le dispositif de la campagne 2022. «Ce séminaire est une bonne initiative qui arrive au bon moment parce qu'en 2021, on a eu un important patrimoine forestier brûlé et un certain nombre de décès, un scénario qui ne devrait plus se produire», a-t-elle dit. En juillet et août de l'année dernière, a-t-elle rappelé, «les feux ont fait des ravages en Algérie, malgré tous les moyens, on a eu des difficultés à les maîtriser». Le pays a enregistré 101.000 hectares de forêts calcinées suite à la déclaration de 1.631 foyers. «En général, ce sont des essences forestières et le pin d'Alep qui sont brûlés mais l'année dernière c'était le chêne-liège, c'est donc une économie qui a été touchée», a-t-elle précisé. Elle rapporte que «70% des superficies incendiées l'ont été durant une semaine seulement (72h00 et 291 foyers).» Et «90% des causes proviennent des actions anthropiques très fréquentes volontaires ou non (travaux agricoles, décharges sauvages, tourisme en forêt, défrichements». Mais à part qu'ils ont une capacité «4 de 4.000 litres et 2 de 6.000 litres», Kabouia ne dira pas plus sur le fret par l'Algérie des 6 avions pour la lutte contre ces feux «parce que ça relève du ministère de l'Intérieur». Elle a cependant expliqué que «toutes les actions de prévention doivent être entreprises entre le 1er juin et le 31 octobre de cette année». Mais, indique-telle, «avec les restrictions budgétaires décidées depuis 2015, malheureusement, nous n'avons pas pu réaliser ce qui doit l'être mais on a pallié au plus urgent (débroussaillement, aménagement, prévention, mise en place organisations, comités, commissions)». Elle a annoncé en conférence de presse que «la DGF a reçu une rallonge budgétaire de 3,9 milliards DA pour les besoins de la prévention et de la lutte contre ces fléaux».

- «Ma tkhalouhach tenhrag»

Selon la responsable à la DGF, «la commission nationale à cet effet a été installée la semaine dernière par le ministre de l'Agriculture (qui en est le président), les commissions de 40 wilayas (à incendies) l'ont été en avril dernier ainsi qu'entres autres, 468 comités au niveau des daïras en plus des comités communaux, comités de riverains, les scouts, diverses associations en collaboration avec celles des chasseurs, 41 postes de vigiles, 513 brigades mobiles, 361 points d'eau, 2381 ouvriers…» Par ailleurs, «instruction a été donnée aux walis pour l'amélioration de toutes les commissions pour qu'elles aillent au fond des missions qui leur sont allouées», a-t-elle noté.

«Cette semaine, nous avons élaboré une nouvelle stratégie de prévention et de lutte impliquant société civile et populations locales», a dit Kabouia. En outre, «cette année, on a renforcé Oran et Aïn Témouchent qui ont reçu 80 nouveaux véhicules en prévision des Jeux méditerranéens», fait-elle savoir. Autre annonce, Kabouia a fait part d'un projet de recherche pour la construction par le CRTI de Cheraga de drone pour la surveillance et l'alerte précoce contre les feux de forêts. En attendant, on apprendra dans les coulisses du CIC que le ministère de la Défense nationale (MDN) importera prochainement de Russie des moyens aériens de lutte contre les feux de forêts.

Le slogan de la DGF pour la campagne de cette année, «Ma tkhalouhach tenhrag (ne la laissez pas brûler (la forêt)».

Le président du CDAC a fait savoir lors de la conférence de presse que les ateliers prévus hier dans l'après-midi devaient plancher sur «le côté technique et technologique, sur l'opérationnel de lutte contre les feux de forêts dans un territoire énorme comme l'Algérie qui en est déficitaire». Les participants devaient en formuler «les recommandations nécessaires». Il est question pour les organisateurs du séminaire de «préparer 2024 dès aujourd'hui parce qu'une campagne de lutte se prépare sur un cycle moyen et long, ça prend au moins deux ans pour préparer une stratégie de lutte», a précisé le président du CDAC. Il a fait savoir que «des partenaires canadiens ont été identifiés pour le fret de moyens aériens de lutte contre les incendies de forêts en Algérie».

Il a notamment tenu à dire que «les Algériens doivent s'imprégner de l'expertise et de l'expérience canadienne, c'est un domaine très complexe, il faut une prise de conscience, pour qu'ils puissent élaborer une feuille de route et tracer un programme de travail».

- «Le temps de réaction doit être inférieur à 15 minutes»

Le directeur du développement dans la compagnie Conair, spécialisée dans la fabrication des moyens aériens de lutte contre les incendies de forêts, Jeff Berry, a déclaré pour sa part qu'«on attend que les Algériens formulent une vision à long terme, il s'agira pour nous de leur transférer un savoir-faire, on aimerait trouver des opérateurs publics ou privés qui disposent d'appareils aériens pour les aider à former des pilotes, il faut une empreinte locale très forte pour réussir dans le domaine de la formation, la transformation et pour que le pays devienne autonome et efficace en matière de lutte». Il a fait un exposé en plénière sur comment «anticiper, adapter, agir» en matière de moyens humains et matériels dans un contexte de lutte en concluant que «entre la détection et le déploiement des moyens aériens pour maitriser un feu, le temps de réaction doit être inférieur à 15 minutes».

La coopération algéro-canadienne va au-delà de ce domaine et touche selon le président du CDAC «le secteur des mines pour lesquelles le Canada est experte en matière d'identification et d'extraction, le développement des start-up et des technologies de pointe, la protection de l'environnement, les changements climatiques, la diversification de l'économie, la gouvernance». Plus encore, le président du CDAC a avancé l'idée «actuellement en gestation» de mettre en place «une plate-forme algéro-canadienne de fabrication en aéronautique qui en premier va se spécialiser en moyens aériens de lutte contre les feux de forêts et pourquoi pas se développera dans le domaine pour les besoins de l'aviation civile et militaire». L'ambition du CDAC est de faire de l'Algérie «un leader dans le Maghreb et l'Afrique». Mais en premier, le président du CDAC affirme qu'il est nécessaire «de faire un travail d'image de l'Algérie, un travail de marketing parce que c'est un pays qui reste extrêmement très peu connu».




Photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration

par Ghania Oukazi
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