Algérie (Mostaganem) - Les figuiers de barbarie ravagés par un parasite

Les figues de barbarie, fruit emblématique de la région de Mostaganem, traversent une crise sans précédent. Ravagés par une invasion de cochenilles, des hectares de cactus ont été décimés, plongeant la production de ce fruit tant apprécié dans une rareté extrême.

Ce phénomène n’affecte pas seulement les producteurs locaux, mais bouleverse également les habitudes des consommateurs, qui voient les prix de ce fruit exploser. La cochenille, un insecte microscopique mais dévastateur, a envahi la région. Lentement, mais sûrement, elle dévore les cactus, rendant les raquettes - ces bras du cactus qui portent les fruits - fragiles et tombantes. Autrefois verdoyants et fertiles, les figuiers de barbarie sont désormais marqués par des traces blanches, signes de l’invasion du parasite. A plusieurs endroits de la wilaya, les vergers entiers ont été anéantis, laissant derrière eux un paysage dévasté.

Un agriculteur quinquagénaire regarde son verger avec un mélange de désespoir et de colère: «J’ai perdu presque toute ma récolte», raconte-t-il la voix brisée.

«Les cactus étaient tout pour nous. La figue de barbarie n’était pas seulement une culture, c’était notre source de revenu, notre espoir pour l’avenir».

Ses terres sont désormais envahies par la cochenille, et l’arrachage des cactus infestés est la seule option pour limiter les dégâts. Mais cette méthode, bien que nécessaire, ne suffit pas.

«On arrache, on brûle, mais la cochenille continue de se propager. C’est une guerre sans fin».

Autour de lui, d’autres agriculteurs partagent le même sentiment d’impuissance.

«La figue de barbarie est devenue un luxe, un fruit que peu peuvent s’offrir aujourd’hui», poursuit Feffah en observant les prix qui flambent.

Sur les étals des marchés locaux, la figue de barbarie est devenue une rareté précieuse. Les autorités, conscientes de l’ampleur du phénomène, ont mis en place des mesures pour tenter de contrôler la situation. L’abattage et la destruction des cactus infectés restent les seules solutions efficaces pour limiter l’infestation.

La disparition de la figue de barbarie à Mostaganem ne concerne pas seulement les producteurs. Ce fruit, qui fait partie intégrante de l’identité culinaire et économique locale, représente un patrimoine culturel en péril.

«Nous avons besoin de solutions durables, pas seulement de mesures temporaires», plaide Feffah, se tournant vers les autorités locales pour demander plus de soutien.

«Si cette situation persiste, le cactus et la figue de barbarie pourraient disparaître de notre région, et avec eux, un savoir-faire ancestral».

Photo: Un figuier de Barbarie infesté par la cochenille. D. R.

Lakhdar Hagani