Algérie - Revue de Presse

Algérie-Libye: ni reniement ni «Canossa»



L'Algérie, c'est l'évidence même, n'est pas indifférente à ce qui se passe dans la Libye voisine. Son intérêt est que ce pays renoue avec la stabilité et que le nouveau pouvoir qui a remplacé celui de Kadhafi soit en capacité de mettre un terme à l'anarchie qui prévaut en Libye, facteur de risques sécuritaires pour l'Algérie et toute la zone sahélo-saharienne. Entre les autorités algériennes et ce nouveau pouvoir, il y a eu incontestablement mésententes et divergences qui ont fait que les relations bilatérales des deux Etats en ont été négativement impactées.
Il n'est de l'intérêt d'aucune des deux parties que ces relations restent conflictuelles. Le pragmatisme leur fait obligation de les assainir et de les normaliser. La visite effectuée à Alger par le président du Conseil national de transition libyen (CNT) Mustapha Abdeljalil s'est inscrite dans cette démarche. Qu'il ait fait le déplacement à Alger, cela prouve que les relations entre le CNT qu'il préside et les autorités algériennes ont favorablement évolué et sont manifestement moins crispées et polémiques qu'elles l'ont été pendant la crise libyenne et aux premiers pas du nouveau pouvoir libyen après la chute du régime de Kadhafi. Le réchauffement des rapports bilatéraux algéro-libyens s'est opéré en plusieurs étapes au biais de rencontres officielles à plusieurs niveaux ayant donné lieu à de « franches » explications sur la position que l'Algérie a adoptée dans la crise libyenne et les griefs qu'elle a suscités contre elle en Libye. Apparemment, la visite à Alger de Mustapha Abdeljalil a mis un terme à la brouille entre les deux pays et scellé leurs retrouvailles.
Il est faux cependant de conclure comme l'ont fait certains analystes que l'Algérie a été seule à rechercher la normalisation de ses relations avec la Libye. Encore plus faux que ses autorités ont cherché à obtenir cette normalisation même au prix du reniement de la position algérienne dans la crise libyenne. L'hôte libyen de Bouteflika est sans contexte plus hâtif à renouer de bonnes relations avec les autorités algériennes. Pour la raison qu'il a besoin du soutien d'Alger pour asseoir le nouveau pouvoir libyen qu'il préside dont l'autorité est battue en brèche par les factions qui s'en disputent le contrôle. Abdeljalil a dû réviser son attitude à l'égard d'Alger au constat que les puissances étrangères qui l'ont propulsé au statut de chef de file des dirigeants de l'insurrection anti-Kadhafi s'empressent moins à l'aider à consolider le nouveau pouvoir libyen qu'il préside. Parmi les forces qui sont en train de miner l'autorité du CNT qu'il dirige, il en est dont il sait que l'Algérie voit d'un mauvais 'il la tentative de le déstabiliser et l'évincer au final. L'appui algérien est de ce fait ce qu'il est venu demander.
Dans l'intérêt bien compris de l'Algérie, Bouteflika le lui a manifesté. Sans avoir eu besoin de faire «amende honorable» sur la position algérienne dans la crise libyenne. Sans se dédire également concernant l'asile accordé par l'Algérie à la femme et aux enfants de l'ex-guide libyen. En recevant avec les égards protocolaires le président du CNT libyen, Bouteflika n'a pas été à «Canossa» comme le suggèrent certains de ses ennemis politiques. Il a habilement créé les conditions à une rencontre décrispée entre lui et son hôte. Il est impératif que l'Algérie et la Libye en finissent avec leur brouille et coopèrent pour faire barrière aux menées qui visent à la désintégration de la Libye et l'extension à partir de son territoire de la zone de turbulences, qui sans cela englobera inévitablement le Sud saharien algérien.


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