Algérie - Revue de Presse

Algérie : les statistiques de l'emploi des jeunes explosent, la précarité aussi



Un an après les décisions adoptées en février 2011 dans un contexte émeutier en Algérie, révolutionnaire dans le voisinage tunisien, les dispositifs destinés à développer l'emploi des jeunes sont en plein essor. Leur impact économique réel est cependant sujet à controverse.

Les chiffres communiqués dernièrement par le ministère du Travail donnent le vertige. En 2011 les différents dispositifs d'aide à l'emploi auraient contribué à l'embauche de plus de 660 000 demandeurs d'emplois, soit une hausse de près de 150% par rapport aux 270 000 emplois créés en 2010. Des statistiques en pleine explosion depuis que le Conseil des ministres du 22 février 2011 a décidé de passer à la vitesse supérieure dans le domaine devenu ultra-sensible de l'insertion des jeunes, les titulaires de diplômes en particulier, dans le monde du travail. Tous les emplois créés n'ont pas le même statut. Dans le segment haut de gamme, le bilan des activités de l'Ansej pour l'année 2011 était attendu avec beaucoup d'intérêt. Les chiffres communiqués par son DG, M. Mourad Zemali, confirment tout d'abord la montée en puissance de l'Ansej. Avec près de 43.000 micro-entreprises financées et plus de 92 000 emplois créés l'année dernière, l'Ansej double pratiquement ses résultats de 2010 et les multiplie par 4 par rapport à 2009. A l'origine de l'accélération des activités de l'agence en 2011, M. Zemali mentionne les décisions prises le 22 février qui ramènent l'apport personnel au niveau symbolique de 1 ou 2% du montant de l'investissement ainsi que les facilitations dans l'accès aux locaux. Outre la «démocratisation» de l'accès aux crédits d'une agence qui avait, encore il n'y a pas si longtemps, la réputation d'être réservée aux rejetons d'une nomenklatura nationale, le bilan dressé par ses responsables tente de répondre à diverses objections formulées couramment au cours des dernières années. L'Ansej est-elle une «agence de transport» ? Non , semble répondre M.Zémali qui indique que le transport de marchandises représente (quand même) environ 16 000 des projets lancés en 2011 et le transport de voyageurs seulement un peu plus de 1500 localisés particulièrement dans le Sud du pays. Le reste des projets accompagnés par l'agence concerne surtout par ordre d'importance, les services, le BTP et l'agriculture.

Les «déperditions» voire les détournements de crédits souvent évoqués par la presse nationale sont d'autre part minimisés par le DG de l'Ansej qui assure que «les micro-entreprises sont de bons clients pour les banques» en mentionnant curieusement à l'appui de cette affirmation la fourchette très large et néanmoins très élevée d' «impayés qui varient entre 12 et 35%».Mourad Zemali tranche enfin la question essentielle de la viabilité économique des entreprises créées dans la cadre de l'Ansej en affirmant que leur taux de mortalité ne dépasse pas 2,5% et concerne seulement 3000 entreprises «dont nous avons la liste» ,sur les 170 000 créées depuis 1997.

LES «EMPLOIS D'ATTENTE», PARADE AU CHOMAGE DE MASSE

Même s'ils sont loin de faire l'unanimité et ont donné lieu notamment à de nombreuses critiques de la part du patronat, les dispositifs liés à la micro-entreprise paraissent donner des résultats économiques. Il n'en est pas de même du reste des mesures adoptées par le gouvernement dans le domaine de l'emploi des jeunes qui relèvent plus d'un «traitement social du chômage» que d'une véritable politique de l'emploi. La précarité des dispositifs mis en place dans ce domaine est régulièrement soulignée dans les témoignages recueillis par la presse nationale .De jeunes diplômés de l'enseignement supérieur s'y plaignent de salaires «ne dépassant pas 9500 dinars».dans le cadre de contrats de travail à durée déterminée dont la durée n'excède pas une année et qui n'offrent que très rarement des perspectives de titularisation. Ces dispositifs assez peu connus et médiatisés concernent pourtant un nombre de plus en plus important de jeunes Algériens et sont pour l'instant la principale parade au chômage de masse mise en Å“uvre par les autorités algériennes. Les trois dispositifs de renforcement d'emploi permettaient au cours des dernières années de faire bénéficier les 200.000 jeunes employés, chaque année dans ce cadre d'une rémunération mensuelle en général largement inférieure au salaire minimum. Les décisions adoptées en février 2011 portaient sur l'extension de 9 mois à 12 mois des contrats de travail relatifs à ces «emplois d'attente».Leur nombre est en 2011 en croissance exponentielle et devrait dépasser 400 000 placements réalisés principalement dans les administrations ou les collectivités locales. La création des contrats de pré-emploi à des objectifs plus ambitieux. Située à la frontière entre le traitement social et le traitement économique, cette mesure mise en place depuis quelques années prend partiellement en charge les salaires des jeunes primo-demandeurs d'emplois pendant une période pouvant aller jusqu'à 3 ans .Un dispositif bien assimilé par les employeurs du secteur privé qui après avoir recruté dans ce cadre plus de 20 000 jeunes diplômés en 2010 se sont engagés, selon le ministre du Travail, M Tayeb Louh ,à porter ce chiffre à près de 150 000 au cours des prochaines années.


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