Algérie - Indices et chiffres économiques

Algérie - Les «omissions» du FMI



Algérie - Les «omissions» du FMI




Une économie «très robuste». Une gestion «avisée» des ressources. De «solides» résultats financiers.

Tout comme elle l’avait déclaré dans une conférence de presse mercredi, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a assuré hier que l’économie algérienne se portait bien. Souriante, rassurante, l’ancienne ministre des Finances française parle de «bonnes performances». Le déficit est de 2%, la dette extérieure de 2% et les prévisions de croissance de 3.5% pour 2013. Hors contexte, ces chiffres peuvent paraître satisfaisants, surtout que de l’autre côté de la Méditerranée, on parle de récession. Mais les conclusions de Christine Lagarde et les mots choisis par ses collaborateurs lors de leurs interventions au cours de ces trois derniers jours ont irrité les spécialistes. «Il suffit de marcher dans les rues d’Alger pour voir que la situation économique n’a rien d’enviable. Le FMI se moque de nous !», s’emporte un expert algérien.

Car la directrice générale de la plus grande institution financière mondiale a également soigneusement choisi ses mots pour parler des «points à améliorer»: l’inflation, pourtant de 8.9% en 2012, évolue «favorablement» et le chômage est une «difficulté». Pourtant, tout bilan économique équilibré ne peut occulter la réalité des conditions de vie de la population. Les caisses de l’Etat sont pleines, certes, mais pas le porte-monnaie du citoyen. Car les prix sont subventionnés, les salaires augmentés sans maîtrise pour pallier la colère sociale et les emplois, parfois inutiles ou improductifs, ne créent pas de richesses. L’économie du pays n’a pas de fonctionnement rationnel. Tout constat honnête sur la situation économique du pays ne devrait pas non plus occulter l’inquiétante dépendance aux hydrocarbures. Les experts prédisent un épuisement des ressources pétrolifères et gazières d’ici 20 ans. Aujourd’hui, ces ressources génèrent 40% du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire de nos richesses. Comment remplacerons-nous les milliards de dinars qui n’arriveront plus? Par d’autres activités? Mais une usine ne se construit pas du jour au lendemain. Transformer une économie demande des années.

Que se passera-t-il dans ce laps de temps sans ressources? La pauvreté s’étendra. C’est parce que le risque est important que le FMI écrit dans chacun de ses rapports, depuis le début des années 2000, que l’Algérie doit diversifier ses sources de revenus. Mais les autorités algériennes n’ont rien fait. «Nous faisons les mêmes constats depuis plus de 20 ans. Rien ne bouge. Pourtant, tout le monde est au courant», souligne un ancien fonctionnaire de la Banque centrale. Le manque de volonté politique des autorités algériennes est souligné par tous les professionnels, sauf par ceux du FMI.

Yasmine Saïd



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