Algérie - Divers Agriculture

Algérie - Laid Benamor. Président du Comité interprofessionnel des céréales (CIC): "La sécurité alimentaire ne devrait pas être un rêve"


Algérie - Laid Benamor. Président du Comité interprofessionnel des céréales (CIC):
- Le ministre de l’Agriculture a indiqué récemment, dans une interview accordée à El Watan, que la stratégie de son département vise, entre autres, à réduire la part de 30% de couverture des besoins nationaux en produits alimentaires par le moyen de l’importation. Votre rôle en tant qu’acteurs et opérateurs est à la fois précieux et décisif. Comment vous vous situez par rapport à ces objectifs?

Nos gouvernants ont vraiment raison de prendre cette importante décision maintenant. Si on fait un petit retour en arrière pour revisiter le passé proche, nous remarquons que les Européens se sont appliqués aux mêmes procédés que les nôtres, en mettant en place une politique agricole commune PAC en 1957, afin de développer et améliorer les productions agricoles, ce qui leur a permis de passer du stade d’importateur, qui était le leur à cette époque, à celui d’exportateur dont ils jouissent aujourd’hui. Et, bien que la situation actuelle soit beaucoup plus confortable, ils (les Européens) continuent toujours à soutenir la production et la productivité dans le cadre de cette même politique.

Notre rôle, en tant qu’acteurs et opérateurs, consiste justement à relever ce genre de défis. Nous devons apprendre à nous faire confiance, nous nous devons d’estimer à leur juste valeur toutes nos potentialités et de faire aboutir toutes nos initiatives qui vont dans ce sens. Nous sommes conscients, qu’en tant que maillon d’une chaîne fortement dépendante, notre rôle est de réaliser nos objectifs, même les plus audacieux. De son côté, l’Etat a quand même consenti des efforts considérables et très avantageux qui n’existent nulle part ailleurs.

- La consommation nationale de céréales est élevée, puisqu’elle est estimée à 7 millions de tonnes chaque année. Il est prévu également une croissance annuelle de 10% de la demande sur les produits agricoles durant les prochaines années. Comment, d’après vous, qui êtes à la tête du CIC, peut-on agir face à cette évolution de la demande?

Pour vous répondre, je dois rester dans la même logique et sur les mêmes idées. Il est impératif que tous les acteurs de cette filière accordent leurs violons et unifient leurs efforts pour parvenir à concrétiser les objectifs escomptés. En plus clair, il nous faut produire plus et mieux, et non plus se contenter d’améliorer les rendements. Nous devons axer nos efforts aussi bien sur la quantité que sur la qualité afin de répondre aux besoins d’un consommateur de plus en plus exigeant.

Cet état de fait nous poussera à toujours évoluer en ajustant, au fur et à mesure, nos objectifs, en fonction des contraintes que rencontre chaque maillon de la chaîne. Ce n’est qu’en réduisant les décalages jusqu’à la synchronisation en total équilibre entre tous les intervenants que nous réussirons. Malheureusement, à l’heure actuelle, notre gros problème est que chacun navigue de son côté en ignorant ce qui se passe en amont et/ou en aval de son activité.

Pour progresser vers la souveraineté alimentaire escomptée, les experts recommandent à l’Algérie de dynamiser la production céréalière locale; à défaut, le pays resterait très exposé à la volatilité mondiale des prix des matières premières.

- Vous qui organisez un séminaire sur la sécurité alimentaire, comment peut-on, d’après vous, se prémunir de la tension sur les produits alimentaires et les prix sur les marchés internationaux?

Effectivement, j’ai évoqué dans ma précédente réponse le concept et l’objectif de réussite. C’est de cela qu’il s’agit en fait. C’est le rêve de tout bon citoyen d’arriver à l’autosuffisance alimentaire de son pays.

D’un autre côté, la sécurité alimentaire ne devrait pas être un rêve, cela ne dépend pas uniquement des pouvoirs publics à quelque niveau que ce soit, mais de l’implication de tous les concernés et de tous les acteurs.

Les pouvoirs publics ont mis en place des outils pour arriver à ce noble objectif, à nous maintenant, producteurs, transformateurs, chercheurs et experts, de conduire cette mission à bon port en unissant nos forces.

- Une dynamique appréciable semble surgir et animer les différents acteurs de la filière céréale depuis quelque temps. Des jonctions entre producteurs et industriels ont été créées. Comment évaluez-vous ces expériences naissantes reliant l’amont agricole à son aval?

Ce dont vous parlez est notre fierté, voire même notre cheval de bataille. Nous y avons cru et l’avons vécu pour une autre filière, à savoir la tomate industrielle.

Nous sommes convaincus que cela réussira par extrapolation à toutes les filières, y compris les céréales, puisque c’est de cela dont nous parlons.

- Une petite prospection de la filière des céréales nous a permis de constater que la communication est très faible, voire absente parfois, que la différence entre une région et une autre est considérable en termes de connaissances et de savoir-faire. Que dire quand on apprend qu’en 2012, il existe encore des agriculteurs qui sèment à la volée?

D’un autre côté, je ne suis pas de ceux qui disent que l’école algérienne n’arrive pas à produire des compétences, bien au contraire, nos jeunes diplômés (ingénieurs et techniciens) ont juste besoin d’être bien coachés et surtout qu’on leur fasse confiance en les impliquant dans nos défis. Je suis certain qu’on en fera d’excellents cadres de demain. Un autre domaine doit être soutenu, c’est celui de la recherche, sans lequel il nous sera difficile d’avancer à la cadence que nous espérons.

Ali Titouche


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