Algérie - Divers Agriculture

Algérie - Laïd Benamor. Président du Conseil interprofessionnel des céréales «Les agriculteurs ont besoin de visibilité pour investir»


Algérie - Laïd Benamor. Président du Conseil interprofessionnel des céréales «Les agriculteurs ont besoin de visibilité pour investir»




- Quel commentaire faites-vous sur la production céréalière jugée mauvaise cette année?

Ce sont les facteurs climatiques qui sont à l’origine de ce mauvais résultat et ce n’est pas propre à l’Algérie. La France, par exemple, connaît également une très mauvaise année, la pire depuis trente ans, et des pays en Amérique du Nord ont aussi enregistré un niveau de pluviosité pas très favorable à la production. Nous espérons faire mieux l’année prochaine.

- Est-il normal d’imputer les mauvais résultats aux seuls problèmes climatiques?

Globalement, la production agricole est liée essentiellement aux conditions météorologiques. On ne peut pas dissocier l’agriculture du climat. Reste que les bons et les mauvais rendements sont liés aussi à la maîtrise des nouvelles techniques ou à la qualité des semences. Il y a quelques cultures comme la tomate qui ont enregistré de bons résultats, même si les besoins en pluviosité ne sont pas les mêmes que pour les céréales. Au Conseil interprofessionnel des céréales, nous œuvrons à maîtriser au mieux ces difficultés climatiques.

- Justement, on parle chaque année de l’irrigation d’appoint comme la solution à ces difficultés climatiques. Où en est-on aujourd’hui?

Le problème qui se pose pour l’irrigation d’appoint, c’est que les céréaliculteurs ne peuvent pas investir pour cette technique tant que la question du foncier n’est pas réglée. L’Etat a mis en place un système d’encouragement et de soutien à l’irrigation d’appoint qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, sauf qu’il reste toujours coûteux pour quelqu’un qui va investir sur une terre dont il n’est pas propriétaire. Pour amortir un investissement, il faut au minimum dix années. L’Etat a mis des mécanismes extraordinaires, mais le foncier agricole doit être libéré. L’agriculteur, qui n’est autre qu’un opérateur économique, a besoin de visibilité en matière d’investissement.

- Les pouvoirs publics se sont fixé l’objectif d’atteindre l’autosuffisance en blé dur à l’horizon 2019. Pensez-vous qu’avec des résultats pareils, cet objectif sera réalisé?

Il faut savoir que l’agriculture en Algérie est à 90% au privé. Les pouvoirs publics ont mis en place des mécanismes d’encouragement qui n’existent nulle part ailleurs. En France, les prix des engrais sont soumis à la Bourse et l’agriculteur vend sa récolte au prix du marché. L’agriculteur algérien, par contre, a toutes les garanties, sauf celles du climat. Il peut même bénéficier de crédits à 0% d’intérêt. Le seul problème qui empêche que nos agriculteurs rentabilisent ce soutien et réalisent de bonnes récoltes réside dans le foncier.

Si ce problème est réglé, on aura une meilleure visibilité qui incitera les agriculteurs à investir. Il y a des céréaliculteurs qui produisent 17 quintaux à l’hectare, et d’autres 70. La différence est que ceux qui réalisent de bons rendements travaillent de manière scientifique et respectent l’itinéraire technique. Ceux qui sèment et attendent la pluie n’ont pas les moyens nécessaires ou ne veulent pas investir.

Lyes Mechti





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