Algérie - Agroalimentaire

Algérie - La lavande prisée par l’industrie cosmétique: Une relance et des obstacles



Algérie - La lavande prisée par l’industrie cosmétique: Une relance et des obstacles


La lavande, sous ses deux formes (fine et stoechas), représente un intérêt certain en Algérie et demeure une plante qui s’adapte le mieux au climat algérien et ses aléas. Résiliente, mais pas seulement! Cet arbrisseau aux fleurs très parfumées pourrait faire sortir de nombreuses familles de la pauvreté, notamment dans le milieu rural. Son huile essentielle «bio-naturelle» est très demandée. La filière de la lavande, comme les autres plantes aromatiques et médicinales, si elle est bien prise en charge, pourrait booster l’industrie de la cosmétique et pharmaceutique.

Une filière aux perspectives prometteuses, la valorisation de la culture de la lavande connaît un petit regain d’intérêt de la part des promoteurs des produits «bio». Cultivée sous ces deux variétés en Algérie, lavande vraie (officinale) et lavande stoechas, permettent la production d’une large gamme de produits cosmétiques, pharmaceutiques et même redonner à la gastronomie algérienne sa saveur d’antan avec une touche plus raffinée.

La lavande vraie, appelée également fine, est plutôt utilisée pour la production du parfum. Cette variété est connue également pour ces vertus médicinales. Elle est relaxante. Quant à la lavande stoechas, celle-ci est utilisée dans le domaine pharmaceutique et dans le domaine de la gastronomie.

Certains cultivateurs, dans les différentes wilayas, à l’instar de Tlemcen, Constantine, Oued Souf et Biskra, se sont déjà lancés dans la culture de la lavande.

«Un investisseur de la wilaya de Tlemcen a cultivé 5 ha de lavande fine l’année dernière», a indiqué Djamila Bouchareb, présidente du Conseil interprofessionnel des plantes médicinales et aromatiques de la wilaya de Blida qui, elle-même, investit dans la production des huiles essentielles dites bio. Une appellation qu’elle prononce avec précaution dans la mesure où la filière bio en Algérie connaît également des difficultés, notamment la certification de ces produits.

- Les produits bio en attente de certification

Cette ingénieur d’Etat en chimie organique préfère plutôt l’appellation «produits naturels» en attendant l’organisation de la filière bio en Algérie.

«Nous demandons à ce qu’il y ait une facilitation pour la certification de nos produits qui demeurent bio», lance Mme Bouchareb, qui révèle qu’actuellement l’analyse se fait entre 4 et 5 millions de centimes pour l’échantillon.

Sachant que la traçabilité et l’analyse d’un produit dit bio se fait à partir de l’analyse du sol et des plants jusqu’à l’analyse du produit fini. Ce qui revient cher aux cultivateurs ou producteurs des huiles essentielles qui ambitionnent d’estampiller leurs produits avec un cachet «bio». C’est pourquoi Mme Bouchareb opte pour l’appellation de produit naturel au lieu du «bio». Faut-il souligner que la culture de la lavande dans les zones rurales, sur des collines les plus retirées ou en haute montagnes sont loin de la pollution et demeurent naturellement bio.

Au-delà du problème de certification, la production des huiles essentielles «naturelles» en Algérie avance à petits pas, mais pas sans peine.

«L’expérience de Constantine est très encourageante. Le rendement de la lavande dans cette wilaya en huiles essentielles est de 4%. Ce résultat est très satisfaisant», estime Mme Bouchareb. Pour rappel, le président du Conseil interprofessionnel de Constantine, M. Zaghror, a déclaré à l’APS, lors de la création de cet organisme, que la valorisation de ces ressources naturelles est importante pour l’économie locale et nationale, et suscite l’intérêt des associations écologiques et des investisseurs dans cette filière aux «perspectives prometteuses».

La wilaya de Constantine, à elle seule, compte 20 espèces de plantes aromatiques et médicinales, dont la lavande, le thapsia, le camphrier et le romarin, répartis sur sept sites de plus de 3.174 ha, dont 1.387 dans la forêt de Chetaba (commune de Aïn Semara), 750 ha à Draâ Naga (El Khroub), 400 ha à EL Hembli (Ibn Badis) et 110 ha à Djebel El Ouahch (Constantine).

Cette région compte également des aires pouvant être exploitées pour la culture de la lavande et le serpolet sur 115 ha à El Biar et EL Hembli (commune d’Ibn Badis) et 86 ha à Djebel El Ouahch et Kef Lekehel (Constantine). En dépit de ces efforts, les quantités produites restent insuffisantes pour répondre à la demande du marché national (secteur cosmétique et pharmaceutique).

Toutefois, les investisseurs dans le domaine des plantes aromatiques et pharmaceutiques déplorent le manque d’intérêt des opérateurs nationaux pour les plantes produites localement et les huiles essentielles locales. Pourtant, ces dernières sont «de meilleure qualité», atteste Mme Bouchareb. Qu’est-ce qui freine ainsi l’essor de la culture de cette plante pourtant très utilisée dans l’industrie locale de surcroît elle est de meilleure qualité?

La présidente du Conseil interprofessionnel des plantes aromatiques et médicinales de la wilaya de Blida, qui s’est lancée depuis quelques années dans la production des huiles essentielles «naturelles», évoque des problèmes liés essentiellement à la désorganisation de cette filière: les analyses, la mise en vente de la matière première au niveau du marché locale, le placement de produits finis (les huiles essentielles).

«Le conseil doit prendre en charge cette filière du sol jusqu’à sa mise sur le marché», estime la présidente du Conseil interprofessionnel de la wilaya de Blida.

Cette dernière déplore l’attitude de certains investisseurs dans cette filière qui recourent à l’importation de la lavande au lieu d’encourager les cultivateurs locaux.

- Halte à la cueillette informelle

«Un autre problème qui doit être pris en charge et qui menace l’extinction de la lavande dans la nature est la cueillette anarchique de certains revendeurs de cette plante. Seule la culture de cette plante pourrait mettre fin à ces dépassements enregistrés à l’égard de la nature, car le recours aux plantes se trouvant dans la nature va faire disparaître à jamais ces plantes», considère Mme Benchareb, qui souligne que la trace de la lavande vraie a été retrouvée à Constantine.

Mais la raison du recours à l’usage excessif cette plante a disparu du paysage naturel de l’Algérie. Pour sauver cette filière et lui donner un nouveau souffle, cette productrice des huiles essentielles naturelles lance un appel à tous les acteurs influents afin de faciliter la commercialisation des ces produits nouveaux. Actuellement, l’analyse de ces produits qui s’impose à plusieurs reprises avant la reconnaissance de ces produits sur le marché coûte cher.

Cette promotrice des produits naturels appelle également à l’encouragement des cultivateurs des plantes aromatiques et médicinales, dont la lavande. Mme Benchareb fixe une durée de 4 à 5 ans pour voir soit l’essor de cette filière, soit sa disparition totale.



Photo ajoutée par Akar Qacentina pour illustration: Lavendula officinalis L. (Lavande vraie)

Par Djedjiga Rahmani
drahmani@elwatan.com
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