Algérie - L’autoroute Est-Ouest souffre d’une dégradation visible: «Il faut instaurer la culture de l’entretien»

Le terrorisme routier continue de faire des victimes chaque jour en Algérie, endeuillant de nombreuses familles à travers le pays. Si le facteur humain demeure la principale cause de ces drames, l’état dégradé des routes constitue un facteur aggravant non négligeable.

La détérioration progressive du réseau routier, en particulier celle de l’autoroute Est-Ouest, suscite de vives préoccupations tant chez les usagers que parmi les pouvoirs publics. Conscient de l’urgence de la situation, le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Lakhdar Rekhroukh, affirme avoir lancé une série d’actions concrètes pour y remédier durablement.

Autrefois considéré comme l’un des réseaux les plus structurés du Maghreb, le réseau routier algérien montre aujourd’hui des signes évidents d’usure et de vieillissement préoccupants. C’est notamment le cas de l’autoroute Est-Ouest, axe stratégique de 1.200 km reliant les extrémités du pays, qui souffre d’un vieillissement accéléré et de nombreuses dégradations visibles.

Lors d’une séance plénière tenue jeudi à l’Assemblée populaire nationale, le ministre a annoncé que ses services avaient lancé une étude approfondie sur l’état de cette infrastructure vitale. L’objectif est de proposer des solutions techniques durables, conformes aux standards modernes, pour enrayer sa dégradation. Cette étude servira de base à un plan de maintenance régulier, dont le financement sera intégré aux lois de finances à partir de 2026.

Le ministère mise sur une approche fondée sur des interventions périodiques, avec pour ambition d’assurer la pérennité de l’infrastructure et d’améliorer la qualité du service rendu aux usagers.

Parallèlement, plusieurs chantiers de réhabilitation sont déjà en cours. A Bouira, les travaux sur la pente de Djebahia affichent un taux d’avancement de 70%. A Bordj Bou Arréridj, les interventions sur les tronçons dégradés progressent à hauteur de 24%.

D’autres opérations sont également en cours, notamment sur le tronçon reliant les wilayas de Sétif et de Skikda. Rekhroukh a précisé que la pente de Djebahia, particulièrement dangereuse, sera livrée dès le mois de juin.

D’autres segments devraient être achevés en deux phases: une première en août et la seconde en septembre. Le ministre a rappelé que certains tronçons de l’autoroute datent de plus de vingt ans, certains remontant même aux années 1990.

Cette ancienneté rend les dégradations inévitables, surtout en l’absence d’un entretien régulier.

«Il est normal que sans entretien systématique, de telles perturbations surviennent», a-t-il déclaré, appelant à un changement structurel dans la gestion des infrastructures routières.

Pour les années à venir, l’Etat envisage de passer d’une logique d’interventions ponctuelles à une stratégie préventive et planifiée, avec une hausse significative des budgets alloués à la maintenance.

«Il ne s’agit plus simplement de réparer, mais d’instaurer une véritable culture de l’entretien», a insisté le ministre.

Le plan repose sur trois piliers: des études techniques fiables, un financement durable et une stratégie de contrôle renforcée, notamment à l’égard des transporteurs.

L’un des facteurs majeurs aggravant la détérioration des routes reste en effet la surcharge des poids-lourds. Une récente campagne de contrôle a révélé que 90% des véhicules vérifiés dépassaient largement le poids autorisé.

«Ce non-respect des normes affaiblit considérablement les chaussées, accélère leur usure et augmente les risques d’accidents», a déploré Rekhroukh.

Une étude est actuellement en cours pour analyser en profondeur ce phénomène et proposer des mesures correctives. Face à l’ampleur du défi, le gouvernement promet de renforcer les moyens alloués à l’entretien du réseau routier.

Un effort budgétaire conséquent est prévu dans les prochains exercices, afin de garantir non seulement la sécurité des infrastructures, mais aussi leur durabilité. Le ministre a assuré que l’entretien routier deviendra une priorité nationale, avec une programmation rigoureuse et des financements renforcés.

Photo: Rekhroukh, affirme avoir lancé une série d’actions

Nabila Amir