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Algérie, guerre de libération : Ali Kafi n'est plus et le mystère Abane Ramdane demeure entier


Un grand et infatigable militant algérien vient de nous quitter à jamais. Avec lui l'Algérie a perdu pour toujours un pan de son histoire. Allah n'attend pas les prières de ses créatures vivantes pour savoir comment accueillir celles qu'il rappelle.

L'histoire de l'Algérie reste à écrire de A à Z. De leur vivant, les témoins des "Evènements d'Algérie", qui survécu à la guerre de libération, qui n'ont pas été éliminés physiquement et/ou politiquement, exilés, bâillonnés par leurs compagnons, pour avoir leur piteuse ration du mangeoire national, ils se sont soumis, couchés à plat ventre pendant un demi-siècle devant une valetaille totalitaire de la pire espèce. En contrepartie, ils devaient maintenir le peuple dans l'inculture politique et historiques par son gavage systématique de fables et légendes à valeur historique insensée.

Il y a une dizaine d'année, l'un des piliers de la wilaya II historique, Ali Kafi, avait écrit et publié : "Moudhakirat Er-raïs Ali Kafi "Min al-mounadhil as-siyassi ila al-qaïd al-askari
1946-1962" (mémoires du Président Ali Kafi, du militant politique au dirigeant militaire,1946-1962). Ed. Dar El Casbah.

L'évènement littéraire avait soulevé un tsunami de critique venant d'héritiers de notables de la colonisation, de convertis tardifs à la révolution algérienne, connus sous le sobriquet de :"Martiens" et de "Hizb França" qui n'avaient jamais fait mystère de leur attachement indéfectible à la France et de leur haine viscérale à l'égard de l'arabité, de l'Islam et des musulmans.

Ali Kafi avait été trainé dans la boue. Il été a accusé d'avoir diffamé Abane Ramdane. J'ai lu son livre dès sa sortie. Je n'y ai trouvé aucune passage diffamant ou mensonger à l'égard du pseudo "Architecte de la révolution algérienne." Rappelons que cette révolution était plébéienne et son seule héros reste le peuple dans toute sa diversité.

Voici le journal el Khabar du 17 avril 2013 publier sous le titre : "Confidences post mortem d'Ali Kafi, une demi douzaine de confidences. L'une d'elles atteste qu'Ali Kafi n'avait jamais traité Abane Ramdane de traitre. En fait tout est dans le livre. Ali Kafi, qui avait rapporté plusieurs propos de hauts responsables de la révolution, notamment : Krim Bekacem, Sallah Zaamoum, Amirouche, entre autres, selon lesquels Abane Ramdane entretenait des contacts secrets avec l'adversaire sans en informer préalablement ni a posteriori la direction de la révolution. Il s'agit de contacts qui ont réellement existés, irréfutables, qui relèvent de secrets de polichinelle.

Dès 1955, la France avait pris conscience que le FLN-ALN ne pouvait pas être vaincu par les armes. L'administration coloniale avait tenté de tailler des croupières à la révolution par création d'un rassemblement politique composé essentiellement de notables de la colonisation : centralistes, udmistes, oulémas, des communistes, européens dits libéraux. Le projet a été mis en œuvre et soutenu par l'administration Soustelle. Il a été proposé à San Remo (Italie), vers avril 1956, par un trio centralistes composé de Ben Khedda, Kiouane et Temmam à Ben Bella, membre de la délégation extérieure du FLN, qui l'avait rejeté globalement et dans le détail.

Notons que dès avril 1956, à la demande de la France, sous l'autorité morale du Maréchal Tito et Djamel Abd al Nasser, la délégation extérieur du FLN avait entamé, avec des émissaires du gouvernement français, au Caire, à Brioni, à Belgrade et à Rome, des rencontres secrètes en vue de préparer des négociations officielles pour la décolonisation de l'Algérie. En juillet 1956, soit un mois avant l'ouverture du congrès de la Soummam, la France avait quasiment reconnu le FLN comme l'unique représentant du peuple algérien. Cette reconnaissance qui était dans l'air depuis avril 1955, va précipiter le ralliement inconditionnelle au FLN : des centralistes, de Ferhat Abbas et des Oulémas.

Toujours à la demande du gouvernement français, avec l'accord et sous l'égide du président tunisien, Habib Bourguiba et du roi du Maroc, Mohamed V, de la délégation extérieure du FLN, une conférence devait avoir lieu le 23 octobre 1956 à Tunis. Selon de nombreux observateurs, cette conférence devait mettre sinon immédiatement un terme à la guerre d'Algérie du moins l'abréger d'au moins 4 années, des années des plus meurtrières et des plus dévastatrices.

En août 1956, un groupe de centralistes, après avoir partiellement réussi un d'Etat contre Messali al Hadj de la direction du PPA/MTLD, du principal parti indépendantiste algérien, qui avait sévèrement condamné la révolution de novembre et de ses initiateurs, qui ont été condamné à mort par le FLN historique, tentent, avec le soutien actif de l'administration coloniale, de reprendre la main en organisant un simulacre de congrès à Ezzelaguene (vallée de la Soummam). Objet du congrès ? La décapitation de la révolution. En effet, la fameuse plate-forme de la Soummam a édicté la primauté de l'intérieur sur l'extérieur, du politique sur le militaire.

Or, il faut méconnaître et mépriser l'adversaire pour croire qu'un congrès rebelle pouvait se tenir, en 1956, dans l'une des zones d'Algérie des plus militarisée et des plus surveillées. Par ailleurs, historiens et observateurs spécialisés dans la littérature des "Evènements d'Algérie" croient reconnaître dans la fameuse plate-forme de la Soummam le style et la signature de la haute administration coloniale. Et à peine la délégation extérieure du FLN avait-elle été temporairement évincée par une faction de l'armée française, après avoir décrété la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du politique sur le militaire, les conspirateurs de la Soummam ont abandonné, voire même livré Larbi Ben M'Hidi, qui sans doute détenait-il des secrets gênants pour eux et pour les plans de puissance coloniale, aux parachutistes d'Allard qui l'ont liquidé par pendaison.

Avant de prendre la poudre d'escampette vers l'extérieur où certain d'entre eux deviendront des militaires avec le grade suprême de colonel, d'autres membres du CCE, du CNRA, plus tard des Présidents du GPRA, des ministres, des ambassadeurs, etc. sans jamais tiré un seul coup de fusil dans les direction d'une cible adverse.

Ali Kafi a cité dans son retentissant ouvrage des sources invérifiables. Cependant, crédibles car elles n'ont pas encore été démenties, selon lesquelles avant le termes du congrès de la Soummam, la direction de la wilaya III, notamment Krim Belkacem, Amirouche... avait découvert, par leurs propres moyens, qu'Abane Ramdane entretenait dans leur dos des contacts avec l'adversaire. Qu'il a été condamné à mort avant la fin du congrès mais il n'avait pas pu être l'exécuté. Le même auteur a indiqué dans le même livre : "... parmi les membre du CCE, il y avait un traitre." Sans citer son nom.

Rappelons que dès 1955, Abane Ramdane avait condamné à mort : "Tout messaliste conscient sans jugement." Il avait condamné à mort la révolution, les historiques et leurs lieutenants, notamment Krim Belkacem et Omar Ouamrane qu'il a traités : "D'yghials" (bourricots) pour avoir déclenché la révolution dans : "L'impréparation matériel" et "L'improvisation politique."

En 1957, suite à un différent qui avait opposé Omar Ouamrane et Ahmed Mahsas en Tunisie, Abane Ramdane avait sollicité main-forte de Bourguiba pour anéantir ses adversaires. Il y a eu intervention des forces tunisiennes qui ont arrêté 17 mahsassistes qui ont été présenté à un simulacre de procès qui les avait condamné à mort et qui ont été immédiatement fusillés.

En avril 1956, lorsque Ferhat Abbas, alors condamné à mort par la révolution, conformément aux conseils pressants de ses "Amis politiques français" il avait dissous son parti, l'UDMA, et rallié inconditionnellement la délégation extérieure du FLN en Egypte. Il a écrit dans son livre : "L'Indépendance confisquée", qu'il avait quitté Abane Ramdane à Alger dans un état dépressif extrême. Il a précisé qu'en tant pharmacien, il avait constaté que l'état de santé d'Abane Ramdane nécessitait une longue mise entre parenthèse de ses activités politiques. Dans le même ouvrage, il avait indiqué qu'il avait constaté que les relations entre Krim Belkacem, celui qui a mis le pied d'Abane Ramdane à l'étrier de la révolution et ce denier étaient au plus mal. Dès son arrivé en Egypte le premier Président du GPRA s'ouvre à son ami, à Bachir el Ibrahimi, au guide des oulémas, du conflit opposant Abane Ramdane à Krim Belkacem. Le Cheikh des oulémas fait entendre à son ami Abbas : "Les conflits entre kabyles se terminent par la mort de l'un des antagonistes, veille à ce qu'il n'en soit pas ainsi entre Abane et Krim..." (Gilbert Meynier, histoire intérieur du FLN...).

Rappelons que les propos de Khalfa Mameri, de Bélaïd Abane et de leurs relais selon lesquels Abane Ramdane avait appartenu au PPA/MTLD, à son bureau politique, dirigé successivement les régions du Constantinois et de l'Oranie, coordonné les deux, succédé à Mohamed Belouizdad à la tête de l'OS, arrêté quelque part entre Ain T'mouchent et Mostaganem, torturé par les plus cruel commissaires de police d'Algérie, celui de l'Oranie où il avait arrêté, celui du Constantinois où il avait exercé ses activités clandestines et celui d'Alger où son dossier a été instruit et où il avait été condamné par la cour d'appel d'Alger à : 6 années de prison fermes, à 10 de privation de ses droits civiques, à 10 années d'interdiction de séjours et à 500.000 francs d'amende relève d'une pure fiction.

Abane Ramdane en fait n'a jamais appartenu au PPA/MTLD, ni à l'OS, ni à aucun courant politique algérien avant son adhésion au FLN vers avril 1950. Il ressort clairement de ces écrits notamment ceux publié par Hocine Benmihoub "lettres Alger le Caire", qu'Abane Ramdane était un piètre politicien. Son séjours en prison, si tant est qu'il a été emprisonné, restent un mystère.

Comment un tel individu, avec un bagage somme toute léger, sans aucune expérience professionnelle, ni militante, ni politique, sans le sou, sans domicile fixe connu à Alger ou ailleurs, sans relation, qui, selon Khalfa Mameri, son père, qui lui reprochait d'être un peu beaucoup paresseux, l'avait chassé sans préavis du domicile familiale d'Azouza, par quel miracle Abane Ramdane pouvait-il s'imposer à ses aînés : les pharmaciens Ferhat Abbas et Ben Khedda, le docteur lamine Débaghine, les avocats Kiouane, Temmam, les futures diplomates Yazid, Dahleb, qui avaient une expériences professionnelle, militante, politiques... pluri-décennales, des portefeuilles épais, des carnet d'adresses bien garnis ?
Ce que je tiens pour une certitude absolue que la France n'a pas manqué de traitres algériens pendant la guerre de libération. Que les harkis ne sont pas seulement là où certains s'efforcent de faire semblant de le croire et de le faire croire. Je n'accuse personne. cependant, je fais mienne de la méthode d'Ibn Khaldoun selon laquelle : "Les évènements sont les faits de facteurs qui ont les moyens de les réaliser."

Cette méthode a permis à son auteur de démentir une vérité et biblique et coranique, l'exode des hébreux d'Egypte. Selon la Bible, Moïse avait quitté l'Egypte des pharaons esclavagistes à la tête de six cents milles (600.000) hommes de guerre, âgés d'entre 14 et 60 ans. Pour Ibn Khaldoun, à l'époque de Moise, il n'existait aucun empire qui pouvait aligner une armée de 600.000 hommes. Et comment nourrir 600.000 soldats et leurs montures pendant 40 ans, dans un désert ?, s'était-il interrogé. Il a donc qualifié une vérité biblique et coranique de faux à cause de la rareté du viatique (ration) pour les hommes et de fourrages pour leur monture.

Il y a plus d'un siècle que des chercheurs internationaux : égyptologues, paléontologues, anthropologues, historiens, creusent et tamisent le sables du Sinaï sans trouver le moindre indice du passage de 2.200.000 hébreux qui auraient séjourné pendant 40 ans dans le Sinaï.

Khalfa Mameri et Bélaïd Abane... leurs relais médiatiques aux ordres, croient encore que l'Algérie vie toujours sous l'empire de la pensé unique. avec des moyens d'Etat, ils s'efforcent de faire semblant de croire et de faire à un peuple délaissé culturellement en jachère depuis un demi siècle que Abane Ramdane était celui sans lequel la révolution algérienne se ferait encore attendre et les algériens culturellement incapable de séparer le bon grain de l'ivraie. Ils se trompent d'époque. La révolution algérienne était une révolution populaire mais confisquée par une bourgeoisie issue de la notabilité de la colonisation. Il s'agit là d'une vérité pure qu'il ne faille nullement confondre avec qu'un slogan.


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