Algérie - Urbanisme

Algérie - Grande pression sur le foncier agricole: 20.000 hectares sacrifiés depuis 2010 au profit de l’urbanisation






Le foncier agricole subit une grande pression ces dernières années. On assiste de plus en plus à l’extension urbaniste sur des terres cultivables.

Une situation engendrée par l’augmentation des besoins en foncier urbanisable pour la réalisation de logements et d’infrastructures publiques dont la demande est de plus en plus importante. Pour réaliser les différents programmes de développement, le recours aux terres agricoles à moyen et à faible rendements a donc fini par s’imposer comme ultime solution. C’est ainsi que les pouvoirs publics se sont retrouvés devant un dilemme: celui de préserver les terres agricoles pour assurer la sécurité alimentaire des futures générations et de mener en parallèle à bon port les programmes de développement, notamment ceux d’utilité publique. Une tâche difficile pour les services du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, chargés de la protection du patrimoine, qui ressentent fortement cette pression.

Et pour cause, des dossiers émanant de différents départements ministériels atterrissent régulièrement sur leur bureau pour traitement. La direction de la réglementation foncière et de la protection foncière tente de répondre à la demande tout en préservant les terres à potentialité agricole. Parfois, la décision est difficile à prendre, surtout quand il s’agit de projets d’utilité publique, particulièrement dans les grandes villes. L’état des distractions des terres depuis 2010 à ce jour fait ressortir le déclassement de près de 20.000 hectares pour la réalisation de logements, les projets décidés en conseil interministériel (CIM) et pour le programme des zones industrielles, et ce, en attendant d’autres décisions similaires.

Constantine, une région connue pour sa forte potentialité céréalière vient en tête de liste en matière de déclassement, avec une superficie de près de 4.300 hectares dont 3.723 pour les logements et 543 pour les zones industrielles. C’est en fait la wilaya qui a enregistré le plus de distraction de terres agricoles depuis 2010.

En deuxième position arrive Sétif, avec 1.656 hectares affectés aux projets de développement.

Relizane, à l’ouest du pays, se place en troisième position, avec près de 950 hectares déclassés, contre 900 hectares à Batna, 850 hectares à Alger et 590 à Béjaïa.

Au total, ce sont 41 wilayas qui ont été touchées par ce phénomène au cours de ces trois dernières années, avec une moindre ampleur au Sud et dans les Hauts Plateaux, où la demande est exprimée pour la réalisation des zones industrielles, comme c’est le cas à titre illustratif pour Ouargla (500 hectares), Adrar (201 hectares), Biskra (200 hectares) et Naâma (150 hectares).

Des distractions importantes à l’Est

La lecture de ce bilan du ministère de l’Agriculture fait ressortir un grappillage urbain au détriment des terres rurales et agricoles beaucoup plus important à l’est du pays. Ce qui suscite de l’inquiétude. D’autant plus que c’est dans ces régions où les ressources hydriques sont disponibles pour assurer l’irrigation. Paradoxalement, ce sont ces zones qui sont le plus touchées depuis des années par le phénomène d’extension urbaine, qui vient mettre en danger les terres les plus fertiles du pays. En effet, le fait de puiser dans les zones agricoles périurbaines pour les transformer en réserves foncières de la politique urbaine risque de réduire à long terme les disponibilités foncières pour un secteur qui a la charge d’œuvrer à assurer la sécurité alimentaire des futures générations.

Mais quand les règles les plus élémentaires de la planification urbaine ne sont sérieusement appliquées et que la planification est le parent pauvre de la gestion au niveau local, le phénomène risque encore de s’aggraver et les terres arables continueront à être englouties par les villes.

Le directeur de l’organisation foncière et de la protection des patrimoines au ministère de l’Agriculture, Ahmed Ali Abdelmalek, n’a pas manqué de le souligner: «La terre est une source non renouvelable et on ne peut pas l’importer. Il y a lieu de la préserver». Mais aussi ne pas rééditer les erreurs des années 1980 et 1990, durant lesquelles des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles, ont été transformés en foncier industriel et urbanisable, sans résultats palpables aujourd’hui en termes de développement économique.

La zone industrielle de Oued Tlelat pose problème :

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a refusé de déclasser des dizaines d’hectares de terres agricoles pour lancer les programmes de développement. A titre d’exemple, la totalité des 450 hectares demandés pour la réalisation de la zone industrielle de Oued Tlélat, considérée comme région à forte potentialité agricole n’ont pas été libérés.

Globalement et pour l’heure, le département de Benaïssa n’a donné son aval que pour le déclassement de 8.500 hectares pour les zones industrielles dont 36 entrant dans le cadre du programme de l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière (Aniref). 6 sur les 42 zones attendent toujours l’affectation des terres pour leur réalisation. S. I.

Samira Imadalou


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)