Algérie

Algérie-France: la tiédeur, signe d'une guérison possible


Aujourd'hui, malgré l'attention professionnelle ou ledevoir de curiosité, on a de la peine à trouver un intérêt spectaculaire à lavisite d'un ministre français en Algérie.Non pas que l'échange des politesses et des visites soitdénudé de sens ou de bénéfices, mais il se trouve que les relations algéro-françaises ont été tellement malmenées, triturées ouinvesties du statut de véritables cosmogonies explicatives de l'existence del'Algérie et de la Franceou de leur avenir mal partagé, qu'elles ne font plus recette au box-officemédiatique et ont fini par lasser le spectateur le plus patient. «L'Histoire», lagrande, est finie, même si on s'y acharne un peu, de part et d'autre, pour enrelancer l'intrigue et sauver l'audimat. Il n'en reste rien qui puisse donnerde la visibilité mélodramatique ou le sens d'un réinvestissement lourd etmondain à la visite d'une Alliot-Marie par exemple. LesAlgériens, qui font la majorité de ce pays, ne décryptent plus les relationsentre les deux pays qu'à travers la grille imposée et incontournable desrapports entre l'Occident et le monde arabe, le Sud et le Nord, la pauvretéface à la puissance, la Frontière face à la chaloupe. Bien sûr, de part et d'autre, lescaprices de mémoires et les irruptions d'intégrismes du souvenir seront encorelà pour quelque temps, meublant les restes de passions ou pesant sur lescercles politiques émergents, mais ils décideront, de moins en moins, face auxdeux grands courants de fond de l'époque: l'alimentaire et le sécuritaire. Oncomprendra, alors pourquoi, malgré son importance «technique», la visite de laministre française de l'Intérieur, échappe difficilement aux stéréotypes desanalyses de la presse de part et d'autre, et peine à attirer l'attention desAlgériens plus qu'il n'en faut. On est déjà très loin des amplifications quiont usé abusivement du néo-colonialisme, de la mémoire, du souvenir de laguerre ou du néo-boumédiènisme ou même desexplications par la passion et qui ont longtemps habillé le bilatéralismesuranné des deux pays.Aujourd'hui, on est au beau milieu des moeurs de l'époque: offreset demandes, soutiens et négociations, appels et refus, partages et tutelles, entreles deux pays. Les relations ne sont plus, désormais, que «contractuelles», cellesdes contrats et des clauses.La France veut des listes ou des marchés, les Algériens veulent desvisas ou des issues, l'Algérie veut du soutien et vend de la stabilité. L'histoired'avant n'est plus bonne que pour les livres, pas pour les paniers ou les repasbien qu'on use encore de la repentance ou de l'infamie pour continuer à sefaire du charme cruel. Et c'est tant mieux: il y a signe de guérison dans cefait que les Algériens retiennent à peine les noms des ministres français quidébarquent chez eux et écoutent avec nonchalance les promesses qui ne concernentpas directement leurs projets de départ ou les parentés en exil.


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