Le football algérien traverse une période d’instabilité sans précédent. Depuis le début de la saison 2024-2025 de Ligue 1 Mobilis, 24 entraîneurs ont déjà été limogés, soit l’équivalent d’un licenciement par journée de championnat. Un chiffre révélateur d’une gestion à court terme qui gangrène le football national.
Alors que la 24e journée vient à peine de s’achever, le nombre de changements d'entraîneurs dépasse déjà les standards des saisons précédentes. La pression des résultats et l’absence de projets sportifs cohérents poussent les clubs à opter systématiquement pour le changement de coach dès que les performances chutent. Aujourd’hui, seules deux équipes résistent encore à cette tendance: le CS Constantine (CSC) et l’ASO Chlef, qui ont gardé leur entraîneur en poste depuis le début de la saison. À l’opposé, certaines formations donnent le tournis. L’Olympique Akbou, promu cette saison, a déjà connu trois entraîneurs différents, en l’espace de quelques mois. D’autres clubs comme l’US Biskra, le MC Oran ou encore le NC Magra ont également multiplié les changements.
- Des entraîneurs transformés en fusibles
Dans un climat marqué par la pression populaire et les attentes démesurées des dirigeants, les entraîneurs sont les premiers à payer les pots cassés. Cette tendance ne permet ni aux techniciens de mettre en place leur vision ni aux joueurs de s’adapter à un cadre de travail stable. Beaucoup de ces licenciements interviennent dans des contextes précipités, souvent sans plan de remplacement clair. Les directions agissent sous la pression de la rue ou des réseaux sociaux, dans l'espoir d’un électrochoc... mais qui tarde à venir.
Le cas de l’USM Alger incarne cette tendance. Le club de Soustara a décidé, à la surprise générale, de se séparer de Marcus Paquetta à cinq journées de la fin de la saison. Le plus étrange dans cette démarche, c’est que le technicien brésilien venait à peine de poser ses valises. Le manque de stabilité se répercute directement sur la qualité du jeu. Les systèmes changent, les automatismes sont constamment remis en question, et la progression des jeunes joueurs se trouve freinée.
Si parfois, cela se révèle un mal pour un bien, comme c’est le cas de la JSK qui connaît un second souffle sous Josef Zinnbaeur, ou encore le CR Belouizdad avec Saed Ramovic, d’autres équipes à l’opposée ont beaucoup souffert de l’instabilité chronique de leur banc de touche. Et il n’y a pas que sur le plan technique que l’impact est perceptible.
À cela s’ajoute aussi des répercussions financières non négligeables. Les ruptures de contrat à répétition pèsent sur les budgets des clubs, déjà fragilisés par un manque de recettes stables. Plusieurs équipes se retrouvent à devoir indemniser deux voire trois entraîneurs en même temps, sans parler des membres de leurs staffs techniques.
Souvent, ces affaires atterrissent à la FIFA... avec des interdictions de recrutement au bout. Rien que cette semaine, des clubs ont appris qu’ils sont «blacklistés» par l’instance faîtière du football mondial, faute d’avoir payé d’anciens entraîneurs.
On peut évoquer le cas de Almeida qui a été licencié la saison dernière par la JS Kabylie. Un choix brusque dont la nouvelle direction a hérité. Ce passif, il faudra le régulariser avant juin, sinon le club kabyle sera interdit de recrutement. Ce phénomène prouve en tout cas que la gestion des clubs en Algérie manque cruellement de vision à moyen ou long terme.
Peu d'équipes disposent d’un projet sportif clair, d'une cellule de recrutement cohérente ou d'une véritable politique de formation. Dès lors, sans réforme profonde du mode de gouvernance des clubs, cette spirale de l’instabilité risque de se poursuivre, au détriment du développement du football local. Un paramètre auquel la FAF s’est attaqué depuis peu. Encore heureux…
Photo: Marcus Paquetta vient d'être remercié par l'USM Alger à cinq journées de la fin de la saison
Achour Aït Ali
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Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Achour Aït Ali
Source : https://www.elmoudjahid.dz/fr publié le dimanche 4 Mai 2025