Algérie - Pollution

Algérie - Dr Mohamed Tahar Aïssani . Spécialiste en anatomopathologie et médecine de l’environnement «Il y a un manque de rigueur dans l’application des textes règlementaires»


Algérie - Dr Mohamed Tahar Aïssani . Spécialiste en anatomopathologie et médecine de l’environnement «Il y a un manque de rigueur dans l’application des textes règlementaires»




- Les rejets industriels, l’amiante, les huiles Askarel ou PCB, les produits phytosanitaires, les insecticides font des ravages, et ce, dans l’indifférence la plus totale. Des données précises à même d’illustrer la gravité de la situation en Algérie?

Le manque de chiffres fiables en termes de tableau de bord et de registre du cancer rend difficile la réplique, mais c’est une question qui nous autorise à dire que les dérivés du pétrole, les huiles de vidange, les piles, les condensateurs, les huiles Askarel, les émanations du parc auto et des unités de production et de raffinage en font partie.

D’autre part, l’amiante est classé par le Centre international de recherche (CIRC) dans la catégorie des substances cancérigènes dont l’inhalation des fibres libérées par ce matériau provoque des pathologies irréversibles, invalidantes et même mortelles au même titre que les effets des rayons électromagnétiques. Tous ces produits et agents sont responsables de divers types de cancers, de leucémies, de malformations, d’avortements, d’infertilité, d’irritabilité, d’insomnies, de migraines, etc. Les chiffres comptent peu devant l’ampleur de la pollution, car en réalité la maladie environnementale est une pathologie transgénérationnelle, où les chiffres sont biaisés.

- Vers la fin octobre 2012, l’Anpep avait dressé un bilan des plus inquiétants. Nous sommes fin 2016, autrement dit quatre années ont passé depuis. Est-ce que ces chiffres sont toujours d’actualité? Qu’a-t-on fait depuis?

Oui, pire encore, on assiste à une progression du phénomène de la pollution en raison du manque de rigueur dans l’application des textes réglementaires… L’Etat algérien a pris conscience de la problématique de l’environnement sur tous les plans, notamment le cadre institutionnel où il reste, tout de même, des imperfections telles que l’implication directe du citoyen algérien, des institutions (école-université-santé-mosquée), la coordination entre les différents acteurs, plus particulièrement au niveau de la base, également l’intégration des BHC (Bureaux d’hygiène communaux) en tant que structures pilotes dans la préservation de l’environnement et en tant qu’acteurs dynamiques dans le projet ville-santé.

- L’Algérie se prépare à adhérer à l’OMC, ce qui suppose, entre autres, l’alignement ou la conformité aux tatillonnes règles et normes environnementales et sécurité alimentaire comme celles définies par le Codex Alimentarius. D’après vous, notre pays qui est visiblement l’un des pays les plus défaillants dans tout ce qui se rapporte à la question environnementale, ne risque-t-il pas de se retrouver empêtré dans d’insurmontables différends commerciaux avec les lourdes retombées financières que cela suppose?

Je dois d’abord préciser que notre pays n’est pas le plus défaillant dans ce volet environnemental. L’Algérie vient juste de ratifier l’accord historique pour la lutte contre le réchauffement climatique signé et adopté à Paris par 175 pays (nous nous en réjouissons). Son entrée en vigueur est d’ailleurs prévue d’ici la fin de l’année 2016, après la rencontre d’évaluation, la Cop22, qui s’est déroulée au mois de novembre à Marrakech. Je vous rappelle que l’Algérie à travers sa contribution à la Cop21 a officialisé son engagement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 7% à l’horizon 2030, en utilisant des moyens nationaux.

Toutefois, cette réduction des GES pourrait atteindre 22%, pour peu que l’Algérie reçoive le soutien international nécessaire. La réalisation de cet objectif reste donc subordonnée à l’appui en matière de financements extérieurs, de transfert technologique et de renforcement des capacités. La contribution de l’Algérie couvre les trois gaz les plus importants en termes d’émission: le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N20). Pour atteindre les objectifs d’atténuation, l’Algérie mise sur une stratégie cohérente qui s’étale du 2020 à 2030, ciblant particulièrement les secteurs de l’énergie, des forêts, de l’habitat, des transports, de l’industrie et des déchets.

- Pour renflouer les caisses des collectivités locales après la chute des cours pétroliers, les pouvoirs publics ont, entre autres, opté pour la fiscalité écologique, autrement dit l’application du principe pollueur-payeur, y compris à l’encontre du simple citoyen. Pensez-vous que cela peut servir à quelque chose, car comme vous le savez ce principe n’a jamais été réellement appliqué?

Vous faites allusion à la loi n°03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable est claire, notamment pour le principe de précaution: le principe du pollueur-payeur stipule suivant l’article 100: «Le fait de jeter, déverser ou laisser couler dans les eaux superficielles ou souterraines ou les eaux de la mer dans la limite des eaux sous juridiction algérienne, directement ou indirectement, une ou des substances quelconques dont l’action ou les réactions entraînent, même provisoirement, des effets nuisibles sur la santé de l’homme ou des dommages à la flore ou à la faune «…» est puni de deux (02) ans d’emprisonnement et de cinq cent mille dinars (500.000) d’amende. «…».

Le tribunal peut également imposer au condamné de procéder à la restauration du milieu aquatique. «…». Art 102: «Le fait d’exploiter une installation sans l’autorisation requise à l’article 19 (qui peut présenter des dangers pour la santé, l’hygiène, la sécurité, l’agriculture, les écosystèmes, les ressources naturelles, etc), est puni d’un (01) an d’emprisonnement et de cinq cent mille dinars (500.000) d’amende. «…». Le tribunal peut exiger la remise en état des lieux dans un délai qu’il détermine. C’est une loi qui est impeccable, promulguée il y a plus de 13 ans.

Elle a été appliquée d’une manière incomplète. Elle doit être appliquée dans toute sa rigueur (comme toutes les autres lois de la République d’ailleurs), elle a pris le temps qu’il faut pour des raisons purement économiques. Et, sans verser dans la polémique, nous souhaitons la voir appliquée sur l’ensemble du territoire national et à tous les contrevenants. Entre nous, et pour revenir à votre question, je ne pense pas que cette taxe va régler notre problème économique. Le fondamental, c’est d’aller travailler et d’opter pour une économie verte réelle et durable.


Photo: Dr Mohamed Tahar Aissani

Naima Benouaret







Bonjour,Salem Dr Mohamed Tahar Aïssani Je suis à Ghazaouet et concernant l'écologie cest une catastrophe le wade rt une décharge quand il vas pleuvoir inchaalah jesper tous vas aller à la mer....je veux bien vous envoyer des vidéo et des photos pour que vous voyer de vous même mon téléphoner 05 56 34 37 65Dris Smaïn
DRIS Smaïn - Artisans peintre décorateurs - Ghazaouet, Algérie

24/02/2020 - 417128

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