Les agriculteurs des localités longeant l’oued Sebaou s’inquiètent de plus en plus de l’avenir de leur activité. Beaucoup d’entre eux interpellent les autorités pour réaliser des digues dans le lit de ce grand fleuve afin d’y créer des retenues d’eau et pouvoir les utiliser dans l’irrigation.
«Ces digues sont le seul moyen qui garantit la pérennité de notre activité qui est sérieusement menacée à cause de l’avancée des eaux marines vers les terres cultivables», explique un viticulteur, précisant que la salinité des sols et des eaux douces a causé des ravages aux exploitations agricoles.
Les cultures sensibles au sel se dessèchent, et les terres deviennent peu à peu impropres à l’agriculture, se plaignent-ils.
«Rares sont les agriculteurs qui font du maraîchage, et les rendements chutent d’année en année. Certains optent pour l’arboriculture et la viticulture, mais la réalisation de digues est devenue plus qu’une nécessité pour stopper les dégâts liés à la salinisation des nappes phréatiques», estime un autre terrien.
Des experts estiment que les quantités d’eau qui se déversent dans la mer via ce fleuve peuvent alimenter deux wilayas en eau potable.
L’année passée, pour préserver cette source de vie, la direction de l’hydraulique a évoqué la possibilité de réaliser trois digues pour un montant de 50 milliards de dinars.
«Nous n’avons rien vu. Nous avons demandé des autorisations pour réaliser des digues à l’aide de sacs de sable, mais nos demandes n’ont pas été acceptées», s’indigne un paysan.
«En été, certains irriguent leurs cultures par citerne. Les digues sont une solution à double intérêt. En sus de la protection des nappes, elles permettent de stopper l’eau qui court vers la mer afin de l’utiliser dans l’irrigation car même les barrages d’Ouled Benchabane et de Hamrouna ne tiennent pas en été», explique-t-il.
Dans un rapport présenté à l’APW en 2024, Malek Abdeslam, professeur en hydrogéologie, a souligné que «la qualité des eaux souterraines du Bas Sebaou, entre Baghlia et Sidi Daoud, se détériore d’année en année».
«Les forages d’AEP alimentant Dellys et Boubarak ont été progressivement abandonnés à cause de la forte salinité des eaux. D’abord à Boubarak, les fortes salinités se rencontrent de plus en plus loin de la mer jusqu’au niveau de Sidi Daoud», a-t-il indiqué.
L’expert évalue à 4 g/litre de sels minéraux dont 1,35 de NaCl (chlorure de sodium) à 3 km de la mer dans l’eau souterraine. Des valeurs qui, selon lui, sont six fois supérieures aux normes de potabilité, ajoutant que ces eaux sont néfastes y compris pour l’agriculture.
En août 2023, des milliers de poissons ont péri à l’embouchure de l’oued à cause de la hausse des températures et du taux élevé de la salinité des eaux.
Pour M. Abdeslam, la réalisation d’une digue en terre à hauteur du cordon dunaire longeant le littoral est plus qu’une nécessité afin d’isoler la réserve d’eau douce des submersions marines. Cette solution, a-t-il suggéré, devra être entreprise provisoirement en attendant la réalisation d’études plus approfondies et des aménagements adéquats à même de préserver ce cours d’eau cher aux agriculteurs de la région.
Photo: L’oued Sebaou est considéré comme un des plus grands fleuves du pays
Ramdane Kebbabi
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Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ramdane Kebbabi
Source : elwatan-dz.com du lundi 26 Mai 2025