Algérie

Alger-Moscou : ça gaze !




Alger-Moscou : ça gaze !

Entamé en 2001 avec la signature d’un accord de partenariat stratégique, le rapprochement entre Alger et Moscou se poursuit à grands pas !

Une année après la tenue de la première session, la commission mixte algéro-russe de coopération économique se réunira une deuxième fois, aujourd’hui et demain, à Alger. La réunion sera présidée conjointement par le ministre des Finances Mourad Medelci et le ministre russe du Développement régional Vladimir Yakovlev. «Cette rencontre permettra de dresser le bilan des relations bilatérales depuis la tenue des travaux de la première session qui se sont déroulés à Moscou les 7 et 8 octobre 2005 et d’identifier de nouvelles actions de coopération susceptibles de donner un nouvel essor aux relations bilatérales et d’impulser une nouvelle dynamique à la coopération entre les deux pays», indique un communiqué du ministère des Finances.

Rien n’a filtré sur les dossiers qui seront traités lors de cette réunion qui devrait renforcer davantage l’axe Alger-Moscou. La première réunion de cette influente et importante commission s’est soldée par la conclusion de quatre accords importants portant sur l’annulation de la dette algérienne vis-à-vis de la Russie (4,7 milliards de dollars) contre l’achat par Alger de biens et services russes pour un montant équivalent, la non double imposition, la protection réciproque des investissements et la coopération entre les Chambres de Commerce et d’Industrie des deux pays.

Depuis la signature de cet accord, la coopération économique entre l’Algérie et la Russie s’est accélérée. En mai dernier, une première session du Conseil d’affaires algéro-russe, créé une année plus tôt, s’est tenue à Alger. En août, deux mémorandums d’entente portant sur la coopération bilatérale dans les hydrocarbures, ont été signés entre la compagnie publique algérienne d’hydrocarbures Sonatrach et les deux sociétés pétrolières russes Gazprom et Loukoïl, à l’occasion de la visite à Moscou du ministre de l’Energie et des Mines Chakib Khelil. Cet accord devrait permettre aux deux géants gaziers de coopérer sur le marché du spot et de ne pas se livrer à une concurrence sur le marché européen du gaz. Il est question de la participation de Sonatrach à des investissements en Russie, dans le cadre de la stratégique de la compagnie nationale de se développer à l’internationale. Cet accord permet aux entreprises russes de revenir en force en Algérie et à la Russie de s’assurer du soutien de notre pays dans son «conflit» avec l’Europe sur le gaz. Du coup, l’accord Sonatrach-Gazprom suscite de vives préoccupations en France et en Italie, qui craignent la création d’une «Opep du gaz» et une entente des deux opérateurs sur les prix et les quantités de gaz offertes sur le marché international.

En fait, l’Europe s’inquiète des conséquences du rapprochement entre Alger et Moscou sur la sécurité énergétique. D’autant que cet accord est intervenu après l’épisode douloureux de la crise gazière entre la Russie et l’Ukraine et le recul de la production gazière de la Norvège, troisième grand fournisseur de gaz de l’Europe. La Russie cherche à utiliser l’arme presque parfaite du gaz pour revenir en force sur la scène internationale et récupérer son statut de puissance mondiale qu’elle a perdu avec la chute de l’ex-URSS. A travers son rapprochement avec l’Algérie, la Russie du président Vladimir Poutine veut se redéployer et récupérer son influence en Méditerranée pour peser dans cette région stratégique. Face à l’hégémonie américaine , Moscou tente de se rapprocher du monde musulman et veut profiter des échecs de la politique arabe de Washington. Grâce à la flambée récente des prix du pétrole, la Russie est devenue non seulement un pays riche, mais incontournable pour les approvisionnements en énergie de l’Europe. Comme l’Algérie, la Russie cherche à revenir en force sur la scène internationale et peser dans un monde unipolaire dominé par les Etats-Unis. Pour l’Algérie, l’intérêt d’une relation forte avec la Russie s’explique par la stratégie du président Abdelaziz Bouteflika de renouer des relations fortes avec les grandes puissances. Une stratégie basée sur un redéploiement diplomatique de l’Algérie, qui sort d’une décennie de terrorisme islamiste, et la diversification des partenaires économiques et commerciaux pour ne pas dépendre totalement de la France (22% de parts de marché) et de l’Union européenne (plus de 60% de parts de marché). D’autant que l’Europe, sans politique extérieure commune, ne représente pas vraiment un allié stratégique pour l’Algérie.

En parallèle du rapprochement avec Moscou, Alger développe ses relations politiques et économiques avec Washington et Pékin. Mais pour des raisons historiques, Américains et Européens s’inquiètent sérieusement du rapprochement entre Alger et Moscou et de la présence chinoise en Algérie. D’autant que la Russie et la Chine ont souvent des positions communes sur les dossiers du nucléaire iranien et de la Corée du Nord. Pour des raisons historiques, Européens et Américains se méfient beaucoup de l’axe Alger-Moscou. Le rapprochement algéro-russe a permis à plusieurs sociétés russes de décrocher d’importants marchés en Algérie, notamment dans les hydrocarbures. La compagnie Stroytrawgaz a ainsi participé, en 2005, à la réalisation de l’oléoduc qui relie Haoud el-Hamra (Hassi R’mel) à Arzew. Cette même société a réalisé le gazoduc reliant Sougueur (Tiaret) à la centrale électrique Hadjret Ennous, dans la wilaya de Tipasa. Une autre société russe, Rosneft, a entrepris des travaux de prospection dans le Sud algérien. Les échanges commerciaux algéro-russes ont atteint environ 364 millions de dollars en 2005, en progression de 9,5% par rapport à 2004. Le solde est à l’avantage de la Russie, qui a vendu à l’Algérie pour 361,75 millions USD de marchandises durant l’année précédente. Ce chiffre global est en progression de 9,5% par rapport à 2004. Quant aux investissements russes en Algérie durant l’année 2005, ils s’étaient établis à 50 millions de dollars.


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