Algérie - A la une

Alger enterre le printemps arabe




Alger enterre le printemps arabe
Le printemps arabe a viré au chaos dans certains paysPar le scrutin présidentiel du 17 avril dernier, l'Algérie a annoncé un grand virage politique et social. Dans l'entame de ce virage, les révoltes arabes tombent en victimes collatérales.Spectatrice immuable du vent des révoltes qui a soufflé sur le Monde arabe emportant dans son sillage les régimes de ces pays, Alger nargue les espérances éphémères sachant- d'expérience- que le printemps ne dure que quelques jours. Dans ce tourbillon des «révoltes», elle est restée égale à elle-même. A contre-courant de ces soulèvements, l'Algérie a été leur défaite, la défaite de ces «révolutions». Elle a fait la sienne, il y a 26 ans, un certain 5 octobre 1988, c'est-à-dire une génération plus tôt que les autres pays arabes. Par le scrutin présidentiel du 17 avril dernier, elle vient d'annoncer un grand virage politique et social au sein du Monde arabe. Dans l'entame de ce virage, les révoltes arabes tombent en victimes collatérales. L'Algérie prend le sens inverse d'une histoire imposée plus que proposée pour offrir un cas d'école qui conduit à une spécificité typiquement algérienne: le changement ne se dicte pas nécessairement de l'extérieur quand il s'assume au plan interne. Il n'est pas non plus synonyme de chaos et de lendemains incertains encore moins de statu quo. Ainsi énoncée dans un pays demeuré stable jusqu'à l'arrogance, la sentence achève de fait les révoltes arabes.Le mythes des soulèvements de rue, de stabilisations à portée de clics, font désormais partie du passé. En réalité, l'Algérie a réglé son compte à ce «printemps arabe» déjà le 12 mai 2012 à l'occasion des élections législatives. Alors que ces révolutions étaient à leur summum, l'Algérie prend le risque énorme, c'en était un en 2012, de solliciter l'urne pour renouveler son Parlement. L'opportunité était inespérée au moment où le printemps arabe ne fleurissait qu'en vert. C'était la mode des gouvernements islamistes dans le Monde arabe qui s'est même offert une présidence en Egypte avec l'élection de Mohamed Morsi comme chef de l'Etat. Peine perdue. Non seulement les islamistes n'ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. L'urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance qui fait toujours peur aux Algériens.Le profond traumatisme causé par la terrible guerre civile des années 1990, puis récemment, la confusion totale en Egypte, l'incertitude qui perdure en Tunisie, l'indicible chaos en Libye et la recrudescence du terrorisme au Sahel ont rendu les Algériens prudents et optent pour la stabilité. Une prudence qui tire ses racines de la sagesse populaire millénaire. Mouloud Feraoun raconte dans L'anniversaire, que lorsqu'on a demandé à Si-Mehammed, un chacal kabyle, ce qu'il pensait des saisons, il a été catégorique: deux jours d'hiver, deux ans d'été et l'éternité pour lekhrif. Vous aurez remarqué que le printemps n'a pas sa place chez Si-Mehammed. En hiver, il souffre, il n' y a rien à manger, mais il lui concède quand même deux jours. Il faut bien que l'hiver existe. L'été n'est pas si mal. On moissonne les épis et on en mange. Il mérite donc ses deux ans. Que vienne lekhrif éternel! La saison des figues et que de ce mot, lekhrif, a été tiré le verbe se «régaler». C'est sans doute pendant lekhrif que Si-Mehammed trouve son printemps. Pourquoi voudrait-on qu'un chacal attache de l'importance aux fleurs et au ciel bleu. Il a tort peut-être, mais les faits sont là. Il ignore le printemps et tant qu'il aura faim, il continuera de l'ignorer. C'est cette sagesse qui a inspiré les Algériens à ignorer le printemps...fut-il arabe.Mais, les saisons ne sont pas figées. Sous cette allure d'opulence, la société algérienne demeure très exposée et il n'est pas sûr que les artifices de la rente la prémunissent durablement. Le pays vit d'une richesse fragile puisque 98% du budget et des importations sont financés par la rente pétrolière. L'Algérie ne produit pas suffisamment de lait pour ses enfants, pas de nourriture pour ses citoyens et pas d'industrie pour ses travailleurs. Peut-on s'autosuffire d'une paix sociale subventionnée par le baril' La réponse la plus évidente est «NON» surtout que la fin des révoltes arabes ne signifie nullement l'arrêt des revendications sociales, de liberté et de droits. Bien au contraire, elles prennent des formes plus élaborées, plus insistantes et plus fortes encore.







Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)