Algérie - A la une

Al-Sissi accusé d'avoir "déclaré la guerre" aux journalistes




Régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire réprimant violemment toute opposition depuis qu'il a destitué en 2013 Mohamed Morsi, Abdel Fattah al-Sissi s'est également mis à dos la presse égyptienne.L'arrestation à l'intérieur même du siège du syndicat des journalistes égyptiens de deux d'entre eux par la police a soulevé le tollé de la corporation, qui dénonce à travers cette organisation un "recul" de la liberté de la presse dans le pays et accuse le pouvoir d'être en "guerre contre le journalisme". Les reporters Amro Badr et Mahmoud Saqqa, qui travaillent pour le site d'information yanair.net, critique du président al-Sissi, ont été placés en détention provisoire pour 15 jours. Ils sont accusés d'avoir incité à manifester et appelé au rassemblement et à la chute du régime. Réagissant à cette situation, le premier responsable du syndicat des journalistes égyptiens, Yehya Kallache, a déclaré lors d'une conférence de presse : "Nous marquons cette année la Journée mondiale de la liberté de la presse alors que l'Egypte est en recul dans tous les classements internationaux." Faisant référence à l'arrestation des deux reporters, il a martelé : "Au lieu de voir le gouvernement prendre des mesures concrètes pour sortir de cette situation, nous avons été surpris de constater une escalade de la guerre contre le journalisme et les journalistes." Dans la foulée, il a également dénoncé les perquisitions sans précédent dans les locaux des sites d'information, ainsi qu'une pratique de la censure avant la publication. Yehya Kallache, qui s'exprimait devant quelque 200 journalistes au siège du syndicat, a révélé à l'occasion que "29 journalistes étaient actuellement derrière les barreaux, certains en détention provisoire depuis près de trois ans". Il a été interrompu à plusieurs reprises par des slogans hostiles à la police qui filtrait l'accès du bâtiment : "Le ministère de l'Intérieur, ce sont des voyous." Dans un communiqué publié mardi soir, le bureau du procureur général a indiqué "avoir décidé d'imposer un black-out sur cette affaire, car elle contient des accusations relatives à la sécurité du pays". Il a ajouté que "l'enquête montre qu'ils s'étaient mis d'accord avec le président de leur syndicat pour se réfugier au siège du syndicat et que le président leur avait promis de mener une médiation avec les autorités pour faire annuler la décision de leur arrestation. Si ces informations s'avèrent vraies, cela constituerait un crime sanctionné par le code pénal", ajoute la même source, qui avertit que "l'accord du président du syndicat concernant le sit-in (...) constitue également un crime passible de sanctions pénales". Le bureau du procureur général a par ailleurs démenti les accusations portées contre lui par le syndicat qui affirme que la perquisition au syndicat ne s'est pas faite dans les règles. Les abus policiers avaient été l'un des facteurs ayant déclenché la révolte populaire de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, mais ces pratiques sont redevenues monnaie courante.Merzak Tigrine




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