Sous l'intitulé, Hocine Aït Ahmed répond à Hassanaine Haikel, la chaîne de télévision franco-marocaine Medi 1 SAT a consacré, hier, une émission sur le détournement, par les autorités françaises, de l'avion qui transportait cinq des chefs historiques de la Révolution algérienne, le 22 octobre 1956 de Rabat à Tunis. L'émission réalisée à partir de l'Institut du Monde arabe comme l'indique son intitulé est la réponse du leader du FFS qui était parmi les cinq historiques qui se trouvaient dans l'avion arraisonné, aux accusations formulées par le journaliste vedette égyptien Hassanaine Haikel contre Hassan II. Ce dernier, selon Haikel, aurait été le complice des services français dans le détournement le 22 octobre 1956 de l'avion marocain, transportant les cinq chefs historiques de la Révolution algérienne. « L'histoire vous rattrape, M. Aït Ahmed, vous êtes au centre d'une polémique », interpellait l'animatrice de l'émission son invité tout en enchaînant «Haikel a réécrit l'histoire». Hocine Aït Ahmed répondra quand il prit connaissance des accusations contre le prince héritier du Maroc, «en tant qu'Algérien, je suis habitué à ces mensonges ridicules et excentriques, dont la seule fonction est de travestir les réalités ». Et d'ajouter que l'essentiel pour lui, c'est que les peuples du Maghreb prennent connaissance de la vérité. Interrogé sur le motif de leur déplacement à Tunis, Aït Ahmed dira qu'il devait assister lui et ses compagnons à une conférence maghrébine. Une conférence dont l'objectif était d'associer la Tunisie et le Maroc à d'éventuelles négociations avec la France sur le statut futur de l'Algérie. « Fini le tête-à-tête avec Paris. Il fallait modifier l'équation politique » dira-t-il. L'animatrice, évoquant l'accusation de l'ancien patron du journal Al Ahram contre le Roi Hassan II, invitera Aït Ahmed à donner sa version des faits. « Le roi Mohamed V devait nous prendre dans son avion, et c'est moi qui ai suggéré au prince héritier, le changement d'appareil » a-t-il affirmé, en précisant avoir fait état à Hassan II de ses «craintes» de faire «prendre des risques» au roi Mohammed V en le faisant voyager dans le même avion que les dirigeants algériens, poursuivis par les services français. Il balayera toute complicité du futur roi du Maroc en disant que « Le SDEC était sur place, il était à Tunis et au Caire. Il était exclu qu'il eut une complicité ». Rappelons que le leader du Front des forces socialistes était en compagnie de quatre autres dirigeants de la Révolution algérienne à savoir Ben Bella, Boudiaf, Khider et Lacheraf qui étaient à bord de l'avion DC-3 marocain arraisonné par l'armée française, alors qu'il survolait l'Algérie en se rendant de Rabat à Tunis où ils devaient assister à une conférence maghrébine. Hocine Aït Ahmed a confirmé ainsi que toute la responsabilité « incombait au SDEC». «Ne parlons pas de la France, mais de l'armée qui voulait en finir avec les dirigeants de l'extérieur », dira Aït Ahmed quand il a été invité à confirmer l'implication toute entière de la France dans le détournement. Selon le leader du FFS, la stratégie de l'armée française était d'empêcher à tout prix la tenue de la conférence maghrébine parce qu'elle pouvait avoir des conséquences autres que ce que désirait cette armée. Interrogé sur les réactions de la communauté internationale à la suite du détournement de l'avion, l'invité de l'émission parlera d'une réaction impressionnante pour dire ensuite que la réaction du roi du Maroc a été très ferme. Il acquiescera quand l'animatrice rappela que Mohamed V avait proposé aux Français d'échanger son fils contre les cinq leaders algériens. L'animatrice jalonnait son émission de morceaux choisis de séquences où intervenaient des acteurs français de la guerre d'Algérie, pour abonder dans le sens d'une implication entière de la France dans le détournement de l'avion. En ce sens, a été montrée une émission tournée en 1982, où Hocine Aït Ahmed affirmait déjà qu'il n'y avait pas eu de complicité du futur roi avec le SDEC dans le détournement. Revenant aux objectifs de la conférence maghrébine de Tunis à laquelle il devait assister avec ses quatre compagnons, Aït Ahmed a affirmé que l'indépendance de l'Algérie était devenue une affaire maghrébine. En soulignant que le rapport de force avait changé. Devant des séquences montrant la journaliste Eve Paris Deschamps à laquelle il avait confié des documents juste après son arrestation par les autorités françaises, Aït Ahmed abondera dans le même sens que cette dernière. Il confirma avoir donné un document de la révolution sur le Congrès de la Soummam et un autre sur un navire d'armes qu'il devait ramener des Etats-Unis vers le Maroc avec le consentement de Mohamed V. Ce qui lui permit de parler de la révolution qui devait concerner non seulement l'Algérie mais tout le Maghreb.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 27/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Salah Boureni
Source : www.lequotidien-oran.com