Algérie - Revue de Presse

Aïn Témouchent Malaise de la jeunesse en débat


Pas moins de trois cents stagiaires de l'Institut national de la formation et de l'enseignement professionnels ont pris part hier aux débats ayant pour thème : «Malaise de la jeunesse», un thème précédé par un documentaire réalisé par la Fondation algérienne des droits de l'enfant et de l'adolescent, une ONG que préside le Docteur Dib Nacer. Faisant parler directement des jeunes, pour la plupart issus des quartiers de la capitale algérienne, le documentaire s'est intéressé à la vie quotidienne des jeunes enrôlés par le spectre phénoménal de la drogue et pris par les mâchoires de l'étau que forment les réseaux de propagande des stupéfiants qui ont brillé par leur efficacité et leur résistance aux moyens de lutte et de dissuasion mis en branle par les forces de l'ordre. Comment les enfants et les adolescents sont appâtés par les réseaux de trafiquants de drogue ? Quels sont les moyens utilisés pour les persuader ? Et quelles sont les catégories de jeunes les plus ciblées ? Sont-elles issues uniquement des couches démunies ? Le documentaire a apporté quelques réponses à ces questions bien mises en évidence par le conférencier en l'occurrence Monsieur Dib Nacer. C'est tout un enchevêtrement de paramètres socioprofessionnels et de facteurs familiaux qui sont venus, à la longue, s'imbriquer les uns aux autres et devenus par la suite un phénomène social assez complexe. La démission des parents qui laissent la rue faire à leur place la mauvaise éducation, la faiblesse des programmes de l'Education nationale et du mouvement associatif, le chômage montant crescendo, la délinquance, la marginalisation, la bureaucratie sont des lots de problèmes énumérés par ceux qui ont été interrogés. Les constructions abandonnées, comparées à des titanics par le conférencier, constituent des lieux de rencontre des jeunes devenus toxicomanes. Ce milieu appelle les psychotropes «Madame courage», «La bleue», «la rouge», c'est tout un vocabulaire propre à eux. «La préparation des jeunes commence par une rencontre, puis se développe en fréquentation et ensuite une tentation de goutter ou de fumer un tube et ça finit par la consommation» explique l'orateur aux jeunes qui suivaient attentivement le fil de son raisonnement. Revenant à Aïn Témouchent transformée en peu de temps en une zone de transit aussi bien pour les réseaux de trafiquants et de contrebande que pour les réseaux de l'émigration clandestine, l'orateur a mis en exergue le grand travail que mènent les barons pour intégrer dans leurs rangs de nouvelles recrues. Au début, ces dernières sont embauchées comme transporteurs de marchandises de Zouia (Tlemcen) à Oran, moyennant des sommes d'argent équivalentes à trois ou quatre fois le salaire d'un fonctionnaire moyen. Ensuite, une fois bien introduites, les recrues sont utilisées en éclaireurs pour les transporteurs de stupéfiants. C'est une véritable opération de formatage d'esprits qui se concrétise à la longue. L'orateur a été gêné par une question d'un jeune lui demandant de ne pas se contenter de diagnostiquer et faire des constats mais apporter les solutions alternatives. Des applaudissements fusaient de tous les coins dans la salle, un fait qui n'a pas plu au conférencier. Un autre stagiaire a expliqué que le manque de justice sociale et d'équité est l'une des causes essentielles ayant favorisé le dérapage des jeunes. Un autre encore s'est levé dans la salle pour signifier au conférencier son malaise et son désappointement à l'égard des responsables. «Ça fait 10 ans que je travaille dans le filet social et beaucoup d'autres sont venus après moi et occupent maintenant des postes stables. Le malaise qui taraude les jeunes est plus profond que l'on pense, il nécessite des solutions radicales et non du rafistolage par-ci par-là. Et toute la société est interpellée.
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